Luc 15. 11 à 32

« Un homme avait deux fils… »

Le texte de l’évangile nous invite ce matin à méditer sur une parabole aux multiples visages. On pourrait l’appeler la parabole du Père, ou la parabole de la famille, la parabole du fils perdu, ou celle du fils aîné… C’est une parabole qui s’adresse à tous. En ces temps troublées où nous continuons à vivre au rythme de la guerre en Ukraine, de la crise sanitaire, de la crise en Artsakh, cette parabole peut nous éclairer aussi sur tous ces événements dramatiques que nous vivons aujourd’hui. Elle nous rappelle qu’en toutes choses, il y a ce que l’on voit et l’on entend et Dieu qui nous rappelle les véritables enjeux de cette vie. Quels sont ces messages essentiels que cette parabole, propre à l’évangile de Luc, nous adressent ce matin ?

1°) « Un homme avait deux fils… »

C’est d’abord l’histoire de Dieu, Dieu comme un père extraordinaire, un père étonnant, un père surprenant. Un Père qui aime ses enfants quelles que soient les situations dans lesquelles ils se trouvent. Proches ou éloignés, sage ou du style plutôt fêtard, flambeur. C’est un Père qui est là présent, toujours disponible, prêt à accueillir, à parler, à expliquer, à pardonner, à comprendre… C’est un Père ouvert, qui ne fait aucune pression pour s’imposer ou imposer sa façon de voir. Il est prêt à tout, jamais dépassé par les situations, il est l’amour même, l’amour parfait : « il excuse tout, il croit tout, il espère tout, il endure tout ». (Cor 13) L’amour de Dieu est encore au-delà de cette définition. La parabole nous présente Dieu comme un Père extraordinaire. Et même si d’autres textes bibliques le présentent comme un Père qui éduque, qui corrige, c’est toujours avec amour qu’il le fait et par amour qu’il le fait.

2°) « Le plus jeune dit à son père… »

Le plus jeune ! Ah les jeunes ! Toujours en quête de liberté ! Ils veulent découvrir la vie, s’émanciper de la tutelle des parents. Qui n’a pas été jeune ? Le jeune fils de la parabole représente l’enfant qui veut prendre sa liberté par rapport à son père. Il représente tous ceux qui rejettent Dieu, le Christ, le message de l’évangile. Qui rejettent la grâce, le salut, la vie éternelle. Ils n’ont que faire de cela. Dans leur vie, tout peut très bien se passer. Ils peuvent vivre de belles réussites. Ils peuvent s’éclater, profiter de la vie, se réjouir, jusqu’au jour où… Les choses tournent mal. Des échecs, des crises, comme notre monde en connaît et peut en connaître encore. Et là, tout se complique, on se retrouve dans des impasses ; impasses salutaires si elles font réfléchir et ramènent vers Dieu. « Père, j’ai péché… » Tout change et tout peut changer à partir de là. C’est la grâce. La parabole nous montre clairement que le Père n’attend que ça !

Le plus jeune c’est aussi ce monde qui rejette Dieu ; qui rejette sa Parole, les valeurs de l’Evangile. C’est ce monde qui tourne le dos à son créateur, qui remplace ses lois par d’autres lois sociales et sociétales ; qui veut explorer de nouvelles voies, de nouveaux modes de vie. Là encore, tout peut aller très bien. On peut avoir l’illusion de vivre librement, de mieux profiter de la vie. Le monde et ceux qui le dirigent peuvent avoir l’impression qu’ils ont pris la bonne direction, comme le jeune fils de la parabole. Le progrès, les nouvelles technologies, la science, tout semble aller bien jusqu’à… la crise !

On peut dire que ce qui se passe dans le monde aujourd’hui est le reflet de la vie du jeune fils de la parabole qui veut vivre comme il l’entend. Les impasses que nous connaissons dans les domaines internationaux, économiques, écologiques, sanitaires, sociaux ne sont que des conséquences du rejet de Dieu. Et malheureusement, à la différence du jeune fils, la plupart des victimes de ces crises, ne sont pas directement responsables de ce qu’il leur arrive.

Peut-on espérer un retour général vers Dieu ? Retour qui seul pourrait changer le cours de l’histoire ? Ce devrait être la prière de l’Eglise, sa mission, sa vocation. C’est ce que le Père attend chaque jour. Il est toujours là, prêt à accueillir, prêt à se réjouir même pour un seul pécheur qui se repent, même pour une seule personne qui revient à lui. Il est prêt à accueillir quiconque vient vers lui avec cet aveu : « Père, j’ai péché… ». Il est toujours prêt à pardonner, à restaurer, à relever. Parce que sur la croix, Jésus a cloué l’acte de condamnation, il a pris sur lui toutes nos fautes, celles du monde entier.

3°) « Son fils aîné était au champ… »

Venons-en au fils aîné, souvent ignoré alors qu’il fait pleinement partie du message de la parabole. Pour certains il représente Israël, ou les bien-pensants. Quoiqu’il en soit, il représente surtout ici les scribes et les pharisiens qui, du temps de Jésus, l’accusait de faire bon accueil aux pécheurs. Il ne faut pas oublier que c’est pour répondre à leurs critiques que Jésus a raconté cette parabole. (Luc 15. 2). On a là alors un magnifique tableau de l’amour du Père. Celui-ci ne va pas réprimander le fils sage qui devient à son tour rebelle, jaloux. Au contraire, il va vers lui pour le prier d’entrer et de se réjouir du retour de son frère. Il lui rappelle que tout est à lui, et que lui aussi doit entrer et vivre une relation filiale avec le Père. C’est comme s’il disait aux pharisiens et aux scribes qui s’indignaient de ce qu’il accueillait les pécheurs : réjouissez-vous au lieu de râler ! Et vous aussi croyez et accueillez le salut de Dieu.

Mais le fils aîné, ça peut être aussi nous qui sommes sauvés en Christ, pas toujours conscient d’être un enfant du Père. Pas toujours conscient que Dieu est un Père plein d’amour. Pas toujours conscient de la joie du salut ; qu’en Jésus, nous avons tout. Et que nous devrions nous réjouir chaque fois qu’une nouvelle personne se tourne vers Dieu ou revient vers Dieu.

Conclusion :

« Un homme avait deux fils… »

Dieu est amour, un Père merveilleux en Jésus Christ. Il veut être le Père de chacun, de tous.

Si tu es loin de lui, ou si tu t’es éloigné de lui, revient vers lui. Il accueille, ne tient pas compte de nos égarements, si nous revenons à lui de tout notre cœur. « Père, j’ai péché… »

Prions pour ce monde qui rejette Dieu. Réjouissons-nous chaque fois que quelqu’un se tourne vers Dieu et trouve ou retrouve la vie.

« Réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans les cieux » (Luc 10. 20). « Il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se repent » (Luc 15. 10).

Pasteur Joël Mikaélian

27/03/2022