Lecture : Es. 6.1 à 8 / Luc 5. 1 à 11

« Qui enverrai-je ? Qui donc ira pour nous ? »

Telle est la question qui parcourt toute la Bible. Dieu est à la recherche de l’homme. Depuis le jardin d’Eden il le cherche : « Adam, où es-tu ? ». En ces temps de crise économique, où l’homme n’est plus qu’un consommateur, sans aucune autre perspective de vie que le consumérisme, l’appel de Dieu fait entendre une autre voix, celle de la grâce. Grâce qui invite l’homme à prendre sa place au centre de la création, comme « gestionnaire » de cette création. Cet appel lui dit que sa valeur ne dépend pas de ses possessions, de ses richesses, de ses capacités, mais simplement de sa nature de créature de Dieu. Dans un monde où tout est valeur marchande, où il vaut mieux être jeune, riche et en bonne santé que pauvre, vieux et malade, Dieu fait entendre un autre son : le son de la grâce ! Une grâce qui donne et redonne à chacun la dignité d’être créature aimée de Dieu. Les textes que nous avons lus ce matin sont généralement des textes que l’on adresse pour susciter des vocations pastorales ou missionnaires. Mais sans remettre en cause cela, il semble que cet appel, qui donne sens à la vie, concerne aussi tout un chacun. Ouvrons nos cœurs afin de l’entendre.

1°) « Qui enverrai-je ? Qui donc ira pour nous ? »

Comme souvent, l’appel à servir Dieu, à être son témoin, surprend celui ou celle qui le reçoit. Peut-être qu’il nous surprend ce matin. Dimanche dernier, nous avons parlé de l’appel de Jérémie, qui disait à Dieu : « je suis trop jeune ! » pas moi, trouve quelqu’un d’autre ! Esaïe lui, réagit autrement. Il vit une expérience extraordinaire de la présence de Dieu, de sa sainteté. Et il est émerveillé, ébloui par cette sainteté. Il ressent toute sa misère, son péché, son humanité… Et c’est là qu’intervient la grâce de Dieu. Une grâce qui élève, qui redonne dignité, une grâce qui pardonne, qui purifie qui rend saint. Pour nous cette grâce s’est manifestée en Jésus par son sacrifice à la croix. Aujourd’hui, en Jésus, Dieu nous dit comme jadis à Esaïe : « Ta faute est écartée, ton péché est effacé ». Il te suffit de croire. En Jésus, par son sacrifice à la croix, nous pouvons sans cesse obtenir le pardon de nos fautes. Car Dieu ne se lasse pas de nous pardonner.

C’est à ce moment que résonne l’appel de Dieu qui donne sens à la vie.  « Qui enverrai-je ? Qui donc ira pour nous ? » ? La grâce de Dieu est une grâce qui appelle. C’est là que l’on a tendance parfois à regarder ailleurs, à côté de soi ou derrière soi : « Qui Dieu appelle-t-il ? Ce n’est tout de même pas moi ! Je ne suis pas venu pour ça ce matin ! Je suis venu pour louer Dieu. Je suis venu pour être encouragé, fortifié, pour vivre un temps de communion, pour participer à la Cène… » Certes, c’est bien là tout le sens du culte, et c’est beau. Mais comme pour Esaïe, la grâce ne s’arrête pas là, elle appelle au service. Peut-être pas pour être prophète, mais au moins témoin. Elle nous appelle à servir dans l’église à travers les différents services que l’église propose ! (le culte, les enfants, la vie communautaire, la mission, l’évangélisation, la communication, l’entretien, les visites, la prière, le ménage…). La liste n’est pas exhaustive. « Qui enverrai-je ? Qui donc ira pour nous ? » Dieu embauche ! Dieu cherche des ouvriers ! Mais pourquoi faire ?

2°) « Sois sans crainte, désormais tu seras pécheur d’hommes »

Sur les bords du lac il y avait deux barques. Des pécheurs lavaient tranquillement leurs filets. Ils étaient bien, vivaient leur vie simplement. Et voilà que Jésus vient les déranger. Il monte dans la barque de Simon et enseigne la foule qui s’installe sur les bords du lac. Puis Jésus les dérange encore, il veut les amener pécher. Eux n’ont pas envie, ils ont fini leur nuit, ils sont fatigués et veulent simplement rentrer chez eux se reposer. Simon cède quand même et c’est la surprise, une pêche miraculeuse ! Il ne sait plus quoi dire, il tombe à genoux devant Jésus : « Je suis pécheur… ». Je ne suis pas digne de ce que tu viens de faire, de me donner… ! « Seigneur, je ne suis pas digne de ta grâce. Ce n’est pas quelques poissons que tu m’as donnés, c’est ta vie ! Ta vie comme rançon de la mienne. Rançon qui me libère de la mort ! Seigneur, tu m’as donné beaucoup plus que quelques poissons, et moi j’attends toujours que tu me donnes des poissons. Et toi tu me dis » : « Sois sans crainte, désormais tu seras pécheur d’hommes ». Quelle belle vocation, quelle dignité ! La vie chrétienne ne se résume pas au consumérisme fut-il spirituel ! Le Seigneur a besoin de toi, de moi pour ramener à lui ceux qui sont loin, ceux qui se perdent ou s’égarent loin de lui. C’est peut-être un frère, une sœur, un père, une mère, un fils, une fille, un parent, un collègue de travail, un copain, un voisin…

3°) « Me voici, envoie-moi… »

Esaïe a répondu. Qu’il ait été écouté, là n’est pas la question. La question est l’obéissance. Les disciples ont répondu. Ils ont bouleversé le monde par la puissance de l’Esprit Saint. Mais ils ont « galéré ». Ils ont dû quitter leur tranquillité, abandonner leurs rêves, leurs vies professionnelle, familiale, certains même y ont perdu la vie. Mais, sans aller jusque-là, si nous commencions par notre entourage ? Si nous commencions à servir dans l’église ? Si nous donnions, redonnions du sens à notre vie chrétienne par notre engagement, notre témoignage ?

Conclusion

« Qui enverrai-je ? Qui donc ira pour nous ? »

Cet appel est une grâce, une grâce qui appelle à la vie et qui donne sens à la vie. Au-delà de nos projets personnels, familiaux, professionnels, qui sont honorables et qui ont toute leur place, le Seigneur nous appelle. Il t’appelle à servir, à être témoin de son amour, de sa paix, de sa joie, du salut en Jésus. « Sois sans crainte, désormais tu seras pécheur d’hommes ». « Vous recevrez une puissance, le Saint Esprit qui viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem… jusqu’aux extrémités de la terre » (Actes 1. 8)

Que répondons-nous ?

« Me voici, envoie-moi… » Soyons des témoins fidèles du Seigneur. C’est ce qui donne et redonne sens à cette vie.

Pasteur Joël Mikaélian

10/02/19