Jean 2. 13 à 25

« Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de marché. »

« La corruption de ce qu’il y a de meilleur est la pire. » Ce proverbe latin pourrait parfaitement s’appliquer au texte de l’évangile que nous venons de lire. Et c’est certainement ce qui mit Jésus en colère. Pourtant à l’origine, la pratique de la vente d’animaux pour les sacrifices au temple, partait d’un bon sentiment. Elle permettait aux pèlerins qui venaient offrir leur sacrifice au temple de Jérusalem, de trouver sur place l’offrande qu’ils souhaitaient faire à Dieu. Ce qui évitait de les amener de chez eux, surtout s’ils venaient de loin. Mais au fil du temps, il semble que toute une économie parallèle se soit installée dans le temple. Au point que ce lieu sacré, ressemblait davantage à un marché à bestiaux, qu’à un lieu de prière et d’adoration. Certes, ce genre de corruption, ne risque pas de nous atteindre, direz-vous ! Mais quand même, n’avons-nous pas besoin de revoir notre façon de participer à nos cultes dominicaux ? Quel message recevoir de ce texte ?

1°) « Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de marché. »

Tout d’abord ce texte nous parle de l’importance des rassemblements cultuels. Du temps de Jésus, la loi exigeait la pratique cultuelle avec ses rites et ses sacrifices. Pour la fête de la Pâques, le peuple devait se rassembler pour faire mémoire de la sortie d’Egypte. Il ne devait jamais oublier cet événement. Par ailleurs il devait toujours se rassembler devant Dieu le jour du sabbat. Et ce n’est surtout pas cela qui irrite Jésus. Ce qui l’irrite c’est la tournure que ces rassemblements avaient pris au cours du temps.

Il en va de même pour nous aujourd’hui. Combien il est important de nous rassembler pour adorer Dieu, le prier, le chanter, écouter sa Parole. Combien il est important de ne jamais oublier ce que le Christ a fait pour nous. Le sacrifice de sa vie, cette Pâques nouvelle qui nous libère du mal, du péché, de la condamnation, de la mort éternelle. Il est important de nous rassembler régulièrement pour faire mémoire de son amour pour nous, en prenant la Cène ensemble. Ce matin, nous avons une pensée pour celles et ceux qui ne peuvent pas être là avec nous. Que ce soit à cause de la situation sanitaire, ou à cause de la maladie, ou de l’âge… Quant à nous qui pouvons être là, apprécions ce privilège et veillons à notre fidélité. « N’abandonnons pas notre assemblée, comme c’est la coutume de quelques-uns … et cela d’autant plus que vous voyez s’approcher le jour. » (Heb 10. 25). N’oublions pas l’importance et le sens de ces rendez-vous hebdomadaires en communauté devant Dieu.

2°) « Le zèle de ta maison me dévore… »

En second lieu, ce texte nous rappelle l’importance d’offrir un culte à Dieu. Certes, Dieu est tout suffisant. Il n’a besoin de rien ni de personne. Il est Dieu, Eternel, tout puissant. Il est entouré de myriades d’êtres céleste qui sont à son service, qui l’adorent, le chantent, l’aiment, le servent. Dieu n’a pas besoin de nous, de nos offrandes, de notre adoration. « Tout nous viens de toi, et nous recevons de ta main ce que nous t’offrons ». Disait le roi David (1 Chr. 29. 14). C’est en fait un privilège de pouvoir offrir un culte à Dieu. Dieu nous fait la grâce d’accueillir favorablement ce que nous lui offrons volontairement en signe d’adoration et de reconnaissance : notre vie, notre service, les dons qu’il nous a donné, nos capacités, nos charismes. Nous pouvons lui offrir notre temps aussi, nos prières. Ces prières dont il est dit qu’elles sont comme un parfum pour lui. Nous pouvons offrir aussi une partie des biens qu’il nous donne à travers notre dîme, notre offrande. Certes l’église n’est pas un marché. L’évangile est gratuit. La participation à la vie de l’église est libre et ouverte à tous. Mais Dieu nous accorde le privilège de participer à son œuvre, à la vie de l’église par nos offrandes aussi. Offrandes qui doivent êtres volontaires et joyeuses, selon les moyens de chacun. Sans oublier de lui offrir ce qu’il aime le plus, notre obéissance. C’est ce que le prophète Samuel dira au roi Saül : « L’obéissance vaut mieux que les sacrifices »(1 Sam 15. 22) Offrir à Dieu notre obéissance, vaut mieux que tous les sacrifices que nous pourrions lui offrir. C’est à cela que Dieu prend plaisir plus qu’à tout ce que nous pourrions faire ou donner.

3°) « Lui parlait du temple de son corps… »

Pour finir, par ce geste Jésus marque une rupture dans la pratique du culte. (A noter que seul Jean place cet événement au début du ministère de Jésus, alors que les évangiles synoptiques le placent à la fin, avant la dernière Pâques. Il est donc possible que cela se soit produit deux fois). Mais quoi qu’il en soit, désormais, en Jésus, plus besoin d’offrir des sacrifices d’animaux pour le pardon des péchés. Plus besoin de marchands du temple. Car Jésus a été le sacrifice parfait pour le pardon des fautes de l’humanité entière et pour toujours. Il suffit de croire, de se repentir, de demander pardon. Le sang, le don de la vie du Christ nous purifie de tout péché. Par ce geste, Jésus annonce une rupture, la fin des sacrifices d’animaux. De plus, désormais le culte ne sera plus lié à un lieu comme Jésus le dira à la femme samaritaine. « Dieu est Esprit… ceux qui l’adorent doivent l’adorer en esprit et en vérité ». « Car là où deux ou trois sont rassemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux » (Matth 18. 20). Autre changement, désormais, le culte ne doit plus être un rite en vue d’obtenir la faveur de Dieu, mais plutôt une action de grâce pour sa faveur envers nous. Nous avons un libre accès au trône de la grâce par la prière au nom de Jésus. Et notre corps devient temple du Saint Esprit. Désormais, le culte peut se vivre plus simplement, dans une maison comme dans un temple. Pas besoin d’un grand nombre, ni de rites compliqués comme sous la loi. Mais plus de liberté avec seulement quelques lignes directrices que nous trouvons dans les épitres. De la prière, de l’adoration, du chant, de la méditation de la parole, de la communion fraternelle. Le tout dans l’ordre et le respect de la présence de Dieu, dans l’unité et l’harmonie. Il ne s’agit pas, sous prétexte de liberté de faire n’importe quoi, comme un temps dans l’église de Corinthe. Où, au moment du repas du Seigneur, certains n’avaient rien à manger, d’autres étaient ivres ! (1 Cor 11. 21).

« Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de marché. »

Prenons soins de la maison de Dieu comme du temple de nos corps. Soyons fidèles dans notre participation au culte et à la vie de l’église. Offrons à Dieu un sacrifice de louange, notre obéissance, notre vie. Il en est digne.

Pasteur Joël Mikaélian

07/03/2021