Es. 56. 7 et 8 / 1 Cor. 3. 16 et 17 / 6. 18 à 20 / Jean 2. 13 à 25
« Détruisez ce temple et, en trois jours, je le relèverai ».
E
1°) « Ne faites pas de la maison de mon Père … »
C’est bien connu, les protestants évangéliques ne sont pas des promoteurs de la « sacralisation » des bâtiments et des lieux de cultes. La tendance est plutôt vers une « désacralisation » des lieux de cultes et aussi de la piété, au profit d’une pratique plus libre, plus spontanée, plus familière. Ce qui n’est pas un mal en soi. Cette tendance se traduit par une relative liberté par rapport aux lieux de cultes eux-mêmes. Ceux-ci n’étant pour beaucoup que des lieux communs de rencontres, certes spirituelles, mais sans statuts particulier. C’est ainsi que l’on peut se réunir dans des maisons, dans des locaux ordinaires pour rendre un culte à Dieu de façon assez libre. Et cela est tout à fait conforme à la Parole de Dieu. Sauf que liberté n’est pas synonyme de légèreté, de familiarité, de manque de respect… Certes, la Parole de Dieu ne dit pas qu’il faille adorer Dieu dans des cathédrales seulement ! On peut adorer Dieu dans des salles communes. Là n’est pas la question. La question est l’état d’esprit dans lequel nous nous réunissons pour prier ou pour rendre un culte à Dieu. La question est de réaliser que « Là ou 2 ou 3 sont assemblés en mon nom… » dit Jésus, je suis là. La question est de réaliser que là où des chrétiens se réunissent, il est une présence particulière de Dieu. Dieu est là dans son amour, sa compassion, sa bienveillance, mais aussi sa sainteté. La question est de réaliser que la liberté ne dispense pas du respect dû à cette présence ! Certes, en Jésus, Dieu est notre Père, notre « Papa » même ; Jésus est notre ami, mais il est Dieu aussi !
Certes, dans son dialogue avec la femme Samaritaine (Jean 4), Jésus a « désacralisé » le Temple de Jérusalem, en affirmant que « les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ». C’était pour dire que sous la nouvelle alliance, le lieu géographique ne serait plus important. Mais cela n’enlève rien au caractère sacré de tout rassemblement au nom de Jésus. Que le lieu de rassemblement doive être respecté où qu’il soit, quel qu’il soit, même s’il est une pièce insalubre. Car Dieu est là.
« Ne faites pas de la maison de mon Père … »
Quel est notre rapport au lieu de culte ? Au temps de Jésus, le Temple était devenu un lieu de commerce. A partir de bonnes intentions, pour éviter aux adorateurs le transport de leurs sacrifices et offrandes, on leur avait donné la possibilité de les acheter sur place. Par commodité, le temple « maison de prières » était devenu « maison de commerce ». Certes nous n’avons plus aujourd’hui besoin de faire ce genre de sacrifice, Jésus a été le sacrifice parfait pour le pardon de nos péchés. Mais en tant que chrétiens, nous sommes invités à nous rassembler pour adorer Dieu et le prier. Dans quel état d’esprit venons-nous et vivons-nous nos temps de culte dominicaux ? N’avons-nous pas nous aussi nos « dérapages » sous prétexte de commodité, de simplicité, de liberté ? Dieu nous rappelle ce matin par la bouche du prophète Esaïe ce qu’il veut pour un lieu de culte quel qu’il soit : « Ma maison sera appelée maison de prière pour tous les peuple… » Oui, que ce lieu soit « maison de prières », que nos lieux de rassemblements soient « maisons de prières ». « Il y a ici plus grand que le temple… » disait Jésus à ceux qui avaient tendance à tout sacraliser. (Matth. 12. 6). Ce qui fait qu’un lieu devient sacré, c’est la présence de Dieu à travers les chrétiens qui s’y rassemblent pour adorer et prier Dieu.
2°) « Détruisez ce temple… »
Les autorités juives, choquées par l’attitude de Jésus le questionnent : « De quel droit… ? » Et Jésus de répondre en évoquant sa mort et sa résurrection ; son autorité divine qui lui donne le droit de reprendre une pratique devenue répréhensible. Et c’est là aussi qu’en même temps, Jésus compare son corps à un temple, un lieu de la présence de Dieu. Une image que l’apôtre Paul reprendra largement pour l’appliquer aux chrétiens. Malheureusement, les autorités juives ne comprendront pas cela, pas plus que les disciples.
Nous ne comprenons pas toujours, nous aussi, toute l’immensité de Dieu, de la sagesse de ses plans, de son dessein, de sa volonté pour nous comme pour le monde. Mais nous sommes invités à croire ce que sa Parole nous dit et à lui faire confiance.
3°) « Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? »
Dans sa lettre aux chrétiens de Corinthe, l’apôtre Paul reprend l’image de Jésus pour l’appliquer aux chrétiens, à leur comportement vis-à-vis de leur corps et de leur vie intérieure. C’est à partir de là qu’il les met en garde contre le péché, la débauche, tout ce qui touche au corps et à la vie intérieure. Sous la nouvelle alliance l’Esprit Saint est une grâce donnée à tous ceux qui croient en Jésus. Mais c’est une grâce qui nous oblige à la sainteté, à la pureté. Une grâce qui nous oblige à la repentance, à la discipline, à nous abstenir de toute forme de mal. Que ce soit en pensées ou en actes. Une grâce qui nous oblige à de constantes remises en question, que ce soit par rapport à nous-même, notre vie intime, personnelle, mais aussi par rapport à notre vie relationnelle familiale, d’église, professionnelle… C’est régulièrement qu’il nous faut chasser nos « vendeurs du temple », ces habitudes, ces commodités, ces libertés par rapport à Dieu, par rapport aux exigences de la vie chrétienne qui s’installent au fils des jours, des mois, des années… Tiédeurs spirituelles, irrégularité dans la vie de l’église, dans la ponctualité, dans nos engagements vis-à-vis de Dieu et de son église, le témoignage… Relations conflictuelles, amertumes, colère, … orgueil, égoïsme, sans parler des mensonges, hypocrisie, pensées mauvaises, convoitises, débauche…
Que de vendeurs qui s’installent dans nos vies intérieures, dans nos temples intérieurs comme dans nos temples de pierres !
Conclusion :
« Détruisez ce temple et, en trois jours, je le relèverai ».
A l’approche de la Pâques juive, Jésus s’est rendu à Jérusalem pour faire le « ménage » du temple.
En ce temps de carême, qui mène vers Pâques, faisons aussi le « ménage » dans nos cœurs, dans nos vies intérieures; dans notre témoignage, notre façon de vivre et de rendre un culte communautaire à Dieu.
Pasteur Joël Mikaélian
04/03/18