Es. 50. 4 à 7 / Marc 11. 1 à 10

« Béni soit le règne qui vient… »

Plus de deux mille ans que Jésus a fait son entrée triomphale à Jérusalem. Plus de deux mille ans que le règne de Dieu est venu dans le monde. Un monde qui l’a rejeté, malgré l’accueil particulier du jour des Rameaux. Plus de deux mille ans, le monde a changé depuis, mais le cœur de l’homme reste le même. Avec ses apparences, ses façades, sa violence, sa méchanceté, sa capacité à faire du mal à ses semblables. Témoin l’attentat de vendredi dernier qui a à nouveau touché notre pays. A nouveau des morts, mort exemplaire par le courage pour l’un, dramatique pour tous. Sans oublier les milliers de victimes innocentes qui perdent leur vie chaque jour dans le monde. Le cœur de l’homme reste le même, tortueux, égoïste, le nôtre aussi parfois. On ne peut que s’incliner devant les actes de bravoure et espérer qu’ils ne soient pas oubliés une fois l’émotion passée. Ce jour des Rameaux nous introduit dans la semaine sainte. Il nous invite chaque année à une méditation renouvelée sur la personne du Christ, et sur notre propre personne. Qui est ce roi, quel est ce règne qui vient, en quoi est-il réponse à nos questionnements et à ceux de notre monde ?

1°) « Le Seigneur Dieu m’a donné… »

Les textes du prophète Esaïe, que l’on appelle « les chants du Serviteur », nous présentent le Messie, comme un roi serviteur, envoyé de Dieu pour sauver le monde. Ces textes nous montrent que des milliers d’années avant sa naissance, il était annoncé. C’est dire la cohérence du plan de Dieu, sa dimension éternelle. C’est dire que son œuvre et ses actions s’inscrivent dans un temps qui nous dépasse ; un temps qui dépasse le temps. Ici, le « Serviteur de l’Eternel » se présente à nous comme un disciple de Dieu. Quelqu’un qui parle pour soulager, soutenir. Quelqu’un qui ne parle pas de lui-même, mais qui écoute chaque matin pour dire ce qu’il entend de Dieu. C’est ainsi que le Christ s’est présenté à nous dans son incarnation. Comme l’homme parfait, en parfaite communion avec Dieu. A l’écoute de Dieu et de la souffrance humaine, avec pour chaque situation, une Parole qui soulage, soutien ceux qui en ont besoin. Le « Serviteur » chez Esaïe se présente aussi comme un homme déterminé, quelqu’un qui ne se laisse arrêter par rien pour accomplir sa mission. Ni la violence humaine, ni les outrages et les moqueries, ni les crachats. C’est ce qu’a fait Jésus. Rien n’a pu l’arrêter, pas même la croix et la mort. Car sa confiance était entière en son Dieu. Voilà qui est le roi dont on fête l’entrée à Jérusalem chaque année.

Voilà le Christ aujourd’hui encore, véritable roi d’un royaume éternel. Roi victorieux, ayant reçu tout pouvoir dans le ciel et sur la terre. Il est toujours à l’écoute du Père, dans une communion parfaite, à l’écoute du monde, à l’écoute de chaque prière sincère qui s’adresse à lui. Il éclaire, guide, soulage, guérit, soutien ceux qui croient en lui. Il le fait par sa parole, chaque jour, chaque matin, chaque soir. C’est lui seul qui est capable de changer, de guérir nos cœurs tortueux ; de donner force à nos fragilités. Il vaut la peine de vivre avec lui, de le suivre avec sincérité. Non pas avec des cris qui ne veulent rien dire, comme cette foule de Jérusalem le jour des Rameaux ; non pas pour faire comme les autres, mais profondément, sincèrement. Jésus nous invite à le suivre, à nous engager avec lui. Par la nouvelle naissance, le baptême, le témoignage, le service et la présence dans la vie de son église.

