Lectures : Es. 40. 18 à 31 / Ps 46. 11 / Luc 8. 22 à 25

« Arrêtez, et sachez que je suis Dieu… »

Sommes-nous croyants ou idolâtres ? La question peut paraître étonnante, choquante ; une sorte de provocation ! Idolâtre-nous ? Certainement pas ! Nous n’adorons pas des idoles, des représentations de Dieu, des statuts, ou des éléments de la nature… Nous sommes loin d’être idolâtres ! Certes, mais adorons-nous toujours le Dieu véritable, celui qui se révèle à nous dans la Bible ? Est-ce vraiment lui que nous adorons et servons toujours ? N’est-ce pas parfois un autre ? Celui que nous nous construisons à travers nos spiritualités, nos idées, notre compréhension des choses ? N’avons-nous pas tendance à nous faire un dieu à notre image, à notre convenance, un dieu que je comprends, que je maîtrise, que je peux mettre à mon service… ? « Arrêtez, et sachez que je suis Dieu… ! ». C’est le verset de la Bible choisi par la mission « Portes Ouvertes », pour ce dimanche consacré à l’église persécutée. Alors, arrêtons-nous quelques instants ce matin, et laissons-nous interpeler par cette parole du Ps 46 et les textes que nous avons lus. Qu’est-ce-que Dieu veut nous dire de lui-même ce matin ?

1°) « A qui donc me comparerez-vous… ? »

Sous l’ancienne alliance, déjà à plusieurs reprises, Dieu était contraint d’interpeller le peuple qu’il avait choisi. En effet, celui-ci n’avait de cesse de s’éloigner de lui pour s’adonner à l’idolâtrie. Toute l’histoire de la relation particulière entre Dieu et le peuple d’Israël, est jalonnée de ces chutes incessantes dans l’idolâtrie. Bien que Dieu se soit révélé à eux maintes fois, de manière diverses, la tentation à l’idolâtrie était souvent plus forte. Pourquoi ? À quels moments, quelles étaient les circonstances, de ces chutes, les causes ? D’une façon générale, on pourrait dire que chaque fois que Dieu ne leur convenait pas, ils avaient tendance à se tourner vers les idoles. Lorsque Dieu n’agissait pas selon leur désir, ne faisait pas comme ils voulaient, ils se tournaient vers les idoles. Ils désiraient avoir un Dieu à leur image, selon leur besoin, leur compréhension et c’est tout. Dieu devait être à leur service. Il devait leur donner la vie, veiller sur eux, les nourrir, les libérer, leur donner la victoire sur leurs ennemis, répondre à leur requêtes… Alors lorsque Dieu faisait « défaut » à ces attentes, ils allaient voir du côté des idoles. D’où la colère de Dieu : « A qui donc me comparerez-vous… ? Levez bien haut vos yeux… qui a créé ces êtres… Pourquoi dis-tu mon Dieu ne prend point garde à mon droit ! ».  C’est avec une certaine exaspération que Dieu interpelle son peuple dans ce texte d’Esaïe. Mais Dieu poursuit : « Ne le sais-tu pas… le Seigneur est Dieu de toujours… il donne de la force à celui qui est fatigué… ceux qui espèrent en lui renouvellent leurs forces… ils s’élancent et ne se fatiguent pas… ». C’est extraordinaire d’avoir un tel Dieu ! Mais, dans sa présentation de lui-même, le Seigneur dit quelque chose que le peuple avait du mal à entendre et à accepter. Il dit que « sa sagesse est insondable ». Et c’est là que les choses se gâtent un peu. Car cela veut dire qu’on ne peut pas tout savoir et tout comprendre de lui. Il est Dieu. Ce fut souvent la cause de l’idolâtrie du peuple d’Israël dans le passé.

