Lectures : Es 55. 6 à 9 / Phil 1. 21 à 26 / Matth 20. 1 à 16

« Car pour moi, vivre c’est Christ… »

Pour moi, vivre, c’est quoi, c’est qui ? Nous avons certes tous nos idées à ce sujet, nos idéaux de vie. Ceux-ci d’ailleurs peuvent évoluer, changer au fil du temps, de nos expériences, ou des circonstances. C’est probablement au soir de sa vie, alors qu’il est en prison à Rome, que l’apôtre Paul écrit ces mots. L’apôtre a consacré toute sa vie à l’œuvre de Dieu, depuis sa rencontre avec le Christ, sur le chemin de Damas. Il a vécu des expériences merveilleuses, comme des épreuves terribles. Mais sa foi est restée intacte jusqu’au bout.

On parle beaucoup aujourd’hui de la vie, celle d’avant et celle d’après. La crise, comme toute crise a au moins le mérite de nous faire réfléchir. Vivre c’est quoi ? La vie d’après, c’est quoi ? En quoi sera-t-elle différente de la vie d’avant ? Quel chemin devons-nous discerner pour nos vies, notre vie d’église ? Vivre autrement, l’église autrement, c’est quoi ? Méditons à partir des textes que nous avons lus, qui nous indiquent trois jalons sur le chemin de la vraie vie.

1°) « Cherchez le Seigneur pendant qu’il se trouve, appelez-le tandis qu’il est proche »

C’est ce que le prophète Esaïe conseillait jadis à son peuple. Chercher le Seigneur, l’appeler, l’invoquer, c’est là un premier jalon sur le chemin de la vie, de la vraie vie ; celle d’hier, comme celle d’aujourd’hui, comme celle d’après. C’est une invitation intemporelle, valable pour tous et de tout temps. Car dans son amour et sa grâce, Dieu ne nous a pas abandonné dans ce monde. Il ne nous a pas fait naître et placé dans ce monde en nous disant : « maintenant, débrouillez-vous !». Il n’a pas dit à Adam et Eve : « Vous avez désobéi ! Maintenant, débrouillez-vous ! ». Non, le texte comme toute la Bible nous dit que Dieu est un Dieu proche de nous, à nos côtés, présent partout. Il se laisse trouver par ceux qui le cherchent. Il est plein d’amour, de tendresse. Il pardonne abondamment nos erreurs, nos égarements, nos fautes. Il veut nous guider dans ses voies, ses chemins qui sont les meilleurs, et qui sont si différents des nôtres. Car nous ne voyons pas tout, nous ne connaissons pas tout. Lui, connaît tout de nous ! Et parce qu’il voit autrement que nous, ses voies sont autres que les nôtres. De façon positive, ce texte d’Esaïe nous encourage à chercher Dieu, ses voies, car elles sont les meilleures pour nous. C’est près de lui, près de sa Parole que chacun peut discerner le chemin de sa vie. Celle que Dieu construit avec nous chaque jour. Celle qui nous mène vers l’éternité avec lui en Jésus Christ, par la foi dans son sacrifice à la croix. C’est là que la vie commence, à la croix, à la nouvelle naissance. C’est en cherchant Dieu qu’elle se poursuit chaque jour comme le Ps 5. 4 nous y invite « Seigneur… le matin, je prépare tout pour toi et j’attends… ». Dieu ne se lasse de venir vers nous à l’image du maître de la parabole dite « des ouvriers de la 11ème heure », que je préfère appeler la parabole de « la grâce ».

