Lectures : Es 55. 9 et 10 / Matth 11. 25 à 30

« Venez à moi, vous tous… »

Il est des paroles qui font du bien, qui construisent, qui édifient, d’autres qui font du mal, qui détruisent. Nous en connaissons tous. Et nous avons fait certainement l’expérience des unes et des autres. Nous avons reçu parfois des paroles encourageantes, des remarques même constructives ; et parfois des paroles blessantes, mensongères, méchantes. C’est dire le pouvoir des mots et toute la prudence avec laquelle nous devons les dires. D’où les nombreux conseils de la Parole de Dieu à ce sujet : « Que tout homme soit prompt à écouter, lent à parler… » (Jac. 1. 19). « Celui qui veille sur sa bouche garde son âme » (Prov. 13. 3). De même que : « Exhortez-vous réciproquement, et édifiez-vous les uns les autres… » (1 Thess. 5. 11). Mais les mots ont parfois plusieurs sens, ce qui complique l’exercice. « Soyez bon ! ». Disait le premier ministre sortant à son successeur cette semaine. Que voulait-il dire par là ? Pensait-il à la bonté ou à la compétence ? Difficile à dire ! Notre prière est qu’il puisse conjuguer les deux (bonté et compétence). Et Dieu dans tout cela, que pense-t-il ? Que nous dit-il  ce matin ? Quelle est la nature de sa parole ? Que peut-elle nous apporter ?

1°) « Comme descend la pluie ou la neige… »

Dans le texte d’Esaïe 55, le Seigneur compare sa Parole à de la pluie, ou de la neige, qui descend et féconde la terre. Quelle belle image de la force, de la puissance de la Parole de Dieu ! La Parole de Dieu est Parole créatrice, Parole qui construit, qui édifie, qui encourage, qui reprend, qui interpelle, qui pardonne ; Parole qui éclaire, qui sonde, qui révèle la vérité sur toute chose. Elle est, Vérité sur le monde, sur sa création, sur son devenir ; Vérité sur nous-même, sur notre péché, et la grâce du salut, du pardon en Jésus Christ. Elle nous révèle la Vérité sur le monde à venir. Elle nourrit notre foi, notre connaissance de Dieu, de nous-même, des autres. La Bible est une source inépuisable de paroles édifiantes et bienfaisantes pour celui qui la médite sérieusement, avec un cœur ouvert à l’Esprit Saint qui agit à travers elle. Elle est comme cette pluie qui descend et qui apporte la vie à la terre, qui fait germer, qui nourrit. Elle ne retourne jamais à lui sans avoir accompli sa volonté. Elle apporte la vie à ceux qui l’acceptent, la mort à ceux qui la méprisent ou la rejettent. Elle sauve celui qui croit, comme elle condamne celui qui refuse de croire. Que notre lecture soit toujours « croyante », sincère et « confiante ». Bénissons Dieu pour cette parole. Ayons toujours soif de la lire, de l’entendre, de la méditer avec un cœur ouvert. Elle aura toujours un effet bénéfique.

2°) « Venez à moi, vous tous… »

C’est l’invitation de Jésus à tous ceux qui sont fatigués, chargés, découragés… Ce qui est le cas de beaucoup de nos contemporains aujourd’hui, victimes de la maladie, de la crise sanitaire, économique, sociale, internationale. Cet appel nous invite tout d’abord à aller vers le Christ, à être proches de lui. En ces temps de distanciation physique, crise sanitaire oblige, où la peur nous empêche de nous réunir, de nous approcher les uns des autres, veillons à ce que cette peur ne nous éloigne pas aussi de Dieu, et les uns des autres. Il est si facile de prendre des distances ; distances de l’église, de la communion fraternelle ; distance qui peut très vite devenir distance de Dieu sans que l’on s’en aperçoive ! Certes, chacun peut vivre une proximité spirituelle avec Dieu, mais la vivons-nous vraiment ?

« Venez à moi… » Le Seigneur nous invite ensuite à nous approcher de lui pour trouver le repos. En quoi consiste ce repos ? Ce repos vient de son amour, de sa bonté, de son pardon. On peut être fatigué et chargé par les soucis de la vie. On peut être chargé aussi de nos péchés, de notre culpabilité, consciemment ou inconsciemment. C’est auprès de lui que l’on reçoit, forces, courage, persévérance, pardon, libération. C’est sa promesse. À nous de recevoir ces promesses de repos avec foi, comme la pluie, comme une parole bienfaisante qui édifie, qui construit, qui guérit, qui restaure… « Le Seigneur est bienveillant et miséricordieux, lent à la colère et d’une grande fidélité. Le Seigneur est bon pour tous, plein de tendresse pour ses œuvres » (Ps 145. 8). Restons proches de Lui.

3°) « Prenez sur vous mon joug et mettez-vous à mon école… »

Autre invitation du Seigneur ce matin. L’image du joug évoque cette une lourde pièce de bois dont on se servait pour atteler les bœufs et les diriger. C’est, paradoxalement, l’image de la contrainte, de l’asservissement que Jésus utilise pour parler de Lui. Image qu’il va totalement transformer pour marquer la différence entre Lui et le monde. En quoi le joug du Seigneur est-il différent ?

– C’est tout d’abord à nous à prendre ce joug. Il ne nous est pas imposé, comme Jésus ne s’est jamais imposé et comme il ne le fera jamais. La relation qu’il souhaite avoir avec nous est une relation de liberté et d’amour. De plus son joug est doux, à l’inverse des jougs de ce monde. Parce qu’il est un maître doux et humble de cœur. Il n’est pas un despote exigeant et intransigeant. Il est rempli d’amour, de compréhension, de pardon. Il relève sans cesse celui qui tombe, ou celui qui a failli. Il restaure celui qui est blessé…

– Ensuite ce fardeau (différent du nôtre) qui représente les vertus de la vie chrétienne, est léger à porter. Parce que, d’une part, il nous a donné l’Esprit Saint pour le vivre et le développer. D’autre part, parce qu’il représente des choses bonnes, bienfaisantes pour tous. Contrairement au joug et au fardeau de ce monde qui fonctionne sur le principe de la compétitivité, qui impose des jougs écrasants (de la réussite, de la culture du résultat), et des fardeaux lourds à porter.

Ce matin, le Seigneur nous invite à prendre ce joug, et à nous mettre à son école, c’est-à-dire à apprendre de lui. À l’accepter comme maître de nos vies et à apprendre à être comme lui, doux et humble de cœur. Apprendre à parler comme lui, à dire toute vérité avec amour. Apprendre à dire des paroles édifiantes, encourageantes, constructives. Le Seigneur nous invite à utiliser les dons qu’il nous a donnés pour l’édification de son église et pour le bien de tous.

Entrons et marchons dans cette voie, nous trouverons du repos, de la joie, du pardon toujours. C’est en recevant ces paroles, en les pratiquants, qu’elles deviennent alors pour nous, comme cette pluie qui vient et qui féconde la terre. Qui fait germer cette semence d’amour et devient utile pour tous. C’est en recevant ces paroles, en les pratiquant, que nous devenons des « co-bâtisseurs » de l’église et d’un monde meilleur.

Conclusion

« Venez à moi, vous tous… »

Loin d’être une invitation à ne rien faire, cette parole nous invite à nous approcher de Dieu, à rester proche de lui, pour recevoir la paix, le pardon, l’amour dont nous avons besoin ; mais elle nous invite aussi à prendre son joug, un joug qui n’écrase pas, comme les jougs de ce monde, et à apprendre du Christ, la douceur et l’humilité. N’hésitons pas.

Pasteur Joël Mikaélian – 05/07/2020