Lectures : Lev. 13. 45 et 46 / Marc 1. 40 à 45

 

« Si tu le veux, tu peux… »

Du temps de Jésus, la lèpre faisait partie de ces maladies incurables et contagieuses. A certains égards, comme celle de la Covid 19 qui bouleverse la planète actuellement. Celui ou celle qui en était atteint, était condamné à vivre un enfer. Il devait porter des vêtements déchirés, ne pas se coiffer, porter un « masque », et crier « Je suis impur ! Je suis impur ! » Chaque fois que l’on s’approchait de lui. Il devait être isolé de la société, vivre à l’écart. Un confinement sévère ! Certes, cette maladie n’existe pratiquement plus en occident aujourd’hui, mais elle reste présente dans certains pays d’Afrique et d’Asie encore. Des organismes humanitaires, comme la « mission évangélique contre la lèpre », agissent pour soulager et guérir les personnes atteintes par cette maladie. Mais à l’époque de Jésus, on n’avait aucun traitement si ce n’est l’exclusion. De plus, cette maladie, comme tant d’autres, était considérée comme une punition divine. D’où le rituel religieux complexe, tant pour la déclaration de la maladie, que pour la guérison, lorsqu’elle advenait. C’est dire la situation épouvantable de ce lépreux qui s’approche de Jésus. Ce matin, nous méditerons sur cette rencontre entre Jésus et cet homme. En essayant d’entendre le message que Dieu veut nous adresser à travers cette rencontre.

1°) « Un lépreux s’approche de lui… »

Tout d’abord il nous faut considérer que ce lépreux prend plusieurs risques en venant à Jésus. Il prend non seulement le risque de la foi, de croire que Jésus peut le guérir. Mais aussi, il transgresse la loi et prend le risque d’être rejeté, lapidé même par la foule à cause de cela. Il devait probablement être au « bout du bout », comme on dit aujourd’hui. Son geste est presque un acte désespéré. Ce qui le caractérise aussi, c’est l’humilité, son profond respect pour Jésus. Il le supplie, il tombe à genoux devant lui. On ne s’approche pas de Dieu n’importe comment. Le lépreux ne se plaint pas de son sort. Il n’entre pas dans un débat sur sa maladie. Il ne se plaint pas de sa situation sociale, de toute cette souffrance qu’il endure depuis sa maladie. Il ne tient pas compte de la foule qui le juge. Il s’approche avec une prière « Si tu le veux, tu peux me purifier. » Sa foi est admirable, il n’a aucun doute sur la puissance de Jésus. Il ne dit pas « Si tu peux… », Comme d’autres dans les évangiles. Mais « si tu le veux, tu peux ». Il croit, que tout est possible à Dieu. Et il inscrit sa foi dans le cadre de la volonté de Dieu : « Si tu le veux… ». C’est ainsi qu’il nous faut nous approcher de Dieu. Avec courage, foi, humilité, soumission à sa volonté.

2°) « Pris de pitié, Jésus étendit la main et le toucha. »

Pris de pitié et de compassion, Jésus se penche vers le lépreux et va toucher cet « intouchable ». Alors que probablement tous on dû prendre de la distance par rapport à lui, Jésus, lui, le touche au risque de contracter la lèpre. Rien n’est repoussant pour Jésus, hormis le mal, le péché qu’il est venu expier sur la croix. En le touchant, c’est comme s’il lui disait et disait à la foule, qu’il n’est pas un paria, un maudit, punit par Dieu. Il est une créature aimée de Dieu comme les autres. Dieu n’est pas insensible aux souffrances humaines. Bien au contraire, il est plein de pitié, de miséricorde, de compassion. Il se penche sans cesse vers nous, avec amour, compassion, il est prêt à nous toucher pour nous guérir de tous nos maux. Nous ne sommes certes pas lépreux, mais nous vivons parfois des situations compliquées, douloureuses. Nous sommes parfois rejetés, méprisés, jugés. Nous pouvons être parfois exclus à cause de notre foi. Nous ne sommes pas lépreux, mais que de soucis, de sujets de prières portons-nous ? Ce texte nous rappelle que le Seigneur est à l’écoute, prêt pour nous, pour le monde. Le Christ s’est même abaissé jusqu’à nous pour nous sauver. Il a quitté sa gloire divine pour venir parmi nous. Dieu est proche de nous, de chacun. Son amour, sa compassion l’ont poussé jusqu’à la croix. Plus qu’un risque de contracter la lèpre, il a pris le risque de la mort et l’a vaincue par sa résurrection. Ce qui faisait dire à l’apôtre Paul : « Si Dieu n’a pas épargné son Fils, mais l’a livré pour nous, comment, avec son Fils, ne nous donnerait-il pas tout ? » (Rom. 8. 32) Soyons donc toujours assuré de son amour, qui que nous soyons, quelle que soient notre vie, nos péchés, nos difficultés, nos maladies…

3°) « Je le veux, sois purifié »

Pour finir, il y a la guérison miraculeuse : « Je le veux ». Ce que demande le lépreux est dans la volonté de Dieu. Par cette guérison instantanée, Jésus montre à tous qu’il n’y a pas obligatoirement une relation de cause à effet entre maladie et péché. Car il ne lui fait aucune remontrance, il ne lui demande aucune repentance. On peut dire même que cet homme avait déjà fait beaucoup en prenant le risque de venir à Jésus, en tombant à genoux devant lui et en lui adressant cette prière pleine de foi, soumise à sa volonté. Le Seigneur peux tout… ce qu’il veut ! Puis Jésus lui demandera de se conformer au rite religieux pour qu’il soit restauré socialement. La suite du récit de l’évangile comporte certes, quelques difficultés. Pourquoi Jésus le renvoie-t-il sévèrement ? Pourquoi insiste-t-il pour qu’il ne dise rien à personne et aille plutôt se montrer au prêtre ? Tout d’abord pour que cet homme soit effectivement restauré socialement et qu’il soit un témoignage pour eux. Par ailleurs, plusieurs textes des évangiles nous montrent que Jésus ne voulait pas passer pour un guérisseur parmi tant d’autres. De plus, cela n’était pas l’objet de sa mission. Ces miracles ne devaient pas voiler l’essentiel de sa mission, à savoir le salut, le pardon des péchés, le royaume de Dieu. Au-delà des guérisons, des miracles qu’il est prêt à accomplir pour nous aussi, selon sa volonté, Dieu veut surtout nous sauver pour l’éternité. C’est pour cela qu’il a donné sa vie.

Conclusion :

« Si tu le veux, tu peux… »

Rendons grâce à Dieu pour son amour, sa miséricorde et sa puissance. Approchons-nous toujours de lui, comme ce lépreux, avec courage, avec foi en sa puissance ; avec humilité et obéissance à sa volonté. Entendons sa voix qui nous dit : « Je veux que tu sois sauvé pour l’éternité, que tu sois guéri, béni, gardé… Je veux te donner tous ce dont tu as besoin, je veux t’accompagner chaque jour dans mes voies, selon ma volonté… Je veux que tu sois purifié, que tu me suives fidèlement, que tu obéisses à ma parole et que tu sois témoin du message de l’évangile. Que tu aies à ton tour compassion, amour, pardon, soutien pour ceux qui souffrent autour de toi… »

Pasteur Joël Mikaélian – 14/02/2021