Lecture : Es 43. 16 à 21 / Mt 16. 21 à 27

« Voici, je vais faire du neuf… ».

La nature est ainsi faite que l’on aime ce qui est neuf. Un habit neuf, une maison neuve… Nous avons souvent soif de nouveauté, de découvrir de nouvelles choses. Nous avons soif de renouveau, de nouveaux départs dans nos vies, surtout lorsqu’elles ont été abîmées. Soif de mieux connaître Dieu, mieux nous connaître, connaître sa volonté. Soif d’amour, de reconnaissance, de justice… Le désir de trouver et donner un sens à cette vie. Ce matin, par la bouche du prophète Esaïe, Dieu nous rappelle qu’il est Celui qui sait faire du neuf, nous étonner, nous surprendre en bien. Il est capable de changer les situations les plus compliquées et dramatiques en chemin nouveau. Au milieu des épreuves de la vie, de toutes les injustices de ce monde qui nous questionnent, Dieu veut faire du neuf, il peut faire du neuf pour ceux qui s’ouvrent à lui avec foi. Quelle parole recevoir ce matin de la part de Dieu en ce 5ème dimanche du carême ? Quoi de neuf ?

1°) « Je vais faire du neuf… »

Par la bouche du prophète Esaïe, Dieu se révèle comme Celui qui est capable de mettre un chemin et de l’eau dans le désert. Dieu est capable de mettre un chemin et de l’eau dans le désert de nos épreuves, de nos difficultés, de nos questionnements. C’est ce qu’il promettait à son peuple à cette époque, et c’est ce qu’il réalisera pour lui. Après 70 ans de souffrances, d’exil et d’esclavage, il conduira les événements du monde de façon à rétablir son peuple sur sa terre. Celui qui avait ouvert une mer pour libérer son peuple d’Egypte, ouvrira un nouveau chemin pour restaurer ce peuple, bien des siècles après. Pour faire cela, Dieu suscitera Cyrus, fondateur de l’empire Perse au VIe siècle av J.C. C’est lui qui fera cela. Dieu est capable de réaliser ses promesses de façon totalement étonnante. C’est dire que Dieu n’est jamais dépassé par l’histoire. Dieu est un Dieu de renouveau à l’image de la résurrection de Jésus. Ce qu’il a fait dans le passé, il est capable de le faire à nouveau, et même bien plus. Dieu n’est pas figé dans l’histoire. C’est lui qui fait l’histoire du monde et de l’humanité. C’est Lui qui fait notre histoire, ton histoire. C’est lui qui est à l’origine de tout et qui mène toutes choses avec sa sagesse et selon un plan bien défini, qui est le bien et le salut de l’humanité. Notre bien à tous. Pour cela, il a ouvert un chemin neuf, un chemin qui s’appelle Jésus. Il l’a fait au prix de la vie, du sacrifice de son Fils, Jésus. Le neuf, le renouveau, l’espérance nouvelle, s’est faite en Jésus, au-delà du peuple juif, pour tous les peuples. C’est la croix, le sacrifice de Jésus qui sauve le monde. C’est ce sacrifice qui ouvre le chemin neuf du pardon de Dieu. C’est grâce à cela que Dieu peut pardonner le péché de l’homme tout en restant juste. C’est ce qui lui permet de dire : « tout est pardonné ». La croix et la résurrection de Jésus marquent un tournant décisif dans l’histoire de l’humanité ; un tournant dans la vie de ceux qui acceptent par la foi et s’engagent sur ce chemin neuf. Mais le message de la croix a du mal à passer chez les disciples.

