Es. 26. 20 et 21 / Heb. 10. 35 à 39 / Luc 24. 28 à 32

« Il ne tardera pas… »

Alors que la guerre fait rage en Ukraine, que des milliers d’hommes, de femmes, d’enfants innocents meurent dans ce monde, la question de la fin du monde s’invite à nouveau dans l’actualité. On n’hésite plus aujourd’hui à faire référence à la guerre nucléaire sur nos plateaux télé ici et ailleurs. Le monde serait-il à la merci de l’humeur de tel ou tel dirigeant ? Sommes-nous réellement à la veille de la fin de ce monde ? La question mérite d’être posée. « On ira au paradis » disait une journaliste cette semaine. Que penser de ces temps qui sont les nôtres ? Comment se positionner face à ces menaces ? Comment prier, espérer face à toutes ces violences, ces guerres, ces injustices ? Comment prier aussi en ces jours de commémoration du Génocide des arméniens. Quel message recevoir ?

1°) « Pour combien de temps, Seigneur… Combien de temps les impies vont-ils triompher ?». Evoquer toutes ces situations, comme faire mémoire du Génocide des arméniens, nous invitent à prier Dieu comme le psalmiste. A faire appel, comme lui, à la l’intervention de Dieu. Cela nous invite à faire monter vers Dieu cette prière du psaume 94 : « Ils écrasent ton peuple, Seigneur ! Ils massacrent la veuve et l’immigré, ils assassinent les orphelins… Ils disent : le Seigneur n’y voit rien… ! Seigneur, Dieu qui venges ! Relève-toi… ! Lève-toi, juge la terre… ». Face aux épreuves et aux injustices de ce monde, face à la grande blessure du Génocide, il nous faut tout d’abord prier. Prier avec foi, confiance en la justice de Dieu, en la sagesse de Dieu.

Ensuite, nous devons continuer à faire mémoire de ce passé. De le faire non par désir de vengeance, ni pour alimenter la haine, mais simplement pour honorer la mémoire, la foi, le courage de ce peuple que l’on a tenté d’éradiquer de la surface de la terre. Faire mémoire non pour sombrer dans le désespoir, mais pour vivre avec cette histoire qui nous a construits et qui participe à ce que nous sommes aujourd’hui. Faire mémoire pour que leur mort, leur souffrance, mais aussi leur foi, leur courage ne soit pas oublié, et que leur exemple inspire nos vies aujourd’hui. Un jour Dieu fera justice, il jugera toutes les actions selon sa justice. Prier pour que justice soit faite au peuple Arménien, comme à tous ceux qui subissent des injustices aujourd’hui.

2°) « Ne perdez pas votre assurance… »

En second lieu, l’auteur de l’épître aux hébreux nous invite à la persévérance. Le texte s’adresse ici à des chrétiens qui avaient endurés des persécutions et qui étaient toujours menacés. Cette parole s’adresse aujourd’hui encore aux chrétiens persécutés de par le monde, au Moyen Orient, en Afrique… Elle s’adresse aussi à nous ce matin, à nous qui croyons et qui sommes choqués, déstabilisés dans notre foi par ce qui se passe dans le monde. Cette parole s’adresse à tous ceux qui sont tentés de baisser les bras face aux épreuves de la vie. Le texte nous dit aussi : « C’est d’endurance… que vous avez besoin, pour accomplir la volonté de Dieu et obtenir ainsi la réalisation de la promesse ». Ensuite, le texte cite cette parole du prophète Habaquq : « Mon juste par la foi vivra… ». Cette parole est à la fois une invitation et une promesse. C’est une invitation à vivre par la foi. Foi en la bonté de Dieu, en son aide, son soutien, sa fidélité ; foi en sa force et en sa puissance ; foi en la réalité du monde nouveau, à la vie éternelle ; foi en la résurrection du Christ qui donne la victoire sur la mort. Et c’est une promesse de vie qui nous dit que ceux qui croient, qui ont été déclaré juste en Jésus, vivront toujours. Dieu promet la vie, la vie éternelle à ceux qui vivent par la foi, avec foi. Il nous faut vivre de cette foi vivante en Jésus Christ ressuscité. C’est cette foi qui change la vie, à l’image des disciples sur le chemin d’Emmaüs. Comment sont-ils passés du désespoir à l’espérance, de la tristesse à la joie ? Tout simplement en réalisant que le Christ était ressuscité des morts. Pour vivre leur expérience, il nous faut nous aussi prier le Christ comme ils l’ont fait : « Reste avec nous, car le soir vient… ». C’est sa présence que nous devons demander. C’est dans sa présence que le chrétien trouve et retrouve espoir, espérance, confiance, vie, paix. C’est dans sa présence que nos yeux s’ouvrent et que nous voyons le monde autrement. Que la joie remplace la crainte, la peur et le désespoir.

3°) « Il ne tardera pas… »

C’est la réponse de Dieu à la question du psalmiste : « Pour combien de temps… ? ». Réponse aux questions que posent tous les malheureux, toutes les victimes de ce monde mauvais. C’est la réponse à nos questionnements face aux injustices : « Jusques à quand… ? ». Le Seigneur ne tardera pas, il vient, il est déjà là avec nous. Ouvrons les yeux de notre cœur, ouvrons nos yeux sur le ressuscité comme les disciples d’Emmaüs. Mais aussi, sachons que le Seigneur ne tarde pas comme l’écrit l’apôtre Pierre : « Le Seigneur ne tarde pas dans l’accomplissement de la promesse, comme quelques-uns le croient ; mais il use de patience envers vous, ne voulant pas qu’aucun périsse, mais voulant que tous arrivent à la repentance » (2 Pier. 3. 9). Encore si peu, si peu de temps, et celui qui vient sera là, il ne tardera pas… ». N’en doutons pas, le Seigneur ne tardera pas à faire justice, à venger toutes les victimes de ce monde. Il ne tardera pas à nous délivrer aussi de telle ou telle épreuve, de telle ou telle difficulté ou de telle ou telle crainte. Il est le maître du temps.

Conclusion

« Il ne tardera pas… »

Vivons-nous les derniers temps ? Les menaces actuelles sont-elles annonciatrices d’événements humainement incontrôlables ? Dieu seul le sait, le Père seul le sait disait Jésus. Que faire, que penser ?

Prier Dieu, crier vers lui et ne pas rester indifférents aux injustices de ce monde ; prier et dénoncer. Prier pour la reconnaissance du Génocide des Arméniens. Ne pas oublier, ne pas être indifférents.

Persévérer dans la foi. Vivre par la foi, en communion avec le Seigneur ressuscité, par l’Esprit Saint qu’il nous a donné.

Rester confiant, c’est Dieu le maître de l’histoire, le maître des temps. « Quand ces choses commenceront à arriver, redressez-vous et levez vos têtes, parce que votre délivrance approche » (Luc 21. 28).

Pasteur Joël Mikaélian

01/05/2022