Apoc. 1. 12 à18 / Apoc. 6. 9 à 11 / Jean 20. 24 à 28
« J’étais mort, et voici, je suis vivant pour les siècles des siècles »
Cette semaine, nous avons commémoré le Génocide des Arméniens. En France et dans de nombreux pays du monde, des conférences, des rassemblements, des cérémonies religieuses ont eu lieu. Il est important et juste de le faire chaque année, d’autant plus que les autorités qui ont succédé aux auteurs de ces horribles crimes, continuent à s’enfermer dans un déni de plus en plus insupportable. Pire encore, ils s’évertuent à falsifier la vérité des faits, à les relativiser, jusqu’à inverser les responsabilités entre les victimes et les bourreaux. Oui, il y a bien eu 1,5 millions de victimes, des centaines de milliers d’enfants qui se sont retrouvés du jour au lendemain, orphelins ! Oui, il y a bien eu des centaines de milliers de survivants de ces horreurs, survivants de ces marches dans les déserts de Syrie, accueillis dans les camps de réfugiés, à Alep principalement, Beyrouth, puis les Etats Unis, la France, pays d’accueil que nous remercions. En ce dimanche de commémoration, les textes bibliques nous invitent à ne pas sombrer dans la détresse, la victimisation, la colère, la violence… Mais dans l’espérance en la justice de Dieu. Ce que Dieu veut nous dire ce matin à travers ces trois textes ?
1°) « Cesse d’être incrédule, et deviens un homme de foi… »
Premières paroles et invitation du Christ ressuscité à un disciple, un croyant qui avait du mal à croire, Thomas, devenu le personnage emblématique du doute. Pour employer une formule désormais célèbre, nous pourrions dire que « Nous sommes tous Thomas ». Nous sommes tous Thomas, lorsque nous croyons en la toute-puissance de Dieu et que nous voyons la réalité de la croix. Lorsqu’il nous faut croire en cet amour, en cette justice, en cette vérité d’un Dieu qui sacrifie sa vie pour le salut de toute l’humanité, y compris pour le salut de ses bourreaux ! « Nous sommes tous Thomas »,lorsque dans nos réflexions, nos questionnements sur les événements du monde, sur nos vies, les injustices que nous portons, il nous faut croire en une justice divine ! Dans un monde où la loi du plus fort, fait force de loi, comment croire encore en un Dieu juste ? Ou alors, de quelle justice parlons-nous ? « Nous sommes tous Thomas », lorsque les réponses à nos prières tardent, lorsque tant de situations douloureuses perdurent ! Que de fois, le Christ ressuscité doit-il nous dire comme à Thomas : « Cesse d’être incrédule, et deviens un homme de foi… ». Deviens un homme une femme de foi. Le Christ est ressuscité, il est vivant, il est présent à nos côtés à la mesure de notre foi, de notre confiance en Lui ! Deviens un homme une femme de foi, ou dit autrement, devient un chrétien, une chrétienne véritable ! « Heureux ceux qui, sans m’avoir vu, croient ».
2°) « Ne crains pas… »
Deuxième parole du Christ ressuscité, adressée à l’apôtre Jean, alors qu’il se trouve devant une vision qui le dépasse. L’apôtre est ébloui par l’apparence du Christ glorifié. Il le découvre au milieu de sept chandeliers d’or. Il est émerveillé. Il en fait une description qui évoque tout à la fois, la force, la puissance, la pureté, la justice ; un être fantastique qui va le déstabiliser au point de tomber comme mort à ses pieds. Il y a là toute la profondeur de l’adoration, où l’apôtre, le croyant, réalise qu’il n’est rien, pas grand-chose aux yeux de Dieu. Qu’il n’est rien face à la majesté, la sainteté, la puissance de Dieu, manifestée ici dans le Christ ressuscité. La seule chose qu’il puisse faire est de tomber à ses pieds, de s’incliner et de faire silence devant lui. Cette adoration sera probablement la nôtre lorsque nous nous retrouverons devant le Seigneur au dernier jour. Ce jour-là, nous nous inclinerons devant lui. Peut-être serons-nous aussi saisis de frayeur devant tant de puissance, de pureté, de sainteté, de lumière, d’amour qui rayonnera du Seigneur ! Mais dans cette expérience de l’apôtre Jean, nous voyons aussi toute l’immensité de la grâce de Dieu. Le Seigneur manifeste sa grâce en posant sa main droite sur l’apôtre Jean et lui dit : « Ne crains pas… ». Il y a là toute la dimension de la grâce de Dieu envers nous. Ce Dieu grand et puissant, saint et parfait, lumineux, resplendissant, nous dit sans cesse : « Ne crains pas… j’étais mort et voici, je suis vivant… ». Ouvrons nos oreilles à cette voix, les oreilles de nos cœurs, des profondeurs de nos vies intérieures. Ouvrons nos cœurs à cette voix de l’Esprit Saint qui nous dit et redit sans cesse : « Ne crains pas… ». Ne crains pas toi qui a placé ta confiance en moi, toi qui a consacré ta vie à mon service, toi qui a à cœur mon église, ses œuvres, ton prochain, ton frère, ta sœur… Ne crains pas ! Ne crains pas toi qui peine, qui te sent si faible, si petit… « j’étais mort et voici, je suis vivant… ». Tout est possible si tu crois !
3°) « Jusques à quand, Maître saint et véritable, tarderas-tu à faire justice ? »
Mais dans une autre vision, l’apôtre Jean découvre une autre réalité qui le trouble. Il voit les martyrs de tous les siècles devant le Seigneur. Ces martyrs questionnent Maître : « Jusques à quand, Maître saint et véritable, tarderas-tu à faire justice… ? » Cette question, est tout à la fois interrogation et prière. Elle exprime aussi tout ce que nous ressentons face aux innombrables situations d’injustices qui habitent notre monde. Face à des situations du passé qui nous touchent, comme le Génocide des arméniens, face aux situations actuelles, nationales, internationales, sociales… Ne nous arrive-t-il pas, à nous aussi, de crier vers Dieu de la sorte : « Jusques à quand, Maître saint et véritable, tarderas-tu à faire justice ?… Il leur fut dit de patienter encore un peu… ». Patienter encore un peu… Le peuple arménien patiente depuis 110 ans, que justice soit faite du Génocide, il attend reconnaissance, demande de pardon, réparation… 110 ans d’attente. Est-ce beaucoup ? à la mesure d’une vie, oui. A la mesure de l’histoire de l’humanité, peut-être pas ! Ce qui ne justifie pas bien entendu le déni des héritiers des responsables de ce Génocide et leur attitude choquante vis-à-vis de ces événements que nous commémorons.
« Il leur fut dit de patienter encore un peu… » Patienter, dans nos attentes personnelles aussi ! Que Dieu nous apprenne la patience, une patience active, vivante, une patience pleine d’espérance ! Car Celui qui a fait ses promesses est fidèle, il les accomplira en son temps, certainement.
Conclusion :
1°) « Cesse d’être incrédule, et deviens un homme de foi… » Ayons foi en Dieu. « Heureux ceux qui, sans m’avoir vu, croient »
2°) « Ne crains pas… » Dieu demeure un Dieu d’amour et de grâce pour toujours, même dans sa gloire, il reste proche de nous.
3°) « Jusques à quand, Maître saint et véritable, tarderas-tu à faire justice ? » Bien de choses nous dépassent et nous dépasseront encore dans ce monde. « Il leur fut dit de patienter encore un peu… »Soyons sûr que justice sera faite un jour. C’est Dieu qui le fera en son temps.
« J’étais mort, et voici, je suis vivant pour les siècles des siècles »
Pasteur Joël Mikaélian
27/04/2025