Lecture : Ez. 18. 25 à 32 / Marc 7. 18 à 23

« Faites-vous un cœur neuf et un esprit neuf… »

Une des choses qui caractérise la rentrée scolaire pour les enfants, c’est la joie du neuf ! Faire sa rentrée avec des habits neufs, un cartable neuf, des fournitures scolaires neuves, et surtout, des cahiers neufs. C’est toujours une expérience particulière, que de commencer un cahier neuf. On s’applique, même si l’on sait que cela ne durera pas. Mais qu’importe, l’enfant est heureux. Il éprouve un sentiment de nouveauté, la joie de ce qui est neuf. « Faites-vous un cœur neuf… ». Au-delà de cette pensée puérile à propos de la rentrée scolaire (N’oublions pas que nous avons tous été des enfants), la Parole de Dieu nous exhorte à faire du neuf. Parce que, avec le temps, tout s’use, s’abîme, perd de son éclat, de son intérêt, de sa valeur, de son importance. La vie spirituelle comme la vie d’église n’échappe pas à cette règle. La vie quotidienne avec son lot de joie, de pression, de contrariété d’inquiétude, ses habitudes, nous entrainent dans des ornières ou des impasses où les choses peuvent perdre de leur saveur. D’où l’importance de cette parole du Seigneur : « Faites-vous un cœur neuf… ». Parole qui nous encourage à revisiter nos vies intérieures et nos relations en cette rentrée d’église. Mettons-nous à l’écoute de Dieu.

 

1°) « Faites-vous un cœur neuf… »

C’est tout d’abord ce que le Seigneur dit au peuple d’Israël par la bouche du prophète Ezéchiel. Tout le chapitre 18 du livre d’Ezéchiel traite d’une remise à niveau sur un point théologique particulier. Celui de la responsabilité individuelle devant Dieu, et de la perfection de son pardon et de sa grâce. La chapitre 18 est une réponse cinglante à une pensée ancienne qui a la vie dure, à savoir : « Les pères ont mangé du raisin vert et les dents des fils ont été agacées ». Il s’agit de cette fausse idée que les conséquences des péchés se transmettraient de génération en génération. Certes, il y a une part d’hérédité dans la vie de chacun. Mais accentuer cette pensée et en faire un principe conduit tout droit à de l’injustice (subir les conséquences des péchés de ses ancêtres) et à de l’irresponsabilité (Ce n’est pas ma faute, c’est celle d’Adam). Non, dit le Seigneur, cela ne marche pas : « l’âme qui pèche, c’est elle qui mourra ». Le même chapitre fait également une mise au point sur le pardon et la grâce de Dieu. Dieu dit que Si le juste se détourne et agit comme le méchant, il mourra. On ne se souviendra pas de la justice qu’il a pratiquée. Cependant, si le méchant se détourne de tous ses péchés, il vivra. On ne se souviendra plus de toutes ses révoltes. Ce n’est pas juste dit le peuple ! « La façon d’agir du Seigneur n’est pas correcte ! ». Et pourtant Oui. Dieu regarde au cœur, il juge, mais il fait grâce aussi à celui qui se repend. Ne raisonnez plus de façon humaine ! « Faites-vous un cœur neuf… ». Qu’est-ce que cela veut dire concrètement ?

« Faites-vous un cœur neuf… ». Par cette parole, le Seigneur nous renvoie chacun à nous-mêmes. Il nous invite à un examen personnel de notre relation avec lui. A ne pas chercher des « boucs émissaires », des responsables de nos situations. Il ne sert à rien de passer sa vie à accuser, à juger les autres, si on ne s’est pas d’abord regardé soi-même. Faute de quoi, on risque de se retrouver en décalage avec la réalité et s’enfermer dans une sorte de religiosité pharisienne que Jésus dénonce. Alors qu’ils condamnaient les disciples de Jésus pour une histoire de lavement des mains avant le repas, Jésus leur dit : « Vous annulez la parole de Dieu par la tradition que vous transmettez… C’est du cœur des hommes que sortent les intentions mauvaises… ». Les pharisiens s’étaient fait une tradition religieuse et se réfugiaient derrière des rites en mettant de côté la pureté du cœur et l’amour envers les autres. Jésus les invite à veiller d’abord sur leur vie intérieure, afin qu’elle soit pure devant Dieu. Que notre cœur soit pur devant Dieu, et alors on ne s’égarera pas dans des voies, des situations contraires à sa volonté. Que devons-nous faire ?

2°) « Revenez donc et vivez ! »

Dit le Seigneur. Le Seigneur nous invite sans cesse à revenir vers lui. A mettre de côté les idées ou pensées erronées qui se sont forgées en nous au fil du temps, au fil de notre vie. Des idées ou des pensées qui nous ont conduits à des relâchements, ou à de la tiédeur spirituelle, à de l’indulgence vis-à-vis du mal, du péché. Il nous invite à abandonner les raisons que l’on s’est données, les fausses justifications de nos désobéissances. « Pourquoi devriez-vous mourir ? » dit le Seigneur. « Je ne prends pas plaisir à la mort de celui qui meurt… ». Que le Seigneur nous accorde la grâce de nous placer sincèrement devant lui ce matin. Sans regarder aux autres, sans chercher à fuir, sans nous cacher derrière nos traditions religieuses, nos engagements de façades, notre propre justice. « Moi je… suis bien, pas comme les autres… c’est ma façon de voir… » ! Et Dieu, comment te voit-il ? Le neuf, le renouveau est à ce prix, au prix de la sincérité devant Dieu. Que l’Esprit Saint nous aide à nous faire un cœur neuf. Que nous puissions commencer un nouveau cahier neuf avec lui en cette rentrée. Même si l’on sait qu’avec le temps certaines choses s’useront à nouveau. Mais c’est ainsi que l’on grandit année après année dans la vie chrétienne.

3°) « Faites-vous un cœur neuf… »

Dans quel autre domaine aussi ? Une relation sincère avec Dieu, nous entraine nécessairement à des changements dans nos relations avec les autres. Que ce soit dans la famille, l’église, la vie sociale, apprenons régulièrement à faire du neuf. A oublier, à pardonner comme le Seigneur nous pardonne. Arrêtons de juger, de nourrir des préjugés. Sortons de nos clans, de nos affinités, allons vers les autres. N’enfermons pas les uns ou les autres dans leur passé. Ne nous arrêtons pas à des expériences négatives du passé. Ne disons pas « ça ne changera pas… il ou elle ne changera pas… ». Certes, c’est peut-être vrai, mais si c’était moi qui changeais ?

Conclusion

« Faites-vous un cœur neuf… »

Dans votre engagement d’église, de membre d’église ; dans ces habitudes de consommateurs de la vie d’église ; de s’attendre toujours à recevoir et si peu à donner ; dans ces habitudes d’irrégularité, de manque de ponctualité, d’absences aux réunions de semaines… « Faites-vous un cœur neuf… ».

Faisons-le par amour. Amour pour Celui qui a tant fait pour nous ! Amour pour celui qui a quittés sa gloire pour venir sur terre mourir à notre place sur la croix. Amour pour Celui qui s’est donné pour que tous ceux qui croient en lui aient la vie, la vie en abondance, et l’éternité comme destinée !

« Garde ton cœur plus que tout autre chose, car de lui viennent les sources de la vie » (Prov. 4. 23).

Je ne sais pas ce que tu dois changer dans ton cœur, dans ta vie, dans tes relations avec Dieu et avec les autres, mais je sais que toi tu sais. L’Esprit Saint sonde les cœurs ; à nous de lui obéir avec joie et amour.

Pasteur Joël Mikaélian
02/09/18