Lecture : Es 41. 10 à 13 / Actes 8. 1 à 4 / Apoc. 1. 9 à 18

« Ne crains pas, je suis le premier et le dernier et le Vivant… »

Alors qu’il est en exil sur l’île de Patmos, l’apôtre Jean saisi par l’Esprit Saint, entend une voix et reçoit une vision extraordinaire du Christ ressuscité. C’est au cours de cet exil qu’il recevra également plusieurs visions et révélations qu’il consignera dans le livre de l’Apocalypse, qui veut dire « révélation ». La persécution des chrétiens ne date pas d’hier. Dès les origines, au premier siècle déjà, le pouvoir romain avait tenté d’éteindre la foi chrétienne naissante. Le livre des Actes des Apôtres nous parle de la mort d’Etienne, premier martyr de l’histoire chrétienne. Depuis ce jour, beaucoup ont tenté de détruire l’Eglise du Christ sans jamais y parvenir. Et nous savons que nul n’y parviendra, car la foi de l’Eglise repose sur le Christ ressuscité. Celui qui a promis de veiller sur son Eglise jusqu’à son retour. Le peuple arménien s’est aussi, depuis longtemps, inscrit dans cette lignée de martyr. Il a maintes fois résisté aux persécutions. Persécutions qui ont atteint le sommet de l’horreur au siècle dernier sous la forme d’un Génocide, le 1er Génocide du XXème siècle. En ce jour de commémoration, méditons sur ce que la Parole de Dieu veut nous dire. Quel message a-t-elle à nous adresser ?

1°) « Ceux donc qui avaient été dispersés allèrent de lieu en lieu… »

Le livre des Actes des Apôtres nous dit que le jour où Etienne fut lapidé, une violente persécution eut lieu contre l’église de Jérusalem. Beaucoup furent contraints de quitter la ville pour échapper à la mort. Ils allèrent de lieu en lieu, annonçant la Bonne Nouvelle du salut en Jésus Christ. Le but recherché par les persécuteurs fut à l’inverse de ce qu’ils pensaient, de ce qu’ils avaient espéré. Non seulement l’église ne disparut pas, mais elle se multiplia au-delà de Jérusalem. Certes il y a eu des souffrances, des condamnations, des lapidations. Mais au milieu des persécutions, le nombre de chrétien ne cessa de croître.

Au siècle dernier, dans l’empire Ottoman en pleine débâcle, de nombreux chrétiens dont les Arméniens furent exterminés par le gouvernement jeune turc. Un gouvernement auquel les Arméniens avaient fait confiance, et qui s’est avéré pire que ses prédécesseurs. En quelques mois, ceux-ci décidèrent de supprimer totalement la présence chrétienne de leur territoire, et en particulier les Arméniens. C’est ainsi que du jour au lendemain, à partir du 24 avril 1915, les Arméniens furent massacrés. Certains furent contraints à se convertir à l’islam, d’autres préférèrent la mort. D’autres encore furent déportés dans les déserts de Syrie. Plusieurs parmi eux devaient trouver la mort dans ces convois de l’horreur. Du jour au lendemain, ils ont dû tout quitter pour partir sans savoir où ils allaient, sans savoir de quoi demain serait fait. Aujourd’hui, en commémorant leur martyre, nous voulons saluer, honorer leur courage, la force de leur foi qui permit aux quelques survivants de ces convois de la mort, de se reconstruire dans un bon nombre de pays d’accueil, comme en France.

Depuis, que de chemin parcouru ! Malgré la souffrance, les épreuves, la dispersion, les Arméniens sont allés de par le monde, ont constitués des diasporas florissantes et respectées. Partout, ils ont construits des églises, témoignage de leur foi chrétienne. Ils ont construit des écoles, et sont devenu pour beaucoup, des citoyens exemplaires. Aujourd’hui, malgré le déni des gouvernements turcs successifs, le négationnisme de l’état turc, le Génocide des Arméniens est reconnu dans le monde entier. La vérité éclate au grand jour, la justice est en route. Les héritiers des coupables perdent leur sang froid, à l’image des propos scandaleux du Président turc cette semaine. Aujourd’hui la commémoration du Génocide des Arméniens est même inscrite au calendrier de la République Française. Dans plusieurs lieux, c’est même l’état Français qui commémore ce Génocide. Dieu est juste, il n’a pas oublié ce qui s’est passé, il n’a pas été insensible à ces persécutions. Comme il n’est pas insensible aux persécutions d’aujourd’hui, de son église au Sri Lanka, au Moyen Orient, en Afrique, en Coré du Nord…

2°) « Ne crains pas car je suis avec toi… »

Tel est le message que Dieu n’a cessé de transmettre au peuple d’Israël lors de son exil du temps du prophète Esaïe. Un message rassurant, une invitation à la confiance ; confiance en sa présence. Mais la Parole de Dieu invite aussi le peuple à regarder au-delà de sa situation. Le Seigneur encourage son peuple et l’invite à réaliser qu’il est Dieu, qu’il est là avec eux, bien présent au sein de leur épreuve. Mais il l’invite aussi à porter un regard confiant en l’avenir. A prendre en compte que l’histoire n’est pas figée et que les persécuteurs d’aujourd’hui ne seront plus demain. « Voici qu’ils seront honteux… ils seront comme rien et périront, les gens en querelle avec toi ; tu les chercheras et tu ne les trouveras plus… ils seront comme rien, comme néant… ». C’est ce qui s’est passé à cette époque pour l’empire Babylonien.

Apprenons nous aussi à voir le monde avec les yeux de la foi. A voir nos vies, nos situations difficiles, avec les yeux de la foi. A voir le Seigneur qui est avec nous, présent au sein de nos détresses, de nos inquiétudes, de nos craintes face à l’avenir. Pour nous comme pour notre peuple, la justice finira toujours par s’imposer et réduire au silence les adeptes du mensonge.

3°) « Ne crains pas, je suis le premier et le dernier et le Vivant… »

C’est ce le même message que le Seigneur ressuscité adresse à l’apôtre Jean, alors qu’il est en exil sur l’île de Patmos. Il se révèle à lui dans une vision grandiose. Ce qu’il voit est si fort, si puissant, qu’il tombe comme mort aux pieds du Christ glorifié. Cette vision renouvellera la foi et le courage de l’apôtre et de tous les martyrs de cette époque comme de celles qui ont suivies.

Aujourd’hui, portons nous aussi nos regards vers cette vision glorieuse du Seigneur. Jésus n’est plus le Dieu incarné qu’il a été lors de son séjour sur terre pour accomplir le salut de l’humanité. Il est dans sa gloire, il est vivant et a reçu tout pouvoir. Il est extrêmement puissant, même s’il n’use pas toujours de sa toute puissance. Il le fait selon sa volonté, selon un plan bien précis que nous ignorons. Vivons notre foi avec ce Sauveur et ce Seigneur glorieux. Que la vision de sa gloire nous remplisse de force, d’espérance et ravive sans cesse notre prière.

Conclusion :

« Ne crains pas, je suis le premier et le dernier et le Vivant… »

Que le Seigneur renouvelle notre foi. Rendons lui grâce aujourd’hui de ce qu’il n’a pas abandonné le peuple arménien ; de ce qu’il n’abandonne jamais ses enfants, même au sein des persécutions.

Comme les premiers chrétiens, soyons témoins de l’Evangile.

Et prions pour toutes celles et tous ceux qui subissent aujourd’hui encore des persécutions.

Pasteur Joël Mikaélian 28/04/19