Lecture : Ez. 2. 1 à 5 / 2 Cor. 12. 7 à 10 / Marc 6. 1 à 6

« Ils sont nombreux à dire : « Qui nous fera voir le bonheur… ? Fais lever sur nous la lumière de ta face, Seigneur ! ».

Et si le bonheur, était de connaître Dieu ? De le connaître réellement, de développer avec lui une relation d’amour, de confiance, d’amitié ? Si le bonheur était d’être toujours ouvert, de s’attendre à lui chaque matin comme le psalmiste « Seigneur, le matin, tu entends ma voix ; je prépare tout pour toi et j’attends… ! ». Si le bonheur était d’être sans cesse émerveillé par la grandeur, la force, l’amour, la sainteté de Dieu ? La grâce de son salut en Jésus, du don de son Esprit ? Si le bonheur était de dépasser les mots et le discours pour vivre, traduire cette connaissance en attitude, l’incarner ! En ce temps de vacances, je vous invite à méditer sur ce thème du bonheur ; bonheur tout autre que celui de la réussite ou des vacances, ou des bénédictions temporelles que Dieu nous accorde dans sa grâce. Je vous invite à découvrir, redécouvrir ce bonheur de connaître Dieu, de marcher avec lui, de désirer mieux le connaître pour l’aimer davantage et le servir.

 

1°) « En ces jours-là, l’Esprit vint sur moi… »

Le prophète Ezéchiel, est connu pour avoir vécu des expériences spirituelles hors du commun. Expériences qu’il nous relate dès le premier chapitre de son livre. Alors qu’il est avec les déportés de son peuple, à Babylone, il a une vision extraordinaire de la gloire de Dieu, de sa sainteté. Il est tellement impressionné qu’il se jette face contre terre. Mais l’Esprit le relève et lui parle, et lui confie une mission qu’il accomplira avec beaucoup de courage et de fidélité. Au travers de signes prophétiques il révèlera au peuple ses péchés et leur annoncera les conséquences dramatiques de leur désobéissance. C’est par lui aussi que Dieu révèlera clairement le principe nouveau de la responsabilité individuelle de chacun devant Dieu. « L’âme qui pèche, c’est elle qui mourra… » Déclaration immédiatement suivie d’un appel à la repentance et au pardon de Dieu : « Revenez donc et vivez ! ». (Ez. 18. 32) Dieu ne se lasse pas de pardonner. Sa sainteté exige une vigilance, une capacité de remise en question et de repentance permanente. Faute de quoi, pas de bonheur, mais un enfermement sur nous-même, sur notre culpabilité ou dans nos vaines tentatives de justifications. Qu’en est-il de notre écoute de Dieu ? De notre obéissance ? Ne sommes-nous pas nous aussi endurcis, rebelles parfois comme ce peuple ? Enfermés dans nos propres raisonnements ? Dieu continue malgré tout de parler, signe de son amour et de sa fidélité. Le bonheur c’est d’être profondément conscient de la sainteté de Dieu tout en ayant foi en sa capacité à pardonner, à purifier, sanctifier celui qui s’approche de lui avec un cœur sincère. Tout ceci, grâce au sacrifice de Jésus à la croix, où il a porté la juste condamnation de tous nos péchés.

2°) « D’où cela lui vient-il ? »

