Lectures : Matth. 16. 13 à 20 / Es. 22. 19 à 23 / Apoc. 3. 7 à 11

« Mais vous, qui dites-vous que je suis ? »

« Qui disent les hommes que je suis ? ». Jésus serait-il tributaire comme nous, des considérations humaines ? A-t-il lui aussi ce besoin de reconnaissance, qui se traduit aujourd’hui à travers les réseaux sociaux ? Ou bien, recherche-t-il l’approbation du plus grand nombre, à la manière des candidats en période électorale ? Est-il soucieux de sa côte de popularité, ou plutôt, souhaite-t-il savoir si l’on a bien compris qui il est, quel est son message, sa mission ? Certes, la plupart d’entre-nous, si ce n’est tous, connaissons la bonne réponse à la question. Et nous nous empresserions de dire comme Pierre : « Tu es le Christ… », si la question nous était posée. Mais sommes-nous toujours conscients de ce que cela veut dire ? De plus, le texte de l’évangile du jour soulève de nombreuses questions sur l’Église : Pierre est-il le fondement de l’Église ? A-t-il les clefs du royaume des cieux ? Comment comprendre ces paroles de Jésus à la lumière d’autres textes qui semblent les contredire ? Quelle promesse recevoir à travers ces paroles ce matin ?

1°) « Tu es le Christ… »

C’est une belle confession de foi que Pierre déclare ici. Mais que veut-elle dire réellement ? Reconnaître Jésus comme le Christ, c’est reconnaître qu’il est le Messie promis, l’envoyé de Dieu. C’est reconnaître que Jésus n’est pas seulement un homme, mais qu’il est Dieu aussi. Qu’il vient d’un autre monde, d’une autre dimension. C’est par conséquent accorder une attention toute particulière à son message. C’est reconnaître que tout être humain est pécheur, privé de la gloire de Dieu, condamné à la perdition éternelle. C’est reconnaître que je suis pécheur, condamné à cause du mal qui est en moi. C’est reconnaître que j’ai besoin d’être sauvé, pardonné, libéré de cette condamnation à mort. Et c’est croire que Dieu me fait grâce. Croire que Jésus a subi la condamnation à ma place en mourant sur une croix. En lui, je suis pardonné une fois pour toute, pour tous mes péchés. Je suis restauré. Je deviens un enfant de Dieu appelé à vivre en nouveauté de vie, une vie nouvelle d’obéissance à l’Évangile. En lui, j’ai la vie éternelle, je suis aimé, pardonné, compris, soutenu, secouru… En lui, j’ai tout pour cette vie et celle à venir. Reconnaître que Jésus est le Christ, c’est croire en Lui, à son message et entrer dans une nouvelle dimension de vie. C’est être rempli de reconnaissance et d’adoration pour cette grâce. C’est être heureux, selon les paroles de Jésus à Pierre !

2°) « Tu es Pierre… »

Cette déclaration de Jésus a donné lieu à diverses interprétations au cours de l’histoire de l’Église. Elle a été source d’incompréhension, prétexte à des polémiques et des schismes importants au sein de l’Église. Elle est à l’origine de la succession apostolique qui a fait de l’évêque de Rome, le Pape, le chef unique de l’Église. Ce que de nombreuses autres églises contestent, comme les protestants. Sans entrer dans les détails des diverses interprétations de ce texte, on peut voir à la lumière d’autres textes, comme celui de l’Apocalypse, qu’il faut se garder ici d’une interprétation littérale. Dans toutes les épîtres, de Paul comme de Pierre, c’est le Christ qui est le fondement de l’Église, la pierre angulaire. C’est lui qui est le chef, la tête. C’est sa Parole qui est l’autorité, la référence. C’est lui qui détient les clefs du Royaume des cieux et qui décide. C’est lui le seul juste juge, car il juge non à l’apparence mais au cœur (ce qu’aucun humain ne peut faire). Nos jugements porteront toujours la marque de nos imperfections et de nos limites.

Mais à côté de cela, nous pouvons dire qu’à défaut d’être le fondement de l’Église, Pierre en a été le fondateur au jour de la Pentecôte. Nous pouvons dire aussi que, s’il n’a pas réellement les clefs du Royaume, il est avec tous les autres chrétiens, dépositaire d’une Parole, celle du Christ, qui de fait juge celui qui l’entend ; le sauve ou le condamne selon qu’il y croit ou pas. Ce qui est plus conforme à l’ensemble des Écritures Saintes. C’est probablement ce que Jésus a voulu dire ici.

3°) « Je bâtirai mon Église… »  

Quelle belle promesse pour nous, en ces temps incertains, où l’Église semble s’éteindre. À l’image de l’Église de Philadelphie dans le livre de l’Apocalypse. Une Église faible, mais fidèle à la Parole du Christ. Une Église faible, mais aimée de Dieu. Une Église qui sera gardée à l’heure d’une grande épreuve qui touchera l’humanité entière. C’est à cette Église que le Christ recommande de tenir ferme : « Tiens ferme ce que tu as… ». C’est à elle qu’il promet la victoire si elle reste fidèle. C’est à elle qu’il promet d’être une colonne dans le temple éternel de Dieu. C’est à elle qu’il promet un salut éternel : « il n’en sortira jamais plus ». C’est à elle aussi qu’il dit : « Je viens bientôt… ». Quels messages et quelles promesses pour nous ? Alors que les circonstances nous interdisent de nous réunir librement en Église. Alors que nous sommes contraints de « faire Église » autrement ; d’inventer de nouvelles formes d’église ! Certes, nous espérons et nous prions pour que cette crise sanitaire prenne fin. Nous prions pour la guérison des personnes atteintes par le virus. Nous prions pour que Dieu donne la sagesse à ceux qui gouvernent, comme aux scientifiques qui œuvrent pour le bien de tous. Mais nous ne savons pas comment l’Église sortira de cette crise. Certes, nous ne savons pas, mais nous pouvons affirmer, à la lumière de ces textes bibliques, c’est que rien ne pourra jamais détruire l’Église du Christ, celle fondée sur cette confession de foi de Pierre. Plus de vingt siècles d’histoire, de divisions, de persécutions, de confrontations avec d’autres religions ; de remise en question par des pensées philosophiques, des idéologies athéistes, des temps de répression politique aussi, n’ont pas eu raison de l’Église. Rien ne pourra jamais avoir raison de l’Église fondée sur le Christ Jésus. Quelle soit de confession Catholique, Orthodoxe, Apostolique Arménienne, Baptiste, Évangélique… Elle demeurera jusqu’à la fin des temps. C’est promis par le Christ lui-même, celui qui bâtit son Église depuis plus de vingt siècles. Il veillera sur elle, la bâtira jusqu’à son retour.

« Qui dites-vous que je suis ? »

Qui est Jésus pour toi, pour nous ? Est-il le Christ venu dans ce monde pour nous révéler notre état de pécheur, la réalité d’une autre vie, éternelle et du moyen d’y accéder ? Si tu le crois, tu es heureux. Si non, il t’invite à le croire aujourd’hui.

Il est le seul chef, le seul juste juge, la tête de l’Église. C’est sa Parole qui fait force d’autorité sur la vie de l’Église.

Depuis plus de vingt siècles, il bâtit son Église. En faire partie, c’est faire partie de ce corps que rien ne pourra jamais détruire.

Pasteur Joël Mikaélian – 23/08/2020

Qui est Jésus ?