Lectures : Matth. 13. 1 à 9 et 18 à 23

« Qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende »

Avoir des oreilles pour entendre est une chose, entendre en est une autre. La parabole dite des terrains, interroge notre façon d’entendre, la nature, la qualité de notre écoute. Il semble que du temps de Jésus déjà, on pratiquait un genre de « zapping », une façon d’écouter sans trop prêter attention à ce qui est dit ; de passer d’une information à une autre, d’une communication à une autre, sans trop y attacher d’importance. Avouons que de nos jours, la tendance est loin d’être à l’amélioration. Au contraire, elle empire de jour en jour. Notre espace d’écoute est souvent saturé et l’on n’a plus la capacité d’enregistrer ce que l’on entend, encore moins de l’analyser. Ce qui est peut-être le but recherché ! Autre particularité de cette parabole, c’est que nous en avons l’interprétation par son auteur en personne. Que peut-elle nous apprendre ce matin ?

1°) « Toutes les fois que quelqu’un entend la parole du royaume… »

De quelle parole s’agit-il ? À l’époque de Jésus, le NT n’existait pas encore. Les évangiles les épîtres n’avaient pas encore été écrits. L’expression que Jésus emploi ici, se rapporte alors à lui-même, Parole faite chair. Elle concerne d’abord et avant tout l’annonce du royaume de Dieu ; une révélation sur le monde d’après. Un monde qui ne ressemble en rien au monde présent. (Celui d’avant, comme celui d’après que l’on nous promet). Jésus fait référence à son message. Il est venu nous parler du royaume de Dieu, à savoir, ce qui se passe dans la vie d’après. Car de notre côté, ce que l’on voit et que l’on entend, c’est que les morts disparaissent ; on ne les voit plus, on ne les entend plus, ils ne reviennent plus. Jésus est venu éclairer ce mystère, éclairer notre intelligence à ce sujet. Il est venu nous dire que le royaume de Dieu est un monde nouveau, où le mal n’a pas droit de cité, ni le péché, ni la mort, ni toutes les anomalies, les maladies, les injustices. C’est un monde qui n’a pas de fin. C’est un monde totalement invisible à nos yeux aujourd’hui, qui se montrera un jour, au temps fixé et connu de Dieu seul.

Autre vérité importante, Jésus a dit aussi qu’il n’y avait qu’une seule porte d’entrée à ce monde, une seule condition, la foi. La foi dans un plan qui intègre, la repentance, la demande de pardon de nos fautes, l’accueil de ce pardon, fondé sur le sacrifice du Christ. Et l’engagement vers une vie nouvelle d’amour pour Dieu et pour son prochain. C’est bien l’essentiel de la parole du royaume que Jésus est venu semer dans ce monde et qui se transmet depuis.

2°) Comment réagissons-nous à ce message ? que nous dit Jésus à ce propos ?

Par cette parabole, Jésus nous dit qu’il y a quatre façons différentes d’entendre et de réagir à ce message.

– Tout d’abord, on peut entendre sans comprendre. (Ou sans vouloir comprendre). Et trouver que tout ceci est assez mystérieux, abstrait, trop beau pour être vrai. Nous pouvons penser que rien ne nous dit que c’est vrai, que nous n’avons aucune preuve. Nous pouvons aussi nous questionner par rapport aux autres religions aux autres spiritualités. Qu’est-ce-qui nous dit que c’est la seule réponse ? Alors dit Jésus, le méchant vient et enlève, efface ce qui a été entendu. Le doute permanent ouvre la porte au malin et rend l’écoute totalement stérile.

– Ensuite, on peut recevoir ce message avec joie. S’enthousiasmer pour cette nouvelle extraordinaire, y croire et y adhérer pleinement. Nous pouvons alors expérimenter comme une nouvelle naissance, un nouveau départ de vie, une nouvelle façon de voir, d’envisager la vie. Nous pouvons nous faire baptiser, devenir membre d’église et nous engager à servir, à donner… Mais dit Jésus, pour certains, cela restera éphémère. Cela ne les intéressera que pour un temps. Dès que des difficultés arriveront, des épreuves, des persécutions, ils renonceront, abandonneront tout et retourneront à leur vie d’avant.

– On peut aussi recevoir ces paroles, y adhérer avec foi. Mais, dit Jésus, les soucis de la vie risquent de l’étouffer, s’ils prennent trop de place. Certes on entend la parole, on y pense de temps à autres, lorsque nous en avons le temps. Ou on y pense lorsque nous n’avons rien d’autres à penser. Et comme le monde sait très bien occuper nos pensées, on oublie vite le message. Ce qui donne une vie chrétienne tiède, sans fruit, sans changement, sans joie, sans espérance. Une vie chrétienne faite de tradition seulement.

– Et puis pour finir, on peut recevoir ces paroles, y adhérer avec foi et vivre pleinement l’Évangile dans la perspective du royaume à venir. Ce qui ne veut pas dire qu’il faudrait être étranger à cette vie et attendre seulement celle à venir. Ce n’est pas du tout ce que Jésus suggère ici. Jésus parle de porter du fruit. Il nous parle de vie qui porte du fruit. Ce qui veut dire que vivre dans la perspective du royaume, c’est attendre certes, mais agir aussi, être actif dans ce monde. C’est porter le fruit de l’Esprit Saint. Vivre une vie pleine d’amour, de pardon, de joie, de bonté, d’action de grâce, de prière, de témoignage… C’est vivre une vie pleine, une vie d’espérance, de confiance, d’engagements et d’actions diverses… C’est porter du fruit, chacun selon ses dons, ses capacités (« Cent, soixante, trente… »).

Comment avons-nous reçu la parole du royaume, comment la recevons-nous aujourd’hui ? Que faisons-nous de cette parole, de ce message à vivre et à transmettre ? Comment incarnons-nous cette bonne nouvelle de l’Évangile ?

3°) « Un semeur sortit pour semer… »

Pour finir, la parabole nous rappelle que tout ce qui vient de la Parole de Dieu est comme une semence, un grain que l’on met en terre. Ce qui veut dire qu’il faut arroser cette graine, qu’il faut veiller sur elle, qu’il faut entretenir notre écoute de la parole. Ce qui veut dire aussi qu’il y a un facteur temps à respecter. Une semence ne pousse jamais instantanément. Il faut du temps, que ce soit pour nous, dans nos cœurs, que ce soit aussi pour ceux à qui l’on témoigne de cette parole du royaume. Ne soyons pas impatients. « Prenez donc patience… jusqu’à la venue du Seigneur » Jacques (Jac. 5. 7)

« Qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende »

A bon entendeur salut ! Soyons de ceux-là ; de ceux qui se réjouissent de la parole du royaume, qui y adhèrent avec foi, et qui vivent cette parole en portant du fruit. Soyons de celles et de ceux qui vivent une vie qui honore Dieu, ple ine du fruit de l’Esprit et des bonnes œuvres qui l’accompagnent. Et ce jusqu’à son retour. Ne nous laissons pas ravir cette parole, cette joie ; ne nous décourageons pas face à nos épreuves et aux difficultés de cette vie ; ne laissons pas les soucis de la vie prendre le dessus, étouffer cette joie, cette espérance du royaume. Soyons cette bonne terre, où la semence de Dieu, porte de bons fruits.

Pasteur Joël Mikaélian –  12/07/2020

Qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende… Eglise Issy-les-Moulineaux