Lecture : Es. 62. 1 à 5 / Jean 2. 1 à 11

« Tu feras la joie de ton Dieu… ton Dieu sera enthousiasmé pour toi… »

Faire la joie de Dieu, réjouir le cœur de Dieu, mission impossible ? Comme le « brexit », ou  comme tenter de « calmer les gilets jaunes »? D’une certaine façon, oui, faire la joie de Dieu relève bien d’une mission impossible, sans sa grâce. Sans cet amour, ce désir profond de Dieu de se réjouir de son peuple et de son église. C’est ce qui explique les hésitations des traducteurs du texte d’Esaïe : « Tu feras la joie de ton Dieu… ton Dieu sera enthousiasmé pour toi… ». Dans un cas c’est l’homme qui serait à l’œuvre, dans l’autre, c’est Dieu. La plupart des traductions, comme la traduction arménienne, ont penché plutôt du côté de la grâce : « ton Dieu sera enthousiasmé pour toi… ». Dieu veut se réjouir de toi, il est pour toi, quelle grâce ! Mais toute l’Ecriture sainte nous montre aussi que cette grâce s’inscrit dans un cadre qui la rend opérante, efficace et qui lui donne sens, à savoir celui de la foi et de l’obéissance.Sans cela, la grâce ne sert à rien, pire encore, elle devient condamnation pour tous ceux qui la rejettent. L’Ancien Testament comme le Nouveau, font souvent appel à la symbolique du mariage pour parler de la relation entre Dieu et son peuple, entre le Christ et son église. En quoi ces textes de la Bible nous rejoignent ce matin ? Quel message nous adressent-ils ? Comment Dieu peut-ils se réjouir de nous ?

1°) « Je ne me tairai point… »

Les prophètes comme Esaïe, sont pour nous un bel exemple de foi et d’obéissance. Esaïe accompli fidèlement sa mission. Il énumère avec foi une multitude de promesses reçues pour son peuple. Il les exprime avec conviction, assurance, comme si elles étaient déjà là. Quelle foi ! Alors que l’on sait aujourd’hui, qu’elles mettront 70 ans pour s’accomplir pour Israël ! Alors que même certaines d’entres elles concernent l’église et mettront des siècles à s’accomplir en Jésus. Esaïe ne les verra même pas de son vivant ! Mais l’histoire nous montre que ce n’est pas parce que ces promesses ne se sont pas réalisées du vivant d’Esaïe, qu’elles étaient fausses ! La foi et l’obéissance déclenchent toujours l’accomplissement des promesses de Dieu, même si on ne les voit pas. Et cela reste et demeure une pure grâce. Dieu n’est pas notre obligé et il ne le sera jamais.

Foi et obéissance, c’est aussi ce que nous voyons aux noces de Cana, lors de ce premier miracle de Jésus. Sans la foi des serviteurs et leur obéissance, il ne se serait pas passé grand-chose à Cana ! La fête aurait tournée court ! Mais, qu’elle idée ce miracle ! Pourquoi ce choix ? Les explications ici sont diverses et toutes honorables. Elles mettent chacune en lumière des vérités bibliques. Mais il semble surtout que Jésus ait voulu placer d’entrée son ministère sous le signe de la joie ; comme une anticipation de la joie du salut qu’il est venu annoncer et accomplir. L’évangile est une bonne nouvelle ! Ce miracle est aussi comme une anticipation de ce que l’Apocalypse appelle les noces de l’Agneau, noces du royaume de Dieu. Ce que plusieurs paraboles des évangiles aussi suggèrent en comparant le royaume de Dieu à des noces entre le Christ et son église.

Aujourd’hui encore, pour nous aussi, la grâce du salut devient opérante en Jésus Christ, par la foi et l’obéissance. C’est-à-dire par l’accueil du salut, la foi en ce que Jésus a accompli sur la croix. De même, la grâce du pardon de