Lectures : Jonas 3. 1 à 10 / Marc 1. 14 à 20

« Repentez-vous et croyez à l’Évangile… »

Qu’est-ce que la repentance ? Quel sens mettons-nous derrière ce vocable plus ou moins connu ? On en parle certes, dans la Bible, dans les milieux religieux, mais aussi dans les milieux profanes. On désigne parfois certains personnages au passé douteux comme des « repentis », à la suite d’un changement de vie. Le terme couvre un champ d’action assez large. Il évoque aussi quelque chose de dérangeant. Il suggère l’aveu d’une erreur, d’une fausse route. Et il est toujours difficile de reconnaître nos erreurs, encore plus de les « confesser » et de changer de comportement ! Pourtant la repentance est porteuse de libération, de renouveau, de bénédiction. Alors que son refus est synonyme d’enfermement, d’aliénation, de culpabilité, d’orgueil et de mort. Comment comprendre et mettre en pratique ce principe essentiel de la vie ? À travers les textes bibliques que nous avons lus, nous essayerons d’analyser trois aspects, trois éclairages de ce que peut être une véritable repentance.

1°) « Et la parole de l’Éternel vint à Jonas une seconde fois… »

Le texte biblique nous met tout d’abord en présence d’un certain Jonas, un « repenti ». Nous connaissons tous plus ou moins son histoire. Ce que l’on retient souvent de lui, c’est qu’il a vécu quelques jours dans le ventre d’un gros poisson. Ou bien, pour les plus familiers de la Bible, nous retenons souvent l’aspect « caractériel » de son personnage. Il est mécontent de la miséricorde de Dieu envers les « méchants » de Ninive. En quelque sorte, il n’est pas content de la réussite de sa mission. Mais son expérience nous donne tout de même une belle image de ce qu’est la repentance et les bienfaits qu’elle peut produire. De quoi nous donner envie ! Jugeons plutôt ! Dans un premier temps, Jonas refuse d’obéir à Dieu et refuse d’accomplir la mission qui lui est confiée. Il n’a pas envie, il passe outre. Ce qui va lui coûter quelques mésaventures, qui l’amèneront à la repentance dans le ventre d’un poisson ! « J’ai crié à l’Éternel du fond de ma détresse, et il m’a répondu ». C’est dans le ventre d’un poisson que Jonas se repent. Et lorsque Dieu le libère et revient vers lui, avec la même mission, il lui obéit. Il aurait bien pu, une fois tiré d’affaire, oublier sa prière et continuer à désobéir à Dieu. Mais non, Jonas a changé. Et le changement qui s’opère dans sa vie, sa « métanoïa », sera source de salut pour tous les habitants de la grande ville de Ninive !

Qu’en est-t-il de nos repentances ? De nos regrets, de nos cris vers Dieu lorsque nous sommes dans la détresse à cause de notre désobéissance ? Ou de nos erreurs ? Notre repentance apporte-t-elle des changements dans nos vies ou pas ?

2°) « Et les hommes de Ninive crurent en Dieu… »

La repentance des habitants de Ninive constitue un véritable miracle. Celle-ci ne passe pas par une épreuve, comme celle de Jonas, mais simplement par une écoute de la Parole de Dieu. Les ninivites prêtent une oreille attentive à la parole de Dieu : « Encore quarante jour, et Ninive sera détruite ». Le message est clair, sans appel. Dieu n’appelle même pas à la repentance et à la foi. Et pourtant le peuple se repent et croit. On peut dire qu’il y a là, une véritable œuvre de Dieu, de l’Esprit Saint qui convainc de péché, et qui convainc aussi de l’amour et de la miséricorde de ce Dieu. « Qui sait ? Disent-ils, Si Dieu ne reviendra pas sur cette décision ?  … nous ne périrons pas… ».

Jésus est venu dans ce monde avec un message tout aussi clair : « Repentez-vous et croyez à l’évangile… ». Sinon vous serez perdus pour l’éternité. C’est-à-dire reconnaissez que vous êtes pécheurs, que vous êtes perdus, et croyez en Dieu, croyez en moi et vous serez sauvés. Croyez que tous vos péchés peuvent être pardonnés car j’ai payé le prix pour ça. Et commencez une vie nouvelle avec moi, en communion avec moi. Le fruit d’une telle repentance, que Jésus compare à une nouvelle naissance, c’est la vie éternelle.

