Le Seigneur lui-même vous donnera un signe

Lectures : Es. 7. 10 à 16 / Matth. 1. 18 à 25

« Le Seigneur lui-même vous donnera un signe… »

Nous est-il arrivé de demander un signe à Dieu ? Quelque chose de surnaturel, d’inattendu ? Quelque chose de tangible qui puisse répondre à nos doutes, nos besoins, nos attentes ? Ce serait tellement plus simple de croire ! Nous est-il arrivé de dire : « Seigneur donne-moi un signe de ta présence, de ton amour, de ta bonté, de ta puissance, de ta justice… un signe que tu entends bien ma prière… ». Certes, la question des signes reste une question délicate, à manier avec prudence. Et l’interprétation que l’on pourrait en donner également. Ailleurs, l’Écriture nous met en garde contre de telles demandes qui pourraient être l’expression de notre incrédulité. Mais parfois, comme ici, c’est le Seigneur lui-même qui propose un signe et qui le donne. Que penser de cela ? Quelle attitude adopter aujourd’hui ? Quel message recevoir en ce 4ème dimanche de l’Avent ?

1°) « Demande un signe pour toi… »

Le roi Akhaz (ancêtre de Joseph, « père » de Jésus), n’a pas laissé dans l’histoire, l’image d’un souverain pieux. Il fait partie de la liste des rois d‘Israël impies ; ce que notre texte paraît contredire. Surtout lorsqu’il dit : « Je ne mettrais pas le Seigneur à l’épreuve… ! ». Mais un examen attentif du contexte plaide en faveur du contraire ! En effet, en ce temps-là, Akhaz était en danger. Il avait peur d’être envahie par la Syrie et le royaume du nord. C’est à ce moment que Dieu envoie le prophète Esaïe pour lui dire : « Reste calme, ne crains pas… cela ne sera pas… ». Et de préciser « Si vous ne croyez pas, vous ne subsisterez pas… ». Akhaz ne voulait justement pas y croire. Il ne voulait pas avoir affaire avec Dieu. Il préféra faire appel aux Assyriens qui le sauveront certes, mais qui l’opprimeront par la suite. Pour Akhaz, faire appel à Dieu, c’était faire un acte de foi et d’obéissance, ce qu’il ne voulait pas. Et c’est plutôt dans ce sens qu’il faut entendre son refus de demander à Dieu un signe tangible pour lui permettre de croire ce que lui a dit le prophète. Dans sa détresse il préféra faire appel au secours humains plutôt que de s’attendre à Dieu. Akhaz ne comprit pas grand-chose à Dieu, pas plus qu’aux paroles prophétiques d’Esaïe qui annonçaient le plus grand des signes que Dieu ait donné à l’humanité, le signe de l’Emmanuel, Dieu avec nous ! Ne sommes-nous pas parfois comme lui ? Trop préoccupés par la pression des circonstances au point de douter de Dieu et de chercher du secours ailleurs ? Au point de ne plus entendre cette voix qui nous dit « Reste calme, cela n’arrivera pas…, ce que tu crains n’arrivera pas ! ». Au point aussi d’oublier le plus grand des signes que Dieu nous ait donné, savoir, la naissance miraculeuse de Jésus !

2°) « Voici que la jeune femme… enfante un fils… Elle enfantera un fils… »