2°) « Dieu t’en préserve, Seigneur ! Non, cela ne t’arrivera pas ! »

Dès lors que Jésus commença à parler de ses souffrances et de la croix, ses disciples n’arrivèrent plus à le suivre ! Comment Jésus, le Christ, l’envoyé de Dieu, Dieu lui-même pouvait-il emprunter ce chemin-là ? Comment un Dieu si puissant, capable de miracles extraordinaires pouvait-il en arriver là ? Les disciples n’entendirent peut-être même pas la fin de la phrase où Jésus évoque sa résurrection. Pierre réagit immédiatement. L’idée de la souffrance lui paraît inconcevable : « Non ! Cela ne t’arrivera pas ! ». Sous-entendu peut être, que cela ne m’arrive pas à moi aussi qui suis ton disciple ! Ce qui lui vaudra les pires remontrances de la part de Jésus : « Retire-toi… Satan… tes vues ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes… ». Et c’est là que Jésus poursuit avec cette invitation à le suivre. Une invitation que l’on aimerait oublier : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même et prenne sa croix et me suive… ». Jésus a porté la croix pour nous, pour notre salut. Il l’a fait une fois pour toute et pour tous. Sa mort a une valeur expiatoire. C’est notre place qu’il a prise. Du coup nous n’avons pas à considérer l’invitation de Jésus comme une invitation au martyre. La croix que Jésus nous demande de porter est celle des épreuves, comme celles des injustices et des souffrances de cette vie et de ce monde. Jésus veut simplement dire qu’être son disciple, comporte une part de souffrance. Ici, il s’agit d’acceptation. Accepter que chaque enfant de Dieu doive traverser des épreuves plus ou moins grandes dans ce monde. Accepter de porter ses souffrances avec son aide, traverser les épreuves avec Lui. Même si cela nous incommode, acceptons que cela fasse partie de cette vie. Nul ne peut s’y soustraire, croyant comme incroyant. C’est notre part de solidarité humaine, de cette humanité abimée par le mal, le péché, l’orgueil, l’égoïsme, la méchanceté…et qui continue de l’être !

Que de fois, sommes-nous comme Pierre ? Que de fois refusons-nous l’épreuve, la croix, la nôtre ? Préférant considérer la vie chrétienne seulement dans son aspect positif et bienfaisant ! Certes, l’acceptation est difficile. Mais n’oublions pas de considérer la suite de la phrase de Jésus, la suite de ses paroles. « Qui perd sa vie à cause de moi, l’assurera… Car le Fils de l’homme va venir… dans la gloire de son Père ; et alors il rendra à chacun selon sa conduite ». Il y a une espérance merveilleuse pour ceux qui empruntent ce chemin neuf de la foi en Jésus.

3°) « Que sert-il à un homme de gagner le monde s’il perd son âme ? ».

Jésus termine son propos par une question capitale. Une question qui doit nous faire sérieusement réfléchir. LA QUESTION ESSENTIELLE : Pourquoi vivons-nous ? Quel est le sens de notre vie ? Pourquoi nous donnons-nous tant de peine ? Jésus attire notre attention sur quelque chose que nous avons tendance à oublier, notre âme, notre vie intérieure. Depuis toujours, l’homme s’est questionné sur sa nature. Il a toujours eu le sentiment qu’il y avait plus qu’un corps physique qui le constituait. A l’image des philosophes anciens comme Platon et d’autres, qui se sont questionnés sur l’âme. Nous sommes plus qu’un corps physique, il y a quelque chose de plus en nous. Notre vie intérieure, âme et esprit qui sont immortelles. C’est le souffle de Dieu (« Nefesh » en Hébreux ), que Dieu a mis en chaque être humain. C’est cette part de nous-même qui est destinée à l’éternité, soit auprès de Dieu, soit privée pour toujours de sa présence. Nous pouvons tout réussir dans le domaine matériel, physique, gagner même le monde dit Jésus. Mais… à quoi cela peut-il servir si finalement, ce qui est éternel en nous, est perdu pour toujours ?

Conclusion

« Voici, je vais faire du neuf… ».

En ce temps de carême, qu’attendons-nous de Dieu ? De neuf ? Dieu est capable de faire du neuf pour toi. Des choses les plus improbables. Attends-toi à Lui, ouvre ton cœur à l’Esprit Saint et soit confiant.

Acceptons aussi notre part de solidarité avec ce monde déchu, les épreuves de la vie, traversons-les avec Lui, avec espérance.

Qu’en est-il du salut de nos âmes ? Ne rate pas l’essentiel de la vie. Ouvre ton cœur à la grâce et prend le chemin neuf, celui de la foi en Jésus, avec la croix, mais aussi la résurrection et la vie !

Phil 3. 8 à 14

Pasteur Joël Mikaélian 07/04/19