Jr 20. 7 à 10 / Rm 12. 1 et 2 / Mt 16. 21 à 27
Message en arménien
Message en français
« Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même »
C
1°) « Tu m’as persuadé, Eternel… »
« Seigneur, tu as abusé de ma naïveté… » (TOB)
L’expérience de Jérémie illustre bien les propos de Jésus, l’invitation qu’il nous adresse ce matin, en cette rentrée de l’église. « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même ». Jérémie a été un prophète particulièrement maltraité à cause de son obéissance à Dieu. Sa fidélité à Dieu lui vaudra les sarcasmes de ses contemporains, les accusations injustes d’être un traitre de la nation. Elle l’emmènera même en prison et pour finir en déportation en Egypte contre son gré. Il ne connaîtra que peu de jours heureux dans sa vie et dans son ministère de prophète. Ce qui explique qu’il ait écrit le livre des « Lamentations de Jérémie » et qu’il soit devenu jusqu’à aujourd’hui le symbole de la plainte, de celui qui n’arrête pas de se plaindre. L’étymologie du mot « Jérémiade » fait bien allusion au prophète. Mais qu’importe ! L’essentiel n’est-il pas d’obéir à Dieu et d’accomplir sa mission sur terre dans l’obéissance à Dieu, même si cela coûte ? Jésus nous le rappelle ce matin dans le texte de l’Evangile : « Que sert-il à un homme de gagner le monde s’il perd son âme ? » Jérémie dira : « Si je dis : je ne ferai plus mention de lui, je ne parlerai plus en son nom, il y a dans mon cœur comme un feu dévorant… je m’efforce de le contenir, et je ne le puis ».
Aujourd’hui encore, il en coûte parfois d’obéir à Dieu, de rester fidèle à sa Parole. Cela peut nous amener à être mis de côté, à être maltraité ou incompris. C’est parfois cela le renoncement auquel Jésus fait allusion. « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même »
2°) « Dieu t’en préserve, Seigneur ! Non, cela ne t’arrivera pas ! »
Dès lors que Jésus commença à parler de ses souffrances et de la croix, ses disciples n’arrivèrent plus à le suivre ! Ils étaient dans une totale incompréhension. Comment Jésus, le Christ, l’envoyé de Dieu, Dieu lui-même pouvait-il emprunter un tel chemin de croix ? Comment un Dieu si puissant, capable de miracles extraordinaire pouvait-il en arriver là ? Les disciples n’entendirent peut-être même pas la fin de la phrase où Jésus évoque sa résurrection. Pierre réagit immédiatement. L’idée de la souffrance lui paraît inconcevable : « Non ! Cela ne t’arrivera pas ! ». Ce qui lui vaudra les remontrances les plus dures de la part de Jésus : « Retire-toi… Satan… tes vues ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes… ». Et c’est là que Jésus poursuit avec sa fameuse invitation à le suivre. « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même et prenne sa croix… ». Prendre sa croix, Jésus l’a fait pour nous, pour notre salut. Il l’a fait une fois pour toute et pour tous. Sa mort a une valeur expiatoire. C’est notre place qu’il a prise. Du coup, la demande de Jésus ne concerne pas cette croix. Nous n’avons pas à considérer l’invitation de Jésus comme une invitation au martyre. Il nous suffit d’accepter sa grâce et de croire pour être sauvé. La croix que Jésus nous demande de prendre, la nôtre, n’a aucune valeur rédemptrice ou méritoire. Par elle, Jésus veut simplement dire qu’être son disciple, comporte une part de souffrance. Ici, ce n’est pas de renoncement qu’il s’agit, mais d’acceptation. Acceptation d’une part de souffrance, d’épreuve plus ou moins grande que chaque enfant de Dieu doit traverser dans ce monde. Souffrance à porter avec son aide, épreuves à traverser avec sa présence.
Mais, ne sommes-nous pas parfois nous aussi, comme les disciples, comme Pierre ? Considérant la vie chrétienne seulement dans son aspect positif, bienfaisant, paisible, exempt de souffrances ? Certes, l’acceptation est chose difficile. Mais n’oublions pas de considérer la suite de la phrase de Jésus, la suite de son propos. « Qui perd sa vie à cause de moi, l’assurera… Car le Fils de l’homme va venir… dans la gloire de son Père ; et alors il rendra à chacun selon sa conduite ».
3°) « Je vous exhorte donc… à vous offrir vous-même en sacrifice vivant… »
Là encore, pour l’apôtre Paul, il ne s’agit pas tant de mourir que de vivre. Vivre autrement, une vie sainte et agréable à Dieu. C’est aussi cela renoncer à soi, porter sa croix. C’est offrir à Dieu, non pas sa mort, mais sa vie. C’est mettre sa vie au service de Dieu, de son église. C’est ne plus vivre que pour soi, se décentrer de soi de son égo de ses intérêts, pour se tourner vers Dieu et vers les autres. C’est faire des choix dans la gestion de notre temps, de nos capacités ; de nos dons, de nos finances. C’est de ne pas se conformer au monde présent. Ce n’est pas seulement une liste d’interdits, mais bien plus, il s’agit de ne plus vivre comme ceux qui ne suivent pas le Christ. « Offrez vos corps en sacrifice vivant… ce sera un culte raisonnable… Ne vous conformez pas… Soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence… ». Nous aurons l’occasion d’y revenir, ce sera notre thème pour marquer les 500 ans de la réforme.
Conclusion :
« Tu m’as persuadé, Eternel… » Que Dieu ait raison de nous, qu’il nous persuade de le suivre quel qu’en soit le prix à payer. Non pas le prix de notre salut, c’est Jésus qui l’a payé de sa vie. Mais le prix pour le suivre et vivre une vie qui le glorifie, qui obéisse à sa Parole. A l’image de Jérémie, de Jésus et de bien d’autres qui l’ont suivi comme l’apôtre Paul.
Que Dieu nous persuade, qu’il soit le plus fort sur nous.
Pasteur Joël Mikaélian
3/09/17