Marc 10. 46 à 52 / L’aveugle de Jéricho

« Que veux-tu que je fasse pour toi ? »

La question pourrait paraître banale, comme celle un accueil poli et conventionnel face à une personne qui se présente à nous, en situation de besoin : « Que puis-je faire pour vous ? ». Sauf qu’ici, il ne s’agit pas d’une simple formule. Et que Celui qui accueille cet aveugle qui se présente à lui, n’est autre que Jésus, le Christ, le Fils de Dieu. Bien que des siècles nous séparent de cette histoire, elle n’en demeure pas moins actuelle.  Le Christ n’est plus physiquement parmi nous, mais il est présent aujourd’hui, par son Esprit. Et nous pouvons nous aussi crier vers lui, aller vers lui, entendre sa Parole, lui dire ce que nous voulons, et le suivre. C’est ce mouvement que je vous invite à faire ce matin. Ouvrons nos cœurs à ce que Dieu veut nous dire à travers ce texte de l’évangile.

1°) « Jésus… aie pitié de moi… »

C’est le cri de Bartimée, mendiant aveugle, assis au bord du chemin qui sort de la ville de Jéricho. Jéricho, ville emblématique d’Israël, véritable porte d’entrée du pays promis au temps de Josué. Bartimée est un opportuniste. Il aurait pu laisser passer Jésus en pensant qu’un homme populaire tel que lui n’allait probablement pas prêter attention à sa situation. Ou, à l’inverse, il aurait pu penser : « encore un prophète, un illuminé qui se prend pour Dieu ». Et rien ne se serait passé dans sa vie. Il est des temps, des opportunités qui ne se présentent qu’une fois dans nos vies. Comme celle de ce matin peut être, celle d’un face à face avec Dieu. Nous ne sommes peut-être pas aveugles physiquement comme Bartimée, mais la Bible nous dit que nous naissons tous aveugles spirituellement. Nous avons tous besoin que Dieu ouvre nos yeux spirituels, afin que nous puissions voir et comprendre le véritable sens de cette vie, le projet de Dieu pour notre vie, saisir les enjeux éternels de cette vie. Nous sommes des êtres condamnés à la mort éternelle à cause du mal qu’il y a en nous. Mais nous pouvons tous en être guéris, libéré, en croyant que le Christ a accepté d’être condamné à notre place ; qu’il a accepté de mourir sur la croix à notre place. Nous pouvons être guérit spirituellement en allant vers lui ce matin, et crier : « Jésus… aie pitié de moi » avec foi, afin de recevoir le pardon de nos fautes et l’assurance de la vie éternelle. C’est le même mouvement que nous sommes appelés à faire pour connaître les projets de Dieu pour nos vies.

2°) « Jésus s’arrête… »

Alors qu’il est entouré d’une foule bruyante, nombreuse, ou chacun y va de son commentaire, de ses attentes peut être, Jésus s’arrête. Il entend un cri parmi tant d’autres. Ce cri est-il différent, plus fort ? On ne sait. Ce que l’on sait c’est qu’il est insistant. Et là tout à coup, il se passe quelque chose de merveilleux, d’extraordinaire. Un appel : « Appelez-le… ». L’appel n’est pas direct. Il est confié à d’autres, à la foule des anonymes qui sont là. Et qui vont encourager l’aveugle à se lever et à s’approcher de Jésus. « Confiance, lève-toi, il t’appelle… ». Voilà que tout à coup, l’aveugle devient important. En demandant qu’on l’appelle, Jésus redonne à cet homme toute sa dignité. C’est ce que Dieu veut pour toutes ses créatures, pour nous tous. Il nous aime tant qu’il est toujours là pour nous dire combien nous sommes importants pour lui. Ce matin, Jésus s’arrête aussi pour toi pour te dire combien il t’aime, combien tu es précieux pour lui, qui que tu sois. Aujourd’hui encore, au milieu de tout le brouhaha de ce monde, de tous ces cris qui couvrent la surface du globe, Dieu a cette capacité d’entendre, de discerner ton cri à toi aussi. Aujourd’hui encore, au milieu de toute cette misère qui nous entoure, de ces souffrances morales, physiques, matérielles, Dieu entend ton cri, les cris de ce monde. Et l’église est là, les chrétiens se doivent d’être là, pour dire à tous ceux qui crient : « Confiance, lève-toi, il t’appelle ». Dieu t’appelle, lève-toi, approche-toi de lui. C’est le message de l’évangile, la Bonne Nouvelle. C’est la mission de l’église, de chaque chrétien de le proclamer.

3°) « Que veux-tu que je fasse pour toi ? »

Quelle grâce dans cette parole ! Quel amour, quelle compassion, qu’elle attention ! Oui, Dieu est amour, il nous aime, il t’aime. Il est prêt à te poser la même question si tu t’approches de lui. Il a ce même amour, cette même attention pour tous ceux qui s’approchent de lui avec foi. « Que veux-tu que je fasse pour toi ? ». Pour Bartimée, tout s’arrête, c’est un instant de vérité, un face à face avec Jésus. Il n’hésite pas : « Maître… Fais que je puisse voir ». Cela peut être ta prière aujourd’hui : « Seigneur, que je puisse voir… Ouvre mes yeux spirituels sur le sens véritable de cette vie, sur les enjeux éternels de cette vie ». « Seigneur, fais que… », à chacun de continuer la phrase avec foi, sincérité, humilité. Et se laisser guérir, ouvrir les yeux spirituels.

« Il recouvra la vue et suivit Jésus sur le chemin ». C’est un autre homme qui se lève, un homme libre, restauré. Un homme qui a saisi ce qu’est l’essentiel de cette vie, suivre Jésus, devenir son disciple, devenir chrétien vraiment. Bartimée aurait très bien pu s’émerveiller et rentrer chez lui, reprendre sa vie, loin de Dieu. Il aurait pu s’en aller comme le jeune homme riche qui s’était approché de Jésus, mais qui refusa de le suivre. Il s’en alla tout triste. Bartimée lui, est tellement heureux, tellement reconnaissant qu’il se met à suivre Jésus sur le chemin. Il a compris qu’au-delà de cette vie, des besoins légitimes de cette vie, il y a une autre vie, une autre façon de vivre, à savoir, vivre dans la présence du Christ, être avec lui, devenir son disciple.

Qu’au-delà de nos prières, nos besoins, nos attentes, nous puissions nous aussi toujours comprendre qu’il n’y a rien de meilleur, rien de plus beau, rien de plus extraordinaire, que de vivre avec le Christ, de le suivre, d’obéir à ses paroles, de croire à toutes ses promesses, de le connaître Lui, toujours mieux, toujours plus. Comme ce chant le dit à la suite de l’apôtre Paul (Phil. 3. 7) « Ce qui m’étais cher pour construire ma vie… »

« Que veux-tu que je fasse pour toi ? »

La question reste posée, à chacun d’y répondre.

Pasteur Joël Mikaélian

11/09/2022