Mais, tout au long de la vie chrétienne, le Seigneur nous invite aussi à la repentance. Car tout au long de notre vie, nous rencontrons des situations particulières. Nous prenons parfois de mauvaises voies, des impasses. Il nous arrive de commettre des erreurs volontaires ou pas… C’est pourquoi Dieu nous redit souvent : « Repentez-vous… » et croyez au pardon. La repentance est liée au pardon. Sans pardon de Dieu, la repentance n’a pas de sens ni d’utilité. Mais Dieu est un Dieu qui pardonne et qui ne se lasse pas de pardonner. Alors n’hésitons pas à reconnaître nos fautes et à changer d’attitude. N’attendons pas d’être dans la détresse pour le faire comme Jonas. De même dans nos relations, n’hésitons pas à reconnaître nos fautes, à les confesser, à les abandonner et à changer de regard sur l’autre ! Il y a, certes, dans la repentance une part de renoncement à soi, à nos raisonnements, à notre orgueil, mais c’est la clé de la libération, des réconciliations, du renouveau, des bénédictions.

3°) « Et Dieu se repentit du mal qu’il avait parlé de leur faire… »

Dieu peut-il se repentir ? Commet-il des erreurs, des fautes pour qu’il ait à se repentir ? Certes non. « Dieu n’est pas homme pour mentir, ni fils de l’homme pour se repentir » (Nombres 23.19). Mais Dieu est capable de changer de regard sur l’homme, sur le monde, sur nous, comme ce fut le cas pour Jonas et les habitants de Ninive. « Et Dieu vit leurs œuvres, qu’ils revenaient de leur mauvaise voie ; et Dieu se repentit… ». Quelle grâce dans cette parole ! Quel encouragement à la repentance. Dieu voit, il est attentif. Il voit nos cœurs, nos désirs de repentance, nos regrets, l’aveu de nos faiblesses, de nos erreurs… et il se repent, c’est-à-dire, qu’il pardonne. Il détourne sa colère de nous, grâce au Christ, à la croix. Dans toute repentance sincère, il se passe quelque chose de spirituel, Dieu voit et intervient à cause du sacrifice de Jésus. « Le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui… » à la croix. Ce qui veut dire que notre repentance n’a de sens que dans la sienne. Certes, la « repentance » de Dieu est différente de la nôtre. Elle concerne plutôt sa capacité de pardon. Mais à certains égards elle lui ressemble. Car en Jésus Christ, elle change le regard de Dieu sur nous et sur nos fautes. Si Dieu n’avait pas cette capacité de changement, notre repentance n’aurait aucun sens. S’il n’y avait pas la croix, notre repentance n’aurait pas de sens. C’est parce que Dieu est compatissant, c’est parce qu’il y a eu la croix, que toute repentance sincère devient féconde, porteuse de vie, d’espérance, de renouveau. Ce qui fait que la véritable repentance selon Dieu, est plus qu’un acte humain, elle a plus qu’un aspect psychologique. Elle est de l’ordre du divin, car elle touche le cœur de Dieu et l’amène à changer son regard sur nous et à intervenir miraculeusement en notre faveur.

« Repentez-vous et croyez à l’Évangile… »

Plus qu’une action ponctuelle, plus qu’une action psychologique, la repentance spirituelle est un état d’esprit porteur de paix, de bien être, d’espérance. La repentance prend sens lorsqu’elle est liée à la foi en un Dieu d’amour, un Dieu qui sait aussi se repentir, c’est-à-dire pardonner, changer son regard sur nous. Repentez-vous et croyez pour être sauvé… Mais aussi pour vivre dans la paix, le renouveau continuel, la sainteté, la croissance spirituelle. La repentance est une véritable grâce. Ne nous en privons pas.

Pasteur Joël Mikaélian – 24/01/2021