N’avons-nous pas nous aussi ces mêmes tendances ? Comment réagissons-nous face à des événements que nous ne comprenons pas ? Que ce soit dans nos vies, ou autour de nous ? Par exemple, la persécution, l’injustice, la victoire de nos ennemis… ! Combien il est difficile pour nous d’accepter que les voies de Dieu ne sont pas les nôtres, que ses pensées ne sont pas les nôtres. Dieu est Dieu, il est tout puissant, il est amour, il est juste, il est fidèle… Même s’il n’est pas toujours à ma convenance.

2°) « Qui donc est-il… ?

Au sein de la tempête, les disciples prennent peur et réveillent Jésus. La tempête apaisée, ils s’interrogent : Qui est-il ? Qui est cet homme qu’ils ne connaissent pas bien encore et « qui commande aux vents et à la mer et qu’ils lui obéissent ? ». Tout au long des Évangiles, nous voyons que les disciples de Jésus ont été tentés par une forme d’idolâtrie. Ils avaient beaucoup de mal à admettre, à accepter que Jésus ne réponde pas tout à fait à leurs attentes. Ils voulaient bien d’un Jésus tout puissant, capable de calmer les tempêtes ; un Jésus aimant, plein de compassion, de compréhension ; un Jésus qui guérit toute maladie ; un Jésus qui remettait en place ses détracteurs ; un Jésus même qui leur parlait du Royaume de Dieu, de l’éternité… Tout ceci était extraordinaire pour eux, cela les enthousiasmait. Mais lorsque Jésus a commencé à leur parler de sa mort, de la croix, ils n’ont eu de cesse de vouloir le dissuader. Ils ne voulaient pas d’un Dieu qui s’humilie jusqu’à mourir sur une croix comme un malfaiteur ! « A Dieu ne plaise, Seigneur ! Cela ne t’arrivera pas » Disait Pierre ! (Matth. 16. 22). Et pourtant oui : « Il a plu à Dieu de la briser par la souffrance. Quand son âme aura offert le sacrifice de réparation, il aura une postérité… et l’œuvre de l’Éternel prospérera entre ses mains » (Es 53. 10). Il fallait bien la croix pour nous sauver. Il fallait bien passer par la souffrance. Il fallait bien que Jésus ne soit pas comme nous aurions voulu qu’il soit, pour que nous ayons accès à la vie éternelle. N’oublions jamais que c’est dans cet aspect le plus mystérieux et inacceptable de sa mission, que réside notre salut et celui de l’humanité.

3°) « Arrêtez, et sachez que je suis Dieu… »

Nous avons droit de nouveaux à 15 jours de confinements. 15 jours d’arrêt ou de limitation de nos activités envahissantes. Prenons le temps de nous arrêter et de découvrir ou redécouvrir le seul vrai Dieu, celui que la Bible nous révèle. Un Dieu d’amour, juste, fidèle, tout puissant, mais aussi insaisissable. Dieu ne sera jamais comme je veux, il est et sera toujours comme il veut, comme il est : « Je suis celui qui est ». Tenter de le changer, de le faire entrer dans notre logique, nos attentes, c’est déjà verser dans l’idolâtrie. Et aller au-devant de grandes déceptions.

Apprenons plutôt à nous incliner devant lui et à l’aimer, à l’adorer, à le servir, à servir notre prochain. Prions pour tous ceux qui passent aujourd’hui par la persécution, la souffrance, la déception. Prions pour ceux qui ont perdu des êtres chers, ceux qui ont été blessés, ceux qui ont perdu tous leurs biens dans cette guerre en Artsakh.

Acceptons la grâce incompréhensible du salut en Jésus Christ si nous ne l’avons pas encore accepté. N’attendons pas de tout comprendre de Dieu pour croire en lui et en sa Parole.

Confions-nous, en lui totalement. Confions-nous totalement en sa sagesse pour nos vies comme pour ce monde.

Pasteur Joël Mikaélian – 15/11/2020

 

 

Arrêtez, et sachez que je suis Dieu