2°) « Allez, vous aussi, à ma vigne »

Il est important de situer cette parabole dans son contexte pour mieux la comprendre. Cette parabole est tout d’abord une réponse à une question de Pierre. Question que Pierre pose à Jésus à la suite de la rencontre de Jésus avec un jeune homme riche (Matth. 19. 16 à 22). On peut penser que ce jeune homme avait atteint les bons objectifs. Mais sa rencontre avec Jésus va lui montrer qu’il a tout faux. A la question : « Que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ?», Jésus ne va pas lui répondre : « C’est ok, c’est bon pour toi !». Et nous connaissons la suite malheureuse de l’histoire. Il s’en va tout triste, car trop attaché à ses biens, à sa vie et à ses projets. Et c’est dans la suite de cette rencontre que Pierre interroge Jésus : « Et nous qui avons tout quittés pour te suivre, qu’en sera-t-il donc pour nous ? » (Sous-entendu : serons-nous sauvés ? Aurons-nous une récompense ?). Oui, dit Jésus, vous aurez la vie éternelle et il y aura des récompenses (Matth. 19. 28 et 29). Et c’est là qu’il raconte cette parabole. Parabole de la grâce qui souligne que le salut en Jésus est comme cette pièce d’argent que le maître accorde à tous ceux qui lui obéissent. Cette grâce est la même pour tous. Chacun doit l’accepter avec reconnaissance, même et surtout ceux qui sont les premiers de la classe ! À travers les autres récits des évangiles synoptiques, on comprend aussi que Jésus s’adresse aussi aux juifs, premiers à avoir été choisis par Dieu, qui risquent d’être les derniers à cause de leur difficulté à accepter le Christ.

Mais cette parabole de la grâce souligne aussi d’autres facettes de Dieu. On y voit un Dieu qui invite sans cesse au salut, jusqu’à la 11ème heure. Il va et vient inlassablement pour inviter chacun à entrer dans sa vigne, dans son royaume. Il invite chacun à travailler, à servir. C’est là un second jalon sur le chemin de la vraie vie : accepter la grâce du salut en Jésus Christ et le servir. La vie ne prend un sens que si elle est service pour Dieu, service pour le prochain. Un service qui conjugue l’amour, la compassion, la miséricorde… Ce que les religieux bienpensants de l’époque avaient totalement mit de côté. Nous sommes appelés à servir Dieu, mais pas n’importe comment, pas comme on veut. Le service pour Dieu exige de l’amour, de la compassion, de l’humilité, de l’abnégation, du don de soi. Quelle que soit l’heure, le moment de notre vie où nous y sommes entrés. Le Royaume des cieux est semblable à une vigne où les uns et les autres sommes invités à servir. Servir sans se comparer aux autres !

3°) « Pour moi, vivre, c’est Christ… »

Revenons à l’apôtre Paul et à ces paroles qui constituent un troisième jalon. Pour nous, c’est quoi vivre ? C’est qui ? Dire que c’est Christ, qu’est-ce-que cela veut dire concrètement ? L’apôtre donne la réponse dans la suite de son propos. « Pour moi, vivre, c’est Christ, et mourir m’est un gain ». Paul n’est ni un candidat au suicide, ni attiré par la mort ! Il affirme avec force que Christ est sa vie, que sa vie c’est le Christ. Qu’il est tout pour lui ! Ailleurs il dit « J’ai été saisi par le Christ », « saisis par son amour, par sa grâce, moi qui était un persécuteur de l’église, il m’a tout pardonné ! Il ne m’a jamais reproché ce mal que je lui ai fait du temps de mon aveuglement. J’ai été saisi par cette grâce qui a fait de moi un apôtre. Christ est tout pour moi ! Je ne crains même plus la mort puisque je sais qu’elle me permettra d’être avec lui, de le rejoindre pour toujours ».

Et si nous disions la même chose aujourd’hui ? Si nous prenions tous ce matin cet engagement de dire que « Christ est ma vie, vivre, c’est Christ, il est tout pour moi, je lui donne toute ma vie !

Conclusion :

« vivre, c’est Christ ! ».

Et si c’était ça la vraie vie, vivre autrement, l’église autrement ? Chercher Dieu, ses voies qui sont les meilleures ; accepter le salut en Jésus Christ comme une grâce et le servir de façon désintéressée ; vivre pleinement pour Lui : « vivre, c’est Christ ! ».

Pasteur Joël Mikaélian / 20/09/2020

Car pour moi, vivre c’est Christ