Lecture : 1 Samuel 16

« Tant qu’il fait jour… »

Culte église Issy-les-Moulineaux

Les textes bibliques de ce jour nous parlent de regards, de façon de voir les choses. Ils nous parlent d’aveugle, de péché, de lumière et avouons-le de pas mal de confusion. Cette semaine, le Président de la République a dû prendre une décision difficile. Après avoir réfléchi, consulté bon nombres de spécialistes, il a finalement opté, sans le nommer, pour un confinement de la population. Depuis, chacun tente de vivre, de respecter tant bien que mal, les directives confuses parfois. Entre « Restez chez vous » des uns et « Allez travailler » des autres, difficile pour certains de s’y retrouver ! Sans parler de ceux qui profitent de la confusion pour braver les interdits ! On le voit, il n’est pas simple de prendre des décisions au niveau d’un pays. L’Eglise quant à elle respecte les directives, prie et cherche de nouvelles façons de « faire église » autrement. Dans notre vie personnelle, familiale, ecclésiale ou sociale, il n’est pas simple non plus d’y voir clair parfois, surtout en temps de crise. Et il est important de nous mettre sans cesse à l’écoute de Dieu afin d’y voir clair. C’est ce que je vous invite à faire ce matin à partir des textes bibliques que nous avons lus. Quel regard porter sur nous-même, sur les autres, sur les événements, sur la crise que nous traversons ?

1°) « Il ne s’agit pas ici de ce que voient les hommes… »

Tout d’abord, le texte de 1 Samuel 16 nous met en présence d’une situation de crise politique. Dieu a rejeté le roi Saül à cause de sa désobéissance. Et il charge le prophète Samuel de désigner un nouveau roi pour le peuple d’Israël. Il l’envoie chez un certain Jessé qui a huit fils. Et alors qu’il commence à examiner le premier candidat, Dieu lui rappelle une vérité importante. « Les hommes voient ce qui leur saute aux yeux, mais le Seigneur voit le cœur ». Ainsi, après avoir vu les sept premiers candidats, qui ne conviendront pas, il faudra aller chercher le plus jeune, David qui, contre toute attente, sera celui qui conviendra à Dieu. Dieu ne regarde pas aux apparences, aux dons et capacités des hommes. Il regarde au cœur. Dieu ne regarde pas aux apparences des choses, il regarde au-delà. Il ne regarde pas aux apparences des hommes, il regarde leurs cœurs.

Première chose pour y voir clair, acceptons cette vérité. A savoir que notre vision naturelle n’est pas celle de Dieu. Qu’elle est faussée par notre humanité. Ce que l’on voit, n’est pas ce que Dieu voit. Ce que l’on voit, ou que l’on nous oblige à voir, à grand renfort médiatique, n’est pas toujours ce que Dieu voit ; n’est pas toujours la réalité. Nous savons tous que « les apparences sont trompeuses », mais combien la tentation est grande de regarder à ce qui saute aux yeux ! Et ce, dans tous les domaines ! Ne nous fions pas aux apparences, en bien comme en mal. Apprenons à regarder au-delà des apparences. Méditons la Parole, prions, écoutons ce que dit Dieu. Pour exemple, là où les hommes ne voyaient qu’un jeune berger fragile, Dieu voyait un grand roi, homme selon son cœur, malgré ses erreurs !

2°) Rabbi, qui a péché pour qu’il soit né aveugle… ? »

Le texte de l’évangile nous met en présence d’une autre crise. Un homme, aveugle de naissance, subit en quelque sorte, une « crise sanitaire, sociale et économique » personnelle. Son état de santé le contraint à l’exclusion et à la mendicité. Là encore, le contraste entre le regard humain et le regard divin est saisissant. Les disciples voient un mendiant, un cas d’école pour alimenter leur réflexion. « Qui a péché… lui, ses parents… ? ». A qui la faute ? C’est le seul regard que les disciples sont capables de porter sur cet homme. A aucun moment, ils ne vont demander à Jésus de faire quelque chose pour lui ! Non, ce qui importe pour eux, c’est de savoir pourquoi il est comme ça. Ils pensent, comme malheureusement certains aujourd’hui, qu’il y a toujours un lien de causalité entre péché et maladie. Donc qui est coupable ici ? C’est comme lorsque nous cherchons des explications aux situations, aux événements. Pourquoi le Corona virus ? Qui est coupable ? Est-ce une punition de Dieu ? Une attaque du malin ? A qui la faute ? Aux autorités, à ceux qui ne respectent pas les mesures de confinement ? Et chacun de désigner un coupable pour se justifier, faire porter la faute à l’autre !