L’ange du Seigneur fait échos aux paroles d’Esaïe, à l’annonce du grand signe de Dieu. Il aura fallu des siècles pour que la parole prophétique d’Esaïe s’accomplisse. Des siècles, qui nous indiquent combien les paramètres du temps de Dieu sont éloignés des nôtres ! Sans que cela ne remette en cause la véracité des paroles de Dieu ! Et là encore, ce n’est pas le discernement qui caractérisera la génération qui verra cet accomplissement. Malgré les nombreux signes, miracles, que les contemporains de Jésus verront, la plupart d‘entre eux resteront indifférents. Ils ne croiront pas ! Ils en demanderont toujours davantage, au point d’exaspérer Jésus qui dira à plusieurs reprises : « Une génération méchante et adultère demande des signes… il ne leur en sera pas donné d‘autres que le signe de Jonas » (Matth. 12. 39 – 16. 4) C’est-à-dire, pas d’autres signes que la résurrection. La naissance miraculeuse de Jésus n’aura pas suffi ; la multitude des signes miracles n’aura pas suffi ; l’immense sagesse, l’amour, la bonté, le discernement du Seigneur non plus. Alors Jésus dira : « Stop, ça suffit… rien d’autres que la résurrection ». Pourquoi n’ont-ils pas cru ? Parce que cette génération était davantage préoccupée par la situation politique du pays que par le royaume de Dieu. Davantage préoccupée par ses besoins matériels quotidiens, par ses projets de vie, ses affaires personnelles, familiales, ses ambitions, ses égos…, que par le royaume de Dieu. C’est ce que Jésus dénoncera sans cesse dans les évangiles. N’est-ce pas ce qui se passe aujourd’hui encore ? Ainsi va le monde. On fêtera Noël, la naissance du sauveur du monde, souvent sans lui ! Avec la dinde certes, le foie gras, mais sans lui. Cette année, on fêtera Noël aussi sans trêve ! Pas de trêve dans les conflits sociaux ! Et peut-être pas de trêve non plus dans nos conflits plus personnels… Pas d’amour nouveau, pas de renouvellement de notre foi, de notre engagement… Rien de neuf en quelque sorte ! Rien ! Triste Noël !

3°) « Emmanuel… Dieu avec nous…, Jésus… il sauvera des péchés… »

Deux prénoms pour un seul homme ! Pourquoi ? Parce qu’en Christ ces deux vérités se conjuguent ! Dieu avec nous, Dieu parmi nous, espérance, sécurité, secours, conseils, soutien… « Vous avez tout pleinement en Christ… ». « Jésus », Dieu qui nous sauve de nos péchés, qui les a tous portés à la croix. Il a cloué à la croix l’acte d’accusation contre nous. Jésus, Sauveur, notre Sauveur. Avec lui, la fête change. Elle peut être simple ou riche, elle sera toujours belle, sincère, vrai, joyeuse, de la joie du salut.

Noël est le plus grand signe que Dieu ait donné à l’humanité. Noël est aussi un signe qui engage ceux qui croient. « Si quelqu’un est en Christ, il est une nouvelle création… ». Jésus est venu pour être avec nous, pour nous sauver de nos péchés et nous donner part à la vie éternelle. Mais il est venu aussi pour nous transformer à son image par l’Esprit Saint qu’il nous a donné. N’avons-nous pas tendance à l’oublier trop souvent ? Que ce Noël, soit aussi l’occasion de nous rappeler que nous sommes de nouvelles créations. Que nos vies témoignent du Christ et de sa présence en nous.

« Le Seigneur lui-même vous donnera un signe… »

Il y a plusieurs siècles déjà que Dieu a accompli la promesse de l’Emmanuel, en Jésus. Sa présence aujourd’hui se manifeste par l’Esprit Saint, par sa Parole, par des signes parfois tangibles, parfois plus discrets, invisibles … Avons-nous compris et accepté ce grand signe de Dieu ?

Ayons foi en Dieu. Que le grand signe de Noël ne passe jamais inaperçu pour nous. Réalisons tout à nouveau ce matin ce qu’il signifie pour nous, ce qu’il nous a apporté et ce qu’il nous apporte chaque jour.

Ne soyons pas des « Akhaz », ou semblables aux générations d‘incrédules qui jonchent l’histoire de l’humanité. Vivons pleinement Noël, comme Marie et Joseph, comme les bergers et les mages, comme tous les disciples qui l’ont suivi depuis. Joyeux Noël !

Pasteur Joël Mikaélian – 22/12/19