Lectures : 1 Pierre 4. 12 à 16 / Jean 17. 1 à 11

« Bien-aimés, ne trouvez pas étrange… »

Il est des situations, des choses bien étranges dans le monde comme dans nos vies. Tout ce que l’on vit actuellement avec cette pandémie et toutes les conséquences qui l’accompagnent. Etranges aussi toutes les difficultés et épreuves de la vie. Etranges certaines souffrances, surtout, lorsque l’on n’a rien fait de mal, comme le souligne l’apôtre Pierre dans sa première lettre aux chrétiens. Nous connaissons tous, à des degrés divers certes, ces situations qui nous paraissent étranges. Et qui deviennent parfois insupportables, par les sentiments d’injustices qu’elles génèrent. Que de fois, n’avons-nous pas dit : « c’est injuste ! Ce n’est pas normal ! Je ne comprends pas ! Pourquoi ? Et Dieu, pourquoi permet-il ? ». Souffrir en faisant le bien, n’est-ce pas insupportable ? La Bible ne donne pas toujours de réponses à ce questionnement. Mais elle en explique certaines raisons, et surtout, elle nous indique comment les comprendre, les vivres, les traverser sereinement et les vaincre. En ce dimanche de l’Ascension, mettons-nous à son écoute, à l’écoute de Dieu.

1°) « Bien-aimés, ne trouvez pas étrange d’être dans la fournaise de l’épreuve… vous avez part aux souffrances du Christ ».

C’est l’explication que donne l’apôtre Pierre, à des chrétiens déstabilisés par les persécutions, les rejets, les incompréhensions. Ceux-ci devaient probablement se demander s’ils ne s’étaient pas trompés en adhérant à la foi chrétienne, à l’Eglise naissante ! Tout chrétien qui se respecte doit s’attendre à vivre une part d’épreuve, de souffrance, d’incompréhension, de rejet de la part du monde extérieur, comme le Christ a dû vivre. Ce n’est pas étrange, ce n’est pas anormal, dit Pierre. C’est le résultat du conflit entre la lumière et les ténèbres que Jésus a souvent rappelé. « La lumière étant venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises » (Jean 3. 19). Pierre nous encourage à accepter ces situations en regardant à Jésus, à ce qu’il a dû lui-même supporter du monde. Sans parler de l’insupportable injustice qu’il a vécue à la croix pour nous sauver et qu’il ne nous demande pas de subir. Celle-ci, il l’a supporté à notre place. Mais pour le reste, ses souffrances, toutes ces incompréhensions, critiques injustes, rejets, contrariétés, déceptions, … font partie de la vie chrétienne. « Ne trouvez pas étrange » !

Certes, allez-vous dire, mais qu’en est-il des souffrances ou injustices, incompréhension, rejets, à l’intérieur même de l’Eglise, entre chrétiens ? Ne sont-elles pas davantage insupportables ? Là encore, c’est à Jésus qu’il nous faut regarder. Il a eu aussi sa dose dans ce domaine. Souvent incompris de ses disciples, davantage préoccupés par eux-mêmes que par sa mission, trahis, abandonné, et pourtant toujours plein d’amour à leur égard.

Aujourd’hui encore, si nous voulons comprendre les situations douloureuses de nos vies, les épreuves comme les oppositions, les rejets, c’est à Jésus qu’il faut regarder, c’est de sa vie qu’il faut s’inspirer et ne jamais se lasser de faire le bien.

2°) « Père Saint, garde-les en ton nom… »

Comment vivre et traverser ces situations ? Jésus a prié pour cela. Face à toutes ces choses qui peuvent nous paraître étranges, anormales, ou perturbantes, nous avons la prière de Jésus : « Père Saint, garde-les en ton nom… ». Jésus a prié pour que Dieu nous garde, pour que Dieu te garde dans ce monde. Il a prié pour ses disciples mais aussi pour tous ceux qui croiraient en lui par leur parole. Il a prié et il prie toujours « Il est à la droite de Dieu et il intercède pour nous » (Rom. 8. 34). En ce dimanche de l’Ascension, souvenons-nous que Jésus a été pleinement glorifié selon sa demande en Jean 17. Il a été glorifié par la résurrection et son ascension auprès de Dieu. Il donne la vie éternelle à ceux qui croient, et il prie pour eux. Il prie pour que nous soyons gardés dans ce monde, et pour que nous soyons unis, que nous soyons un comme lui et le Père sont un. C’est de cette prière que nous devons puiser les forces pour vivre et traverser toutes nos situations étranges. De cette prière que nous devons puiser la force de travailler à l’unité, l’amour qui permet l’unité malgré nos différences, nos diversités. Il a prié pour que nous soyons tous gardés, ensemble dans ce monde, que nous soyons un pour que le monde croit. Il nous a donné l’Esprit Saint pour que nous soyons ses témoins. « Et moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin des temps » (Matth. 28. 20). Sa prière et sa présence, que demander de plus, si ce n’est de graver ces paroles dans nos cœurs !

3°) « Il reviendra… »

Comment vaincre, dépasser toutes les choses étranges de ce monde ? Toutes ces situations qui nous peinent, qui nous troublent, qui nous questionnent ? Regarder à celui qui a promis qu’il reviendra dans la gloire pour nous faire partager cette gloire pour toujours. « Je reviendrai.. » Disait Jésus à ses disciples. « Il reviendra… ». Disaient les anges aux disciples le jour de l’Ascension de Jésus dans la gloire. Au sein de nos questionnements, de nos découragements, de nos souffrances, regardons au Christ glorifié, à cette gloire qu’il a réservé pour nous. Il a prié aussi pour cela : « Père, je veux que là où je suis, ceux que tu m’as donnés soient eux aussi avec moi… ». C’est là que nous serons tous un jour réunis, dans une communion parfaite, de toutes langues, de toutes nations, de toutes confessions chrétiennes. C’est là où plus rien ne nous dérangera, ne nous choquera, ne sous attristera. Ce qui sera étrange, ce ne sera plus toutes ces anomalies que nous vivons et voyons aujourd’hui. Ce qui sera étrange, ce sera ce monde nouveau, cette gloire, cette communion parfaite et éternelle.

Serons-nous présent à cette grande fête ? Si oui, réjouissons-nous en espérance, et apprenons à relativiser les choses étranges, anormales de ce monde, sans nous lasser de faire le bien et de croire. Si non, n’hésitons pas à croire aujourd’hui, à nous tourner vers Dieu, malgré tout ce qui pourrait nous retenir de croire pleinement et d’obéir à la parole de Dieu. Si nous attendons de tout comprendre, nous risquons d’attendre longtemps, pour ne pas dire jusqu’à ce qu’il soit trop tard !

« Bien-aimés, ne trouvez pas étrange… »

D’être dans la fournaise de l’épreuve, de voir toutes ces anomalies, ces injustices, ces souffrances… Regardez au Christ, à ce qu’il a supporté pour vous sauver. Regardez au Christ qui a prié et qui prie aujourd’hui encore pour vous. Regardez à la gloire à venir et au monde nouveau. Et soyez des témoins d’amour et d’unité.

24/05/2020 Pasteur Joël Mikaélian