Quelle est la réponse de Jésus ? Comment voit-il les choses ?

« Ni lui, ni ses parents… ». Jésus rejette d’emblée le lien de causalité entre péché et maladie. Il pourrait tout à fait répondre de la même façon à beaucoup de nos questions aujourd’hui : «  Ni l’un, ni l’autre » ! Et Jésus poursuit : « Mais c’est pour que les œuvres de Dieu se manifestent en lui ! ». Avouons que cette seconde partie de la réponse reste énigmatique ! Même si l’on considère le miracle qui va suivre. Elle peut vouloir dire pour nous, et pour toutes les situations de crise que nous vivons, que tout a un sens, même si ce sens nous échappe aujourd’hui.

Ensuite, alors que les disciples se questionnent sur les causes de la maladie de l’aveugle, Jésus lui, voit tout à fait autre chose. Il voit un homme en souffrance. Il regarde au cœur de l’humain. Il voit un être créé par Dieu, aimé de Dieu, mais perdu, malheureux. Et sans expliquer réellement pourquoi il en est là, il va se pencher sur lui et le guérir, physiquement, psychologiquement et spirituellement. La suite du texte nous montre un homme guérit physiquement, qui n’hésite pas à tenir tête aux responsables religieux. Un homme qui a du répondant. Et un homme qui découvre le Christ. Suite à tout ce qu’il vient de vivre, notre homme se retrouve à nouveau face à Jésus. Il s’en suit un dialogue bref mais ô combien profond ! « Crois-tu, toi, au Fils de l’homme ?… Qui est-il, Seigneur, pour que je croie en lui ?… c’est celui qui te parle…  Je crois, Seigneur », et il se prosterna devant lui… ». Quelle grâce, quel amour, quelle compassion chez Jésus !

Ce regard d’amour, de compassion est certainement le regard que Dieu porte d’abord et avant tout, sur nous-même et sur le monde aujourd’hui. Au-delà de nos questions, le Seigneur veut sauver ce monde pour lequel il a tant souffert et sacrifié sa vie sur une croix. Il nous invite, il t’invite toi aussi ce matin, à croire et à le suivre. « Crois-tu au Fils de l’homme ?Au Christ ? Tournons-nous vers lui comme cet aveugle. Croyons en lui, acceptons-le dans nos vies comme le Christ, le Sauveur, le Seigneur.

3°) « Tant qu’il fait jour, il nous faut travailler aux œuvres de celui qui m’a envoyé… »

C’est le message que le Seigneur adresse à tous les chrétiens aujourd’hui. « Tant qu’il fait jour… la nuit vient où personne ne peut travailler… ». C’est une belle et pressante invitation du Seigneur, à voir les choses comme Dieu les voit. A ne pas perdre son temps dans des débats sans fin pour savoir qui est coupable. Nous sommes tous coupables devant lui ! Travaillons, engageons-nous dans la prière, dans notre témoignage, dans le service dans la vie de l‘église, sans attendre d’avoir une explication à tout. Voyons ce monde perdu qui a besoin d’être sauvé.

Conclusion : « Tant qu’il fait jour… »

En ces jours troublés, soyons sincères avec Dieu. Il regarde à nos cœurs. Regardons les autres comme lui. Comme des créatures que Dieu veut sauver pour l’éternité. Reconnaissons que notre regard n’est pas toujours le sien.

En ces jours troublés, incertains, réalisons tout à nouveau combien nous sommes aimés de Dieu. Il est celui qui se penche sans cesse vers nous dans toutes les crises que nous traversons. Il est là pour guérir, relever, encourager, rassurer…

Regardons ce monde avec son regard et prions. Implorons la grâce de Dieu sur notre monde, sur nos églises, sur nos familles, sur nous même !

22/03/2020 Pasteur Joël Mikaélian