Etonnement, incrédulité de la part de ceux qui pensent savoir qui est Jésus. Les habitants de Nazareth ne peuvent pas aller plus loin. Jésus reste pour eux, le charpentier, le fils de Marie et Joseph. Ils en restent à une connaissance de Jésus qui les exclut de la grâce du salut, de l’évangile et du royaume de Dieu. Triste réalité que celle de ceux qui pensent tout savoir de Dieu et sur Dieu ! De ceux qui se ferment à sa grandeur, qui arrêtent leur chemin avec Dieu se contentant d’une simple connaissance humaine, sans désir d’aller plus loin avec Dieu ! Alors que le Seigneur vient sans cesse à notre recherche, désirant toujours plus de communion avec ses créatures. A l’image de l’expérience d’Adam dans le jardin d’Eden. Là où le Seigneur Dieu l’interpelle et va le chercher pour le ramener de son égarement : Adam, « où es-tu… où en es-tu ? » avec Dieu ? Dans la vie chrétienne aussi, tout commence là, lorsque je sors de ma cachette pour confesser mes péchés et recevoir le pardon de Dieu. Tout commence là et se poursuit là aussi : dans l’amour de ce Dieu qui nous cherche, et dans notre face à face avec lui. Le bonheur est là, dans ces temps de vérité qui nous amènent à la conversion, et de la conversion à la croissance spirituelle. Lorsque nous arrêtons de nous cacher devant Dieu, bien que nous sachions que c’est peine perdu. « Où es-tu ? Où en es-tu avec Dieu ce matin ? ». N’évacuons pas rapidement la question, prenons le temps d’y réfléchir et de nous tenir devant Dieu. L’été peut être, temps de relâchement, comme temps de ressourcement. Qu’en est-il pour nous ? Si nous mettions à profit ce temps pour faire le point avec Dieu ? Faire le point sur notre vie personnelle, sur notre vie de couple, de famille ? Sur notre engagement dans son église ? Ne soyons pas comme ces gens de Nazareth ! De ceux qui pensent toujours tout savoir de Dieu. Qui n’ont même plus besoin de lire sa Parole ou d’écouter un message ! Dieu a toujours du neuf pour qui a soif, même pour celui qui est éprouvé. Se tenir devant lui en vérité, c’est aussi du bonheur, car c’est devant un Père que l’on se tient en Jésus. Un Père qui nous dit et nous redit ce matin : « Où es-tu ? », « Où en es-tu avec moi, ma fille, mon fils… ? ».

3°) « Ma grâce te suffit… »

Paul aussi, comme Ezéchiel a été émerveillé par la sainteté de Dieu et de son royaume. Il dit avoir vu des choses si extraordinaires, « entendu des paroles inexprimables qu’il n’est pas permis à l’homme de redire » (2 Cor. 12. 4). Mais de façon paradoxale, il fait aussi état d’une lourde épreuve que Dieu a permise pour le garder dans l’humilité. Certes, on peut s’interroger sur cette expérience de Paul. Comment un tel apôtre n’a pu être libéré de cette épreuve ? Comme nous pouvons, nous interroger, nous aussi sur des situations qui nous sont plus proches. Incompréhension, culpabilité, révolte, remise en question sont peut-être, autant de passages obligés par lesquels Dieu nous conduit, jusqu’à ce que nous entendions cette voix qui nous dit : « Ma grâce te suffit… ». Quel bonheur que d’entendre cette voix ! Nous ne saurons jamais ce qu’était concrètement « l’écharde dans la chair » qui faisait tant souffrir Paul. Plusieurs hypothèses ont été proposées : une maladie des yeux (Ga 4, 13-15), le rejet de la bonne nouvelle par ses frères de race (Rm 9, 1-3), la culpabilité, le remords d’avoir été, dans un premier temps, le persécuteur des chrétiens… mais lui ne le précise jamais. Il nous dit seulement le sens qu’il y a trouvé pour lui, une leçon d’humilité. Il est des connaissances, des expériences spirituelles, des réussites qui peuvent énorgueillir. Dieu le sait et il veille. C’est ce que l’apôtre Paul comprendra. Il acceptera alors l’épreuve comme moyen salutaire de rester dans l’humilité. Ce qui n’empêchera pas l’œuvre de Dieu d’avancer, bien au contraire. Il est des faiblesses, des épreuves, qui peuvent devenir des forces, qui permettent à la puissance de Dieu de se manifester avec plus d’intensité.

Conclusion : « Ils sont nombreux à dire : « Qui nous fera voir le bonheur… Fais lever sur nous la lumière de ta face, Seigneur ! ».

Ne soyons pas de ces « nombreux » qui disent et qui ne veulent pas voir et aller plus loin avec Dieu. Soyons de celles et de ceux qui vivent ce qu’ils disent. Réalisons que le véritable bonheur est bien là, en Dieu, dans la connaissance de son amour manifesté en Jésus Christ, de sa grandeur, dans l’obéissance à sa Parole, dans l’émerveillement de son pardon, dans la joie de se tenir devant lui, et de connaître toujours plus intimement sa grâce toute suffisante pour traverser les épreuves de la vie. Bon été dans sa présence, vivons le bonheur dans sa connaissance.

Pasteur Joël Mikaélian
08/07/18