Marc 9. 33 à 50 / Rom. 15. 7

« Accueillez-vous donc les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis… »

La nature humaine est complexe, les relations humaines aussi. Témoins les conflits internationaux et sociaux qui ponctuent l’histoire des hommes. Nous ne vivons, malheureusement pas dans un monde de « bisounours », où « tout le monde est beau, tout le monde est gentil ». « L’homme n’est ni ange ni bête… disait Pascal, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête ». L’histoire est pleine de guerres, de conflits, d’injustices, d’oppression, où bien souvent, les plus faibles sont victimes des plus forts ! Difficile d’échapper à cette réalité, même pour nous chrétiens. Pourtant Jésus est venu dans ce monde pour le sauver et montrer une autre voie que celle nous détruit et détruit l’humanité. Cette autre voie est celle de l’amour du prochain, du pardon ; celle de l’attention aux plus fragiles. Comment emprunter cette voie, vivre selon ces valeurs aujourd’hui ? Le défi est immense mais il vaut la peine de le relever.

1°) « De quoi discutiez-vous en chemin ? »

Alors que Jésus commence à évoquer de plus en plus clairement le sens de sa venue et de sa mission dans ce monde, ses disciples se disputent pour savoir qui est le plus grand ! Un comble ! Le plus grand, dit Jésus, c’est le plus petit ! C’est celui qui sert les autres, le dernier de tous. C’est celui qui se donne aux autres. Jésus n’a pas seulement enseigné cette voie, il l’a vécu lui-même. Lui qui était de condition divine s’est humilié, acceptant de prendre une forme humaine. Il a accepté non seulement de partager notre condition humaine mais il est allé jusqu’au sacrifice ultime, le don de sa vie pour le salut du monde. Il a accepté de prendre sur lui la juste condamnation de nos fautes, pour nous en libérer. « Le châtiment qui est tombé sur lui nous donne la paix, c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris » (Es. 53). Depuis, tous ceux qui croient en Lui sont au bénéfice de cette grâce. Ils entrent dans cette nouvelle vie. Ils sont invités à suivre cette voie nouvelle, de l’amour comme un don de soi, où les plus petits deviennent les plus grands, où les plus faibles deviennent les forts. A nous d’accepter cette grâce en Jésus et de la vivre dans notre relation avec les autres. D’aimer l’autre comme le Christ nous a aimé en donnant sa vie pour nous, plutôt que de perdre son temps à chercher qui est le plus grand.

2°) « Maitre, nous avons vu quelqu’un… »

Il semble que l’apôtre Jean ait été quelque peu gêné par les propos de Jésus. Lui dont la mère voulait qu’il soit le plus grand, assis à la droite du Christ dans son royaume ! Tout à coup, il change de sujet. « Nous avons vu quelqu’un qui chassait les démons en ton nom et nous avons cherché à l’en empêcher… ». Il place devant Jésus un autre problème de relation. Comme pour dire peut-être : « d’accord Seigneur, on doit être bien entres-nous, mais faut-il l’être aussi avec ceux qui sont différents de nous ? ». Jésus ne se laisse pas démonter. Bien au contraire, il démonte le raisonnement de ses disciples. On touche là à quelque chose qui ressemble à du radicalisme religieux. Radicalisme par rapport aux chrétiens qui sont différents de nous. Jésus a souvent surpris ses disciples dans son rapport à ceux que l’on condamnait ou méprisait. A la femme surprise en flagrant délit d’adultère, il dira : « je ne te condamne pas non plus, va et ne pèche plus ». Face à Marie que l’on attristait parce qu’elle avait « gaspillé » un parfum de grand prix pour oindre ses pieds, il dira à ses disciples : « pourquoi lui faites-vous de la peine… elle a fait une bonne action à mon égard ». C’est vrai que l’on aurait pu vendre ce parfum et donner l’argent aux pauvres ! Mais non, ce qui prévaut pour Jésus c’est : « pourquoi lui faites-vous de la peine ? ». A Jacques et Jean qui lui demandaient : « Veux-tu que nous commandions que le feu descende du ciel et les consume ? » Parce que des samaritains avaient refusé de l’accueillir, il leur dira : « Vous ne savez pas de quel esprit vous êtes animés ». Il est des radicalismes religieux chez les chrétiens aussi, qui peuvent causer énormément de dégâts. Surtout lorsque ceux-ci mettent de côté l’amour, le pardon, l’attention à l’autre. La voie nouvelle du Christ est celle du pardon comme une libération et non celle de la condamnation. Pardonner comme nous avons été pardonnés en Jésus. La voie nouvelle en Christ nous invite à porter un autre regard sur ceux qui nous entourent.

3°) « Quiconque entraine la chute d’un seul de ces petits… »

Puis Jésus revient sur l’attention que nous devons porter aux plus petits, aux enfants, à ceux qui sont les plus fragiles. Même si elle date, la chanson d’Yve Duteil reste toujours d’actualité. « Prendre un enfant par la main, et l’amener vers demain, pour lui donner confiance en son pas… ». Quelle belle responsabilité pour nous adultes ! La sévérité du jugement de Jésus est à la mesure de son amour pour les enfants, pour les plus fragiles. Toucher un enfant, porter atteinte à un enfant, là Jésus condamne fermement. Ce qui n’exclut pas l’instruction et la correction. La voie nouvelle est celle de l’attention aux plus fragiles, dans une relation qui permet son épanouissement.

Et Jésus termine son propos en plaçant chacun face à lui-même. Par des formules chocs, il invite chacun, à visiter notre propre vie et à se garder de toute forme de mal. Ceci, même au prix de son propre corps s’il le faut. « Si ta main entraine ta chute, coupe-la…». Car l’enjeu est énorme, il concerne l’Eternité. Sa conclusion est claire : « Ayez du sel en vous-même et soyez en paix les uns avec les autres ».  C’est-à-dire, vivez selon cette voie nouvelle, celle du salut par la foi en Jésus ; celle de l’amour du Christ reçu et partagé aux autres comme un don de soi ; celle du pardon qui nous libère et qui libère ceux qui nous ont fait du tort ; celle de l’attention aux enfants, aux petits, aux plus fragiles à l’image du Christ.

Ce que l’apôtre Paul exprimera par cette belle exhortation dans sa lettre aux chrétiens de Rome : « Accueillez-vous donc les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis… »

« A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres… ». C’est le témoignage à porter dans ce monde aujourd’hui.

Pasteur Joël Mikaélian

26/09/2021