Lectures : Deut. 8. 1 à 5 / Jean 6. 51 à 69

« Celui qui mangera de ce pain vivra pour l’Éternité… »

Ce soir, des millions de téléspectateurs seront rivés devant leurs écrans, pour écouter le Président de la République. Ils seront là, comme chacun d’entre-nous peut-être, en quête d’une parole rassurante, ou tout du moins, une parole claire. Après des mois de confusion, de directives contradictoires, d’incertitudes, chacun a besoin d’un peu plus de certitudes, de visibilité sur l’avenir. Beaucoup ont souffert de la maladie, certains ont perdu des êtres chers, d’autres un emploi, une certaine sécurité ; d’autres encore ont souffert du confinement, des restrictions des libertés ; beaucoup de couples, de parents, d’enfants ont dû supporter des situations complexes, sans parler de la jeunesse… La parole du Président pourra-t-elle apporter quelques soulagements ce soir ? Nous l’espérons, certes, et nous prions pour que Dieu donne sa sagesse à ceux qui nous gouvernent. L’Église prie, mais l’Église se doit de parler aussi ; de donner une parole, de faire résonner la parole de Dieu pour le bien et le salut de tous. Elle nous invite à écouter Dieu. Écoutons-le.

1°) « Souviens-toi de tout le chemin… »

C’est tout d’abord, la parole que Dieu adressait au peuple d’Israël au terme de 40 années de vie dans le désert. 40 ans de souffrances, d’inquiétudes, d’incertitudes. 40 ans d’insécurité, de craintes, de peurs. 40 années faites de dangers, de désobéissances, d’épreuves. C’est l’heure des bilans avant l’entrée en terre promise. Le Seigneur leur rappelle tout d’abord l’importance d’obéir à ses commandements ; obéissance qui leur assurera la prospérité. Puis il invite le peuple à un regard sur le passé, pour qu’il reconnaisse sa fidélité. « Souviens-toi de tout le chemin que l’Éternel ton Dieu t’a fait faire… Il t’a donné à manger… Ton manteau ne s’est pas usé… ton pied n’a pas enflé… ». Souviens-toi et reconnais que ton Dieu a été fidèle malgré tes infidélités. Certes, il t’a appris que « l’homme ne vivra pas de pain seulement… », mais il a aussi pourvu à tout tes besoins, et ce pendant 40 ans dans un désert. Dieu est fidèle.

Il est fidèle envers ses enfants, même s’il les fait passer parfois par des temps de déserts, d’épreuves, d’inquiétudes, d’insécurité, de maladie, de difficultés familiales, professionnelles, … Même si ces temps se prolongent parfois au-delà de nos attentes. Dieu reste fidèle. L’Apôtre Paul ira jusqu’à dire « Si nous sommes infidèles, il demeure fidèle, car il ne peut se renier lui-même » (2 Tim. 2. 13). Dieu sait ce dont nous avons besoin et il y pourvoira toujours selon l’immensité de sa grâce. Cependant, il nous rappelle aussi que nos besoins physiques, psychiques, ne sont pas les seuls. Nous avons aussi des besoins spirituels qu’il faut nourrir de sa Parole. Nous avons besoin aussi de nous nourrir de son amour, de sa fidélité, de sa grâce, de son pardon. C’est ce qui nous donne et qui nous donnera toujours la paix et l’espérance, quelles que soient les circonstances, les déserts, les crises que nous pouvons traverser.

2°) « Celui qui mangera de ce pain vivra pour l’Éternité… »

La fidélité de Dieu ne concerne pas seulement nos besoins quotidiens. Elle dépasse le cadre de cette vie. Dans sa grâce et son amour, Dieu a décidé de nous sauver, de nous faire partager son éternité et sa gloire. Pour cela il a déployé les grands moyens, le don de son Fils. C’est ce que Jésus tente de faire comprendre à la foule en Jean 6. La veille, il a nourri des milliers de gens avec 5 pains et 2 poissons. Le lendemain, ils sont à nouveau là et en redemandent. S’engage alors un véritable dialogue de sourds. La foule demande du pain pour rassasier leur corps, Jésus leur propose un autre pain, un pain qui donne la vie éternelle. Il les invite à voir plus loin que ces besoins naturels et légitimes. À penser également à leur vie après la mort. « Vos pères ont mangé la manne, et ils sont morts ». Certes les paroles de Jésus sont étonnantes. « Ma chair est vraie nourriture et mon sang vraie boisson ». Jésus parle clairement ici de son sacrifice. Il parle d’un sacrifice pour le pardon des péchés. Ce qui n’est pas totalement étrange pour la foule. C’est ce que les juifs pratiquaient à l’époque, avec les sacrifices d’animaux afin d’obtenir le pardon de leurs péchés. Mais ils ont du mal ici à accepter que Jésus va se sacrifier. Ils ont du mal à comprendre que « manger et boire Jésus », c’est croire en lui. C’est ce que Jésus explique à ses disciples un peu plus loin dans le texte : « Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie ». Il faut les prendre dans un sens spirituel. C’est ainsi que nous interprétons ces paroles chez les protestants évangéliques. Nous ne croyons pas à la présence réelle du corps et du sang du Christ, lorsque nous partageons le pain et le vin de la Cène. Nous faisons mémoire de son sacrifice. Mais l’important ici, c’est de comprendre que Jésus annonce que c’est la foi dans son sacrifice qui permet le pardon des péchés, qui libère de la condamnation de la mort et donne la vie éternelle.

3°) « Dès lors, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de faire route avec lui ». Étrange ce comportement ! Sont-ils gênés parce que Jésus va sacrifier sa vie ? Parce que cela leur paraît horrible ? Ou bien abandonnent-ils parce que Jésus ne les intéresse plus s’il ne leur donne plus à manger, s’il ne pourvoit plus à leurs besoins ? Probablement les deux !

« Et vous, ne voulez-vous pas partir ? » Dit Jésus à ses disciples ? Pierre de répondre instantanément : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Et nous nous avons cru et nous avons connu que tu es le Saint de Dieu ». Et nous ? Croyons-nous en Jésus seulement par intérêt matériel ? Pour qu’il nous bénisse et qu’il pourvoit à nos besoins dans ce monde ? Sommes-nous tentés d’abandonner s’il n’y a plus de bénédiction matérielle, si nous passons par des épreuves ? Croyons-nous au Seigneur pour cette vie seulement ? Ou bien, refusons-nous de croire parce que cela nous paraît dur, ou irrationnel ? Parce que nous n’en ressentons pas le besoin ?

Conclusion

« Celui qui mangera de ce pain vivra pour l’Éternité… »

Rendons grâce à Dieu pour sa fidélité. « Souviens-toi de tout le chemin parcouru… ». Reconnais que ton Dieu a été et restera toujours fidèle. Remercie-le pour cela.

Rendons grâce à Dieu, de ce que sa fidélité ne concerne pas cette vie seulement, mais l’éternité aussi. Sa fidélité est éternelle. Il a donné sa vie, son corps, son sang pour que tous ceux qui croient en lui aient accès à la vie éternelle. Et si nous n’avons pas encore fait le choix de la foi, n’hésitons pas. Ne pensons pas à cette vie seulement, pensons aussi à notre éternité.

En ces temps troublés, temps de confusion, d’incertitudes, de crises qui se succèdent les unes aux autres, soyons témoins de cet amour, de cette bonté, de cette fidélité éternelle de Dieu. Et prions pour ce monde qui se perd et qui a besoin de se tourner vers son Créateur.

Pasteur Joël Mikaélian –  14/06/2020

 

Celui qui mangera de ce pain vivra pour l’Éternité