Matth. 5. 17 à 37 / Rom. 8. 1 et 2 / Jacqu. 2. 10 à 12

« Vous avez appris… Eh bien ! Moi je vous dis… »

Ces paroles de l’évangile du jour nous invitent à méditer ce matin sur des questions essentielles, concrètes, que Jésus aborde dans ce que l’on appelle le sermon sur la montagne. Ces questions nous rappellent que toute vie relationnelle, familiale, ecclésiale, sociale comporte ses lois, ses codes, des droits et des devoirs. Pas de vie viable sans loi ! L’anarchie n’est qu’un leurre qui conduit tout droit au chaos. Mais qui dit lois, règles, dit nécessairement contraintes, respect, obéissance, consensus, mais aussi conflit, révolte, contestation, dérogation… Pas simple de faire des lois ! Des lois qui conviennent à tous ! Tous les gouvernements démocratiques en font l’expérience régulièrement. Et les dictatures avec leurs lois arbitraires ne sont guère enviables. La vie chrétienne n’échappe pas à la règle, que ce soit dans sa dimension personnelle, intérieure, que ce soit dans sa relation avec Dieu et au monde. Jésus n’est pas venu abolir la loi ou les prophètes, mais pour accomplir. En quoi sommes-nous concernés avec ces paroles ce matin ?

1°) « Je ne suis pas venu abolir, mais accomplir… »

Jésus est venu en ce monde pour accomplir la loi de son temps et de sa culture. Il l’a accompli en ce sens qu’il a vécu sans faute, sans péché ; parce que même lorsqu’il s’est mis en colère (très peu), ou a traité durement certains opposants, c’était toujours pour le bien, pour leur bien, pour leur salut éternel. Il a accompli les prophéties, en donnant sa vie pour nous sauver. Il a parfaitement accompli les prophéties en prenant sur lui la condamnation que méritait les fautes de tous, nos fautes, nos péchés, pour libérer tous ceux qui croient de la juste condamnation à mort de leur fautes. « Le salaire du péché c’est la mort, mais le don gratuit de Dieu c’est la vie éternelle en Jésus Christ notre Seigneur » (Rom. 6. 23). Ainsi tous ceux qui croient sont libéré de la condamnation de la loi, pour vivre une vie nouvelle selon une loi nouvelle, « la loi de l’Esprit qui donne la vie en Jésus Christ » (Rom. 8. 2), « loi de liberté » (Jacq. 2. 12). En Jésus, je suis libre de toute condamnation de la loi, mais pas sans loi. Je suis libre de vivre selon une nouvelle loi, celle de la grâce, de l’amour ; libre de bien faire et de faire bien ; libre d’obéir à cette loi nouvelle en Christ. Libre, non pas de vivre comme je veux, selon mes désirs, mes pensées, les passions de mon corps, mais libre de vivre désormais selon les désirs de Dieu, ses pensées, sa Parole. Concrètement que nous dit-elle ?

2°) « Vous avez appris… Eh bien ! Moi je vous dis… »

Dans le texte du sermon sur la montagne, Jésus précise ce qu’il en est. Il passe en revu quelques situations qu’il introduira par « Vous avez appris… Eh bien ! Moi je vous dis… ». Que l’on pourrait paraphraser par : « Vous pensez cela… Eh bien, moi je pense que… ».

La loi dit « Tu ne tueras point… ». Vous pensez que ce n’est pas bien de tuer quelqu’un… Eh bien, moi je vous dis… Oui ce n’est pas bien de tuer, comme ce n’est pas bien de mépriser l’autre, de l’insulter, de l’humilier, de le traiter de fou… Comme ce n’est pas bien de garder des conflits, des rancœurs, d’entretenir de mauvaises relations avec autrui… De plus, ça pose un problème lorsque tu viens prier, ça « coince ». « Laisse là ton offrande… va d’abord te réconcilier avec ton frère… ».

La loi dit « Tu ne commettras pas d’adultère… ». Vous pensez que ce n’est pas bien d’être adultère, de tromper son conjoint… Oui, ce n’est pas bien, comme ce n’est pas bien de regarder une femme avec convoitise, (ou pour les femmes, un homme avec convoitise). La loi de l’esprit de vie, la loi de la liberté en Jésus Christ, va bien plus loin. Si les actes sont répréhensibles, les pensées ne le sont pas moins.

La loi vous permet de renvoyer votre femme, de divorcer… Vous pensez que vous avez le droit… ? Ok, dit Jésus, à la limite, et seulement s’il y a infidélité. Mais normalement non, le mariage entre un homme et une femme est un engagement à vie. Quant au remariage, les interprétations divergent. Certaines églises le refusent, d’autres, comme notre église, l’acceptent avec prudence et au cas par cas.

La loi interdit le parjure et exige de tenir ses promesses envers Dieu. Mais moi je vous dis de ne jamais jurer sur tes engagements envers Dieu, car de toute façon, tu n’as pas de pouvoir absolu sur l’avenir. Tu ne sais pas ce qui sera demain. Contentez-vous de dire oui ou non simplement.

Et puis, les textes continuent dans le même registre pour d’autres questions que chacun peut méditer.

3°) « Moi, je vous dis… »

Dans le sermon sur la montagne, Jésus, tout en respectant la loi de son temps, encourage ses auditeurs, nous encourage à aller plus loin, au-delà des mots de la loi de Moïse. Tout en démontrant l’impossibilité pour l’homme de l’accomplir parfaitement, il en donne une interprétation nouvelle. Il affirme qu’elle ne peut sauver, le salut ne peut être qu’une grâce de Dieu offerte à tous, accompli par le sacrifice du Christ à la croix. A tous ceux qui croient, il les invite à suivre désormais la loi parfaite, la loi de liberté en Jésus. Une loi qui juge jusque dans le cœur, dans les intentions, dans ce qui est caché aux yeux des hommes. Mais une loi de grâce, d’amour et de pardon. Au lieu d’une loi qui juge et qui condamne les contrevenants, la loi de l’esprit de vie en Jésus, juge et pardonne ceux qui se repentent de leurs fautes, de leurs péchés. C’est cette loi que le Seigneur nous invite à suivre, à respecter, à obéir. Une loi qui libère de toute culpabilité celle ou celui qui reconnait ses fautes, demande pardon et reste vigilant, persévérant.

Conclusion

« Vous avez appris… Eh bien ! Moi je vous dis… »

Plus qu’un reproche, qu’un jugement, qu’une condamnation, ces paroles de Jésus sont une bonne nouvelle. Elles indiquent la volonté de Dieu, dans des domaines très pratiques, concrets. Une nouvelle façon de lire et comprendre la loi ancienne. En Christ, nous avons une loi de liberté, liberté de vivre bien, de faire bien, de faire du bien. Une loi qui libère et qui encourage une nouvelle façon de vivre. Une loi qui intègre la grâce, le pardon, la restauration. Que Dieu nous aide à vivre dans la paix avec tous, la pureté morale, la confiance en l’avenir. Et s’il nous arrive de défaillir, demandons le pardon à celui qui ne se lasse de pardonner en Jésus Christ.

Pasteur Joël Mikaélian

12/02/2023