Apoc. 5. 11 à 14 / Jean 21. 1 à 14

« Je m’en vais à la pêche… Nous aussi… »

Le texte de l’Evangile nous rappelle ce matin que Jésus se manifesta maintes fois à ses disciples dans les jours qui suivirent sa résurrection. Le livre des Actes des Apôtres nous dit que : « Pendant 40 jours, il s’était fait voir d’eux et les avaient entretenus du Règne de Dieu » (Act. 1. 3). Nous n’avons, malheureusement pas de récits détaillés de ces 40 jours qui séparent la Pâques de l’Ascension. 40 jours durant lesquels, le Seigneur s’est montré à ses disciples pour attester sa résurrection et leur parler du Royaume de Dieu. Dans la première épitre aux Corinthiens, l’apôtre Paul nous dit que Jésus est apparu à plus de 500 frères à la fois, probablement au cours d’une rencontre dont on n’a pas de récit également. Parmi les rares textes que nous avons de cette période, il y a celui que nous venons de lire en Jean 21. Quel est le message que cette apparition du ressuscité nous adresse ? Les messages sont multiples, ils nous parlent de persévérance, des conséquences de ce que l’on pourrait qualifier « d’égarements collectif ». Ils nous parlent aussi de l’humour du Seigneur et sa grâce.

1°) « Je m’en vais à la pêche… Nous aussi… »

Après la résurrection de Jésus, malgré ses reniements, Pierre demeure le leader du groupe des disciples. Un leader qui va égarer ceux qui le suivent. Malgré tout ce que le Seigneur leur a dit et répété maintes fois ; malgré les années de vie d’expériences surnaturelles, de miracles, de guérisons, de révélations, Pierre est le premier à reprendre sa vie, comme si de rien n’était, et entraine avec lui, quelques autres disciples. Où sont les autres ? On ne sait pas ! Toujours est-il qu’ils partent de nuit pour aller pêcher. Ils reprennent leur vie d’avant, alors que le Seigneur leur a parlé d’attendre la venue de l’Esprit Saint ; qu’il leur a confié à tous la mission d’être des témoins de sa résurrection. Eux, ils vont à la pêche, ils retournent à leur travail, probablement pour assurer leur quotidien. Ce qui, en soi, peut être légitime. Ils ne tiennent pas compte de ce que le Seigneur leur a dit, de la mission qu’il leur a confiée. C’est alors qu’ils vivront un échec, et qu’ils iront de déceptions en déceptions. Déceptions en déceptions, telle est l’expérience de celles et ceux qui manquent de persévérance, de foi, de convictions, de courage. Il est en effet si facile de renoncer à persévérer dans la vie chrétienne, de se laisser aller, de revenir à une vie « normale », comme tout le monde ! Il est si facile de mettre de côté nos responsabilités, notre mission de témoins du Christ dans ce monde ! De se contenter d’une vie chrétienne sans trop de risque, de consécration, d’engagement… De se contenter du « minimum spirituel » ! mais il y a pire encore que cela ! Le risque de faire des émules et d’en entrainer d’autres dans notre manque de persévérance, de foi, de courage… Il est si facile de se décourager et de décourager les autres !  « Je m’en vais à la pêche… Nous aussi… ». Le découragement est tout aussi contagieux que l’encouragement !   

2°) « Eh, les enfants, auriez-vous quelque chose à manger ? »

