Gen. 2. 18 à 24 / Marc 10. 13 à 16

« Quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit enfant n’y entrera point »

La famille est une des institutions les plus anciennes. Celle-ci remonte à la Genèse, à la création du monde. La famille est à la base de l’humanité, c’est le choix que Dieu a fait dès les origines. Dieu a choisi de donner la vie, de la multiplier, de la renouveler à travers le couple, homme/femme, et la famille qui accueille l’enfant. Dieu aurait très bien pu faire autrement. Il aurait pu créer d’autres moyens de reproduction. Il aurait pu créer une humanité toute faite, que des hommes, ou que des femmes, ou que des enfants… Je ne sais. Mais son choix s’est porté sur la création d’un homme et d’une femme, et de leur donner la grâce de procréer, de devenir en quelque sorte des « co-procréateurs ». Certes, le péché est venu abimer cette création. Et depuis la chute, nous en subissons tous les effets destructeurs et les dysfonctionnements qui les accompagnent. Même si nous ne sommes pas, nous même, responsables de la chute, nous n’en demeurons pas moins solidaires. Mais Dieu n’a pas retiré son amour envers l’homme. Il n’y a pas de fatalité. Nous pouvons tous retrouver en partie le projet initial de Dieu, construire de belles relations, de belles familles, tout en sachant que ce n’est pas là, le tout du projet de Dieu. Qu’il y a plus, plus beau encore, son royaume. C’est sur ce thème que je vous invite à méditer

1°) « Il n’est pas bon pour l’homme d’être seul… »

Ce texte de la Genèse nous ramène aux origines de l’humanité. A l’origine de la vie humaine. Cette parole nous parle de l’égalité homme/femme des origines. C’est un texte d’actualité. Alors que le système patriarcal prend de l’eau en occident et trouve une certaine jeunesse en orient ! Ce texte nous montre avec force que la hiérarchie homme/femme, n’était pas dans le projet initial de Dieu. L’homme et la femme étaient destinés à être des vis-à-vis, sans aucune notion de domination de l’homme sur la femme. Au contraire, Adam se réjouit que Dieu lui ait donné un vis-à-vis, un semblable. « Celle-ci est os de mes os, chair de ma chair… ». C’est extraordinaire, je ne suis pas seul, j’ai un vis-à-vis mon autre moi, mon égale ! Sans être féministe, ce texte fondateur affirme que le projet initial de Dieu pour l’humanité était une relation d’égalité homme/femme. Et que c’est à eux qu’était donné la grâce de procréer, de construire des familles et de remplir la terre. La domination ne vient qu’après la chute, comme une conséquence du péché. Mais la Bonne nouvelle de l’évangile, c’est que cela n’est pas une fatalité. Nous ne sommes pas contraints d’entrer dans ce disfonctionnement. L’apôtre Paul écrit aux chrétiens de Corinthe : « Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle créature. Les choses anciennes sont passées ; voici, toutes choses sont devenues nouvelles » (2 Cor 5. 17). Le même apôtre, écrit aussi aux chrétiens de Galates qu’en Christ, «il n’y a ni homme, ni femme… vous êtes un dans le Christ Jésus ». En Christ, nous retrouvons le projet initial de Dieu : la famille. Et pour ceux qui seraient sans famille, pour tous, Dieu dans son infinie sagesse a institué une nouvelle famille en Jésus Christ, l’Eglise, véritable famille de Dieu. Sachons apprécier, prendre soin de nos familles comme de notre église. Parce que la famille, comme l’église est aussi un lieu de tension, d’incompréhension, de conflit. Même en Christ, il reste quand même en nous quelques traces du mal. Mais Dieu nous a donné des remèdes, à savoir, l’amour, le pardon, la réconciliation.

2°) « Laissez venir à moi les petits enfants… »

L’évangile de Marc, nous parle aussi de la famille, de ces parents qui mènent leurs enfants à Jésus. Ils les présentent avec ce vif désir qu’il les bénisse. Quel beau tableau ! Mais les disciples sont mécontents. Jésus s’indigne. Et au sein de la société patriarcale de son temps, Jésus redonne sa place à l’enfant. Il les prend dans ses bras, pose ses mains sur eux et les bénit, comme nous le faisons dans notre église lorsque nous présentons les enfants. Quelle belle image de l’amour de Dieu pour les tout-petits, les plus fragiles. N’hésitons pas à mener nos enfants au Christ afin qu’il les bénisse. Menons-les fidèlement à l’église et veillons sur leur éducation religieuse. « Instruit l’enfant selon la voie qu’il doit suivre ; et quand il sera vieux, il ne s’en détournera pas ». (Prov. 22. 6). En Arménien la traduction du texte est encore plus parlante, elle dit : « Instruit l’enfant lorsqu’il commence son chemin… ». Menons-les au Christ chaque jour dans nos prières. Et pas seulement les nôtres, mais aussi ceux du monde entier.

3°) « Quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit enfant, n’y entrera point ». Et Jésus de nous étonner davantage ! Voilà que les petits enfants deviennent des modèles pour les adultes ! Mais en quoi devrions-nous ressembler aux petits enfants ? Dans leur fragilité, leur confiance dans l’amour de leurs parents ? Jésus fait-il référence ici à une certaine pureté, l’innocence des enfants ? Peut-être ; mais on peut penser aussi à ce fameux dialogue de Jésus avec un certain Nicodème au chapitre 3 de l’évangile de Jean : « Si un homme ne nait de nouveau, il ne peut voir le royaume de Dieu ». Dans ce texte, nous voyons comment Jésus va expliquer à Nicodème le chemin du Royaume de Dieu. Il lui dit qu’il faut croire à la valeur de son sacrifice sur la croix pour être sauvé et entrer dans le royaume de Dieu. Jésus compare la foi en lui, à une nouvelle naissance, naissance à une dimension spirituelle, appelé à grandir tout au long de la vie. Ne refusons pas cette invitation si nous n’avons jamais fait cette belle expérience de la nouvelle naissance. Et vivons pleinement cette vie nouvelle qui nous mène vers l’éternité avec Dieu. Ce qui est bien plus que tout ce que nous pourrions recevoir dans cette vie.

Conclusion :

« Quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit enfant, n’y entrera point ».

La famille est une grâce de Dieu comme les enfants, l’Eglise, les frères et sœurs en Christ. Sachons les apprécier. Veillons sur nos familles, nos relations familiales, notre église. Apprenons à vivre des relations vraies, respectueuses, faites d’amour, de pardon, de réconciliation…

Et n’oublions pas que ce ceci n’est pas tout, cette vie n’est pas le tout du projet de Dieu. Nous sommes destinés au royaume de Dieu, à une vie éternelle avec Lui. Ne nous privons pas de cet essentiel, ouvrons-nous toujours à l’amour de Dieu.

Pasteur Joël Mikaélian

03/10/2021