2°) « Béni soit le règne qui vient… »

De quel règne s’agit-il ? Le jour des Rameaux nous fêtons une grande méprise, un terrible malentendu. La foule se réjouit et acclame Jésus et son règne, pensant que ce règne répondrait à leurs désirs d’indépendance. Qu’il les délivrerait de l’occupation romaine. En quelque sorte qu’il leur rendrait la vie plus facile, plus belle. Un peu comme lorsque l’on pense qu’un nouveau Président pourrait régler tous les problèmes et répondre à toutes les attentes. La foule est dans l’illusion du règne qui vient, dans le malentendu. Car le règne qui vient, celui du Christ, n’est pas de ce monde. Il ne vient pas pour nous rendre la vie plus facile, plus belle au sens humain du terme. Ce règne est venu nous libérer du mal, du péché, de la condamnation, de l’esclavage, de la mort éternelle. Ce règne est un règne éternel que rien ne pourra jamais détruire.

Mais n’y a-t-il pas méprise, malentendu chez nous aussi aujourd’hui ? Lorsque l’on pense que la vie chrétienne devrait nous mettre à l’abri de toute épreuve ? Qu’elle devrait nous assurer une vie selon nos désirs ? Que le Roi des Rois, celui qui a reçu tout pouvoir, devrait régler tous nos problèmes, répondre à toutes nos attentes matérielles, ou humaines ? N’y a-t-il pas malentendu chez nous aussi lorsque nous confondons le ciel et la terre, cette vie et la vie éternelle, ce royaume et le royaume de Dieu ? Lorsque nous confondons la sagesse humaine et la sagesse divine, la justice humaine et la justice divine ? Lorsque nous « humanisons » le message de l’évangile ? Ce message certes, s’est incarné dans notre monde en Jésus, mais n’oublions pas qu’une bonne partie de celui-ci concerne un autre monde, une autre vie. Ne nous méprenons pas sur la vie chrétienne, au risque de vivre dans l’illusion et de connaître d’immenses déceptions parfois. Le règne qui vient est réponse à nos attentes et à celles du monde, en ce sens qu’il nous ouvre au salut et sur la dimension spirituelle et éternelle de la vie.

3°) « Allez au village qui est devant vous… »

Le jour des Rameaux, les disciples vivent aussi une expérience hors du commun. Ils vivent un enchainement de situations, de miracles. A première vue, rien d’extraordinaire, rien de très spectaculaire, et pourtant. « Allez… vous trouverez… si on vous dit… vous direz… ». Cette expérience souligne certes, les pouvoirs surnaturels de Jésus, mais aussi un grand principe spirituel de la vie chrétienne, à savoir le principe du « chemin préparé » ou des « œuvres préparées d’avance ». Lorsque nous mettons notre vie, nos dons, nos capacités au service de Dieu (ce qui devrait être le cas de tout chrétien), et que nous écoutons et obéissons à ce que Dieu nous demande, c’est là que nous trouvons des chemins préparés. Les choses s’enchaînent les unes aux autres de façon miraculeuse. Et alors nous devenons des participants à l’œuvre de Dieu dans ce monde, à ce règne de Dieu qui vient. Dieu a « besoin » de toi, de moi, pour lui amener, non pas un âne, mais des âmes perdues. Des membres de nos familles, des amis, des voisins, des collègues de travail… « Allez… vous trouverez… si on vous dit… vous direz… »

La fête des Rameaux nous invite au service. Non pas à faire ce que je veux, mais ce qu’il veut. A trouver ces chemins préparés, ces « œuvres préparées » d’avance dira l’apôtre Paul.

« Béni soit le règne qui vient… »

Réjouissons-nous du royaume qui est venu en Jésus, royaume éternel, sans nous tromper de réalité. Entrons-y si nous n’y sommes pas encore entrés par la foi en Jésus.

Soumettons nos vies à ce roi, mettons nos vies au service de ce royaume pour le faire avancer dans ce monde, pour le salut de beaucoup.

Soyons témoins en cette semaine de Pâques.

Pasteur Joël Mikaélian
25/03/18