Quelle question ! Le Seigneur ne manque pas d’humour ! Il sait bien qu’ils rentrent bredouille après une nuit de travail. Il n’hésite pas à les appeler « enfants » ! Car effectivement les disciples sont ici comme des enfants spirituels, ils se comportent comme des enfants spirituels. Mais eux répondent à Jésus sans complexe, sans honte, sans chercher d’excuses. Ils ont accepté leur échec. Ils sont exténués de leur nuit de travail, découragés de n’avoir rien pris cette nuit-là. Ils sont au bout du bout. Et on peut bien imaginer leur désarroi, tout semble terminé ! Mais c’est sans compter la grâce du Seigneur, sa générosité, sa providence, sa puissance. Son amour qui surpasse tout. Ce qui est étrange dans ce récit, c’est qu’à aucun moment Jésus leur fait un reproche. Au contraire, suite à l’aveu de leur échec, il leur donne ce qu’ils ont cherché en vain toute la nuit : des poissons, et en abondance. Quelle surprise, quelle émotion, quelle joie de ramener un filet plein à craquer de poissons ! C’est ce que Dieu est capable de faire pour nous aussi. De nous donner par pure grâce selon nos besoins et au-delà ! Mais ce n’est pas tout. Il y a plus dans ce récit. C’est Jean qui reconnait le premier le Seigneur, qui le dit à Pierre. Pierre se jette à l’eau, pourquoi ? Il laisse les filets, les poissons et va vers Jésus. Il veut le voir. Pour Pierre, il est plus important de voir le Seigneur. Il se fout du reste, il a compris l’essentiel. « Vers Jésus lève les yeux, contemple son visage merveilleux, et les choses de la terre pâliront peu à peu, si tu lèves vers Jésus les yeux ».Qu’est ce qui est important pour nous ? Les dons ou le donateur ? Les bienfaits de Dieu, ou sa personne ? Qu’est ce qui est plus important pour nous ? Nos réussites ou Celui qui donne la réussite ? La libération de l’épreuve ou Celui qui délivre de l’épreuve ? Pour Pierre, il n’y a pas photo, il se jette à l’eau pour aller vers Jésus. Apprenons, nous aussi, à porter notre attention sur Celui qui a tout donné pour nous, et adorons-le, recherchons sa présence, plus que ses bienfaits.

3°) « Venez manger… Qui es-tu … ? »

Le Seigneur à tout préparé, il invite ses disciples au repas. Alors qu’il leur demandait s’il n’avait rien à manger, voilà qu’il leur offre aussi à manger. Quel humour ! Pourquoi fait-il cela ? Si ce n’est pour que ses disciples se rendent compte eux même des conséquences de leur désobéissance. C’est ainsi que le Seigneur agit avec ses enfants aujourd’hui encore. Plutôt que de nous faire des reproches, il nous amène à nous rendre compte par nous-même de nos erreurs, de nos égarements, des impasses dans lesquelles nous nous engageons et nous engageons les autres parfois ! Et des conséquences de nos égarements : l’échec ! Il nous amène à réaliser que sans lui, nous ne pouvons rien faire. Que nous réalisions notre misère, nos limites, les limites de nos capacités. « N’avez-vous rien à manger ? … Venez manger… ».En quelque sorte : « Vous n’avez pas réussi, vous n’avez pas réalisé ce que vous souhaitiez, ce pourquoi vous vous êtes donné tant de mal, vous avez échoués, vous êtes en échec ? … Venez, tout est prêts… apportez aussi de ce que je vous ai donné… ». Aucun des disciples n’osait lui demander : « Qui es-tu ?» Pourquoi ? Peut-être sont-ils gênés d’avoir désobéi, d’avoir failli à leur mission, d’avoir manqué de foi, de courage, de persévérance… ! Mais le Seigneur ne leur en veut pas. A aucun moment il ne leur reproche leur égarement. C’est ce qu’il fait aussi avec nous. Le Seigneur veut toujours nous responsabiliser et non pas nous infantiliser en nous faisant la morale comme à des enfants. Il nous conduit à prendre conscience par nous-même de notre état d’égarement, et nous ramène à lui, à la communion avec lui.

Le Seigneur nous invite ce matin aussi, à sa table, à partager ce repas de la Cène, témoignage de son amour, du pardon de nos fautes, de l’espérance de la vie éternelle. Joignons notre louange, notre adoration à celle des anges « Il est digne l’agneau immolé… A celui qui siège sur le Trône… louange et honneur, gloire pour les siècles des siècles… ».

« Venez, car tout est prêts… venez aux noces… » Ce matin le Seigneur nous invite, il t’invite, à :

Accepter sa grâce du salut

Persévérer avec foi, courage, consécration, passion dans son œuvre, le service dans l’église

A prendre conscience par nous-même de notre état spirituel, de nos égarements personnels ou collectifs

A porter nos regards sur lui et lui seul et d’attendre de lui les réponses à nos besoins

A croire que tout est prêt, qu’il a déjà préparé la suite de notre histoire

Pasteur Joël Mikaélian

04/05/2025

 

Je m’en vais à la pêche… Nous aussi