Es 51. 1 / Phil. 2. 1 à 11 / Luc 14. 7 à 11

« Quiconque s’élève sera abaissé, qui s’abaisse sera élevé… »

« L’orgueil précède la chute… » (Prov. 16. 18), « l’humilité précède la gloire… » (Prov. 15. 33). « Dieu résiste aux orgueilleux, mais se montre favorable aux humbles » (Jacq 4. 6). D’après plusieurs textes de la Bible, il semble que l’orgueil ne soit pas en odeur de sainteté auprès de Dieu ! Mais qu’est-ce-que l’orgueil ? L’humilité ? Il y a ceux qui disent être fiers d’être humbles, ceux qui parlent de légitimité d’avoir de l’amour propre, ou de « fausse humilité », comment s’y retrouver ? Sans parler des valeurs de notre société qui s’inscrive en faux par rapport à cette parole de Jésus. La société nous dit plutôt : « Quiconque s’élève sera élevé, qui s’abaisse sera écrasé ! ». N’y a-t-il pas alors un risque de suivre ces paroles de Jésus : « Quiconque s’élève sera abaissé, qui s’abaisse sera élevé… » ? N’y a-t-il pas le risque de finir écraser ? Que faire, comment faire ? Suis-je orgueilleux ? Suis-je humble ? Quel doit être mon choix de vie ? Qu’est-ce que l’orgueil, l’humilité ?

1°) « Ecoutez- moi, vous qui cherchez le Seigneur… Portez vos regards sur le rocher d’où vous avez été taillés… »

Cette parole du prophète Esaïe, comme d’autres paroles de la Bible, nous invite à comprendre ce que sont les fondements de l’humilité et de l’orgueil. Par cette Parole, Esaïe invite le peuple à regarder à Dieu, le créateur, l’auteur, l’origine de la vie. Il invite ceux qui cherchent la justice, ceux qui cherchent Dieu, ceux qui cherchent à donner un vrai sens à leur vie, à regarder à Dieu. Regarder à Dieu pourquoi ? Quel rapport avec l’orgueil et l’humilité ? Regarder à Dieu, c’est tout d’abord de reconnaître que nous sommes ses créatures croyantes ou pas. Reconnaître que notre vie vient de Dieu, vient de sa grâce, de son amour. Dieu nous aime, il a tout créé par amour. C’est lui qui nous donne la vie, c’est de lui que nous sommes, que nous existons. Cette vérité fondamentale nous invite à l’humilité. Être humble, c’est tout d’abord accepter son statut de créature de Dieu. Le refuser, c’est déjà prendre le chemin de l’orgueil. Vouloir se passer de Dieu, prétendre à l’autonomie, nous affranchir de toute présence de Dieu, c’est la racine du péché originel d’Eve et d’Adam, c’est la racine de l’orgueil.

L’orgueil, c’est refuser aussi l’amour de Dieu, la grâce du salut en Jésus Christ. C’est avoir la prétention de se sauver soi-même, de se justifier sois même devant Dieu et devant les hommes. C’est se croire assez bon, assez bien, pour pouvoir se présenter devant Dieu. C’est refuser de se reconnaître pécheur, refuser de croire que seule la foi dans le sacrifice du Christ, peut nous rendre juste aux yeux de Dieu et nous sauver pour l’éternité.

A l’inverse, l’humilité véritable, le fondement de l’humilité, ce n’est pas s’écraser, ce n’est pas se mettre en dessous de tout et de tous. L’humilité, c’est accepter nos faiblesses, nos fragilités, nos péchés, demander pardon à Dieu, recevoir son pardon en Jésus. Le Christ est venu dans ce monde, il a accepté pleinement notre nature humaine, excepté le péché, et a accepté de prendre sur lui, à notre place, la juste condamnation de nos fautes. « Christ est mort pour nos péchés »c’est la bonne nouvelle qui figure depuis plus de 50 ans sur un mur de notre église à Marseille Saint Antoine, au bord de l’autoroute qui entre sur la ville. L’humilité, c’est accepter que j’ai besoin du Christ de sa grâce de son pardon chaque jour.

A chacun d’emprunter ce chemin de l’humilité et de se détourner de celui de l’orgueil.

2°) « Ne faites rien par esprit de parti ou par vaine gloire… »

Comment vivre sur ce chemin, avec quels repères ? Le texte de l’épître aux Philippiens est clair. Il nous invite à vivre avec humilité dans nos relations avec les autres. C’est là que nous avons quelques difficultés en tant que chrétien dans l’église et au-delà. Notre nature humaine nous joue souvent des tours dans ce domaine. Il est si difficile de s’accorder les uns les autres, de se soumettre les uns aux autres. Il est plus facile de laisser libre cours à notre égo, à nous croire meilleurs que les autres, plus intelligents, plus forts, plus talentueux ; à croire que nous avons raison sur tout, que nos idées sont les meilleures parce qu’elles viennent de nous… Tout ceci n’est pas nouveau. Les chrétiens des premiers siècles avaient les mêmes difficultés.

Être humble, nous l’avons vu, c’est tout d’abord accepter que nous sommes créatures de Dieu, sauvés par la grâce en Jésus Christ. Se réjouir de cela, et rendre grâce à Dieu est déjà une bonne chose. Mais cela a une autre conséquence, à savoir, de réaliser et d’accepter que nous ne sommes pas les seules créatures aimées de Dieu. Il n’y a pas que moi, il y a aussi les autres. Chaque être humain est créature de Dieu est à droit au respect. Chaque chrétien est ami du Christ, habité de l’Esprit Saint. Je ne suis pas le seul ! Je dois aussi considérer les intérêts des autres, leurs droits, leurs idées, leurs besoins… Je dois prendre aussi en compte la situation des autres, leurs épreuves, leurs souffrances… Être humble, ce n’est pas s’écraser devant les autres, mais c’est s’abaisser ; c’est-à-dire, se mettre au même niveau. Ne pas chercher les premières places dit Jésus à travers la parabole des invités. Au risque d’être désavoué et rétrogradé devant tout le monde.

Le risque de s’abaisser, c’est-à-dire de se mettre au même niveau que mes frères et sœurs, n’est pas d’être écrasé, mais plutôt d’être élevé, valorisé par Dieu.

3°) « Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ… »

Dans le domaine de l’humilité, le Christ demeure l’exemple par excellence. « Le mystère de l’incarnation est insondable… » disait un théologien évangélique, « Incapables de l’expliquer, nous ne pouvons que le formuler… ».Comment le Christ est Dieu, se fait homme pour un temps, tout en restant Dieu ? Comment peut-il accepter de devenir homme, de supporter la bêtise humaine, la méchanceté, l’orgueil, les prétentions de ceux qui pensent tout savoir, mais qui ne savent rien ! Comment supporter un simulacre de jugement, accepter une condamnation injuste sans rien dire ? Comment a-t-il pu supporter les crachats, les injures, la croix, sans rien dire, si ce n’est « Père pardonne leur… ils ne savent pas ce qu’ils font » !

Le prophète Esaïe précise : « Cependant, ce sont nos souffrances qu’il a portées, ce sont nos douleurs dont il s’est chargé… il était blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités ; le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris » (Es. 53), sauvés.

L’humilité parfaite du Christ, loin de l’écraser, l’a élevé au plus haut qui soit ! Quel exemple pour nous !

Conclusion :

« Humiliez-vous donc sous la puissante main de Dieu, afin qu’il vous élève au temps convenable ». (1 Pie. 5. 6)

S’humilier devant Dieu, le reconnaître comme le créateur, mon créateur, se reconnaître comme créature, au même titre que chaque être humain

S’humilier devant le Christ, croire en son sacrifice et le reconnaître comme Seigneur de ma vie

S’humilier devant mes frères et sœurs, les aimer, les respecter, les valoriser plutôt que de me valoriser

S’humilier comme le Christ, le regard fixé sur lui

Quel beau programme de vie en cette rentrée !

Pasteur Joël Mikaélian

31/08/2025