Culte église Issy-les-MoulineauxLectures : Es. 35. 1 à 4 / Jean 4. 5 à 29  / Ps 42  –  Lien vers les vidéos du culte en français et arménien

« J’ai soif de Dieu, du Dieu vivant… »

De qui avons-nous soif ? De quoi avons-nous soif ? Nous vivons aujourd’hui des temps particuliers. La crise sanitaire que nous traversons vient questionner notre monde, nous questionner chacun. Que les messages soient alarmistes ou rassurants, la peur gagne du terrain car nul ne peut prédire l’évolution des choses. À part quelques estimations auxquelles nous nous accrochons, avouons qu’il nous est difficile de savoir précisément ce qu’il en sera demain. Sans parler de cette comptabilité morbide dont on nous abreuve à longueur de journée, à nous faire oublier le nombre de morts quotidien d’autres pathologies, d’accidents, de violence, de guerre, de persécution… Ce que nous vivons aujourd’hui témoigne de notre fragilité, de la fragilité de tous nos systèmes, même des plus élaborés et fiables. En fait, rien n’est assuré à 100% dans ce monde. Et c’est peut-être la chose principale à recevoir de cette crise comme des précédentes : renoncer à cette forme de toute puissance qui caractérise tant l’être humain. Ce qui nous invite plus que jamais, à nous accrocher à l’essentiel, à nous approcher de Celui qui seul est fiable, immuable, éternel, qui règne au-dessus de tout. C’est ce que je vous invite à faire ce matin en ce temps de Carême.

1°) « J’ai soif de Dieu, du Dieu vivant… »

Le Ps 42 nous parle de l’expérience d’un croyant qui traverse lui aussi des temps dramatiques. Il se sent loin de Dieu, comme privé de Dieu. On ne sait pas quelles sont les circonstances de sa vie, le texte n’en parle pas, et tant mieux ! Ce qui laisse à chacun la liberté de s’approprier ces paroles. Le croyant verse des larmes jour et nuit. Le psaume alterne entre paroles de foi, souvenirs nostalgiques, questionnements, tentations de repli sur soi, victimisation. Tant de choses que nous pouvons vivre, nous aussi, subir parfois, ressentir au plus profond de notre être. « Quand pourrai-je paraître face à Dieu ? … Où est ton Dieu ?… Pourquoi gémir sur moi ?… Pourquoi m’as-tu oublié ?… Pourquoi m’en aller ? ». Tant de questions qui appellent des réponses ! La réponse demeure dans la foi, dans l’affirmation de la foi, celle que l’on trouve auprès de Dieu. « Espère en Dieu ! Oui, je le célébrerai encore…  lui, le salut de ma face et mon Dieu ». C’est auprès de Dieu et de lui seul qu’est la sécurité totale. Ayons soif de Lui !

2°) « Seigneur, donne-moi cette eau… » demande la femme samaritaine à Jésus.

Pour beaucoup d’entre-nous, nous connaissons le récit de cette rencontre entre une femme de Samarie et Jésus. Nous avons là un des plus long dialogue de Jésus avec quelqu’un. Ce qui rapproche Jésus de la femme samaritaine, c’est la soif. Mais le récit nous montre combien l’un et l’autre n’ont pas la même soif. Jésus à simplement soif d’un peu d’eau « Donne-moi à boire… ». Ce qui indique la légitimité des besoins matériels, ceux de Jésus comme les nôtres. Cette demande est choquante, à cause des relations conflictuelles entre juifs et samaritains. Mais qu’importe, Jésus ne se laisse pas arrêter par ces considérations humaines. Ce qu’il nous invite aussi à faire par ailleurs. C’est à dire à savoir dépasser nos conflits relationnels, nos préjugés sur les autres différents de nous. La femme, elle a d’autres soifs ! Elle a soif de ne plus avoir à venir puiser de l’eau. Elle a soif de ne plus avoir soif ! En fait, elle a soif d’une vie plus sereine, avec moins d‘obligation, de travail, de contrainte… Ce qui est peut-être aussi souvent notre cas ! Mais elle comprend très vite que Jésus lui parle d’une autre eau, de quelque chose d’autre. Il suffit que Jésus lui dévoile un peu sa vie cachée pour qu’elle se rende compte que celui qui est face à elle, n’est pas un simple homme, mais le Christ. Et là, à ce point du dialogue, contre toute attente, Jésus ne lui fait aucune remontrance sur sa vie ; bien qu’elle soit loin d’être respectable pour l’époque. Jésus ne la malmène pas, même lorsqu’elle tente de le « piéger » sur des questions cultuelles. Il ne lui fera aucune remontrance. Quel amour ! Jésus a autre chose à faire que de faire de la morale. Car il sait que si cette femme s’approche de Dieu, si elle comprend qui il est, elle règlera probablement d‘elle-même sa vie. C’est pourquoi Jésus se préoccupe plutôt de lui annoncer l’ère nouvelle qu’il est venu inaugurer : « Crois-moi, femme, l’heure vient… et elle est là, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité… ». C’est dire que la véritable adoration n’est pas liée à un lieu quel qu’il soit, mais à l’esprit dans lequel on adore Dieu. Ce que la femme comprend, accepte et témoigne autour d’elle. « Venez donc voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait, ne serait-il pas le Messie ? » Un homme qui sait tout de moi, et qui ne m’a pas condamnée ! Elle a compris qui est Jésus, et combien elle était condamnable mais pardonnée ! C’est cette expérience que tout un chacun est invité à faire en Jésus.

De plus, en ces temps où nous risquons nous aussi d’être privé de lieu de culte pour un certain temps, ces paroles de Jésus nous invitent à adorer Dieu en esprit et en vérité, où que nous soyons. À l’église comme dans nos maisons, en voyage comme au travail. Elles nous invitent à réaliser que le Seigneur ne s’attache pas aux apparences, aux formes, aux lieux, mais à la qualité, la sincérité, l’authenticité, de notre adoration. Soyons de véritables adorateurs en ces temps troublés. Désirons, nous aussi, l’eau vive qui jaillit en vie éternelle, c’est-à-dire le salut en Jésus et la vie de l’Esprit. Une vie sous l’inspiration de l’Esprit Saint, empreinte d’amour et de bienveillance envers notre prochain. Ayons soif de cette eau, plus que de celle, légitime certes, qui est nécessaire à cette vie. Plus que de satisfaire nos besoins matériels. Le Seigneur connait tout de nous. Il nous invite aussi à confesser nos péchés, nos fautes afin de les pardonner et de nous accueillir comme créature nouvelle, adorateur, enfant de Dieu. Ayons le courage de la rencontre avec le Christ, le courage de la vérité sur nous-même, et demandons-lui cette eau du pardon, eau de vie nouvelle de l’Esprit. Et vivons pleinement cette nouveauté de vie !

3°) « Rendez fortes les mains fatiguées, rendez fermes les genoux chancelants… »

Dans les temps qui viennent, nous aurons certainement besoin de cette parole du Seigneur. Parole pleine d’espérance qui encourage ceux qui sont fatigués, chancelants, craintifs face aux événements. Ces paroles se poursuivent par des promesses merveilleuses « Soyez fort, ne craignez pas. Voici votre Dieu… il vient lui-même vous sauver… ils reviendront, ceux que le Seigneur a rachetés, ils arriveront avec des cris de joie… tristesse et plainte s’enfuiront ». (Es. 35. 4 et 10). Nous le savons, Dieu n’abandonne jamais ses enfants. Il vient toujours à leur rencontre. Il est toujours à l’écoute de leurs cris. Il est là, à côté de nous, de son église, il sera toujours là. Il est immuable, son amour est immuable, sa grâce est immuable. Nous le savons pour cette vie. Nous le savons pour la vie à venir que le prophète Esaïe entrevoit déjà de son temps. Préparons-nous et soyons prêts pour ce temps éternel qui vient. Et prions avec force pour que Dieu fasse grâce à notre monde en déroute. Que ceux qui sont atteints par la maladie, ceux qui vivent dans le confinement, ceux qui sont envahis par la peur, ceux qui souffrent des ruptures de relations trouvent en Jésus le secours et la paix.

« J’ai soif de Dieu, du Dieu vivant… »

Que ce soit notre soif, notre désir renouvelé en ces jours troublés.

Pasteur Joël Mikaélian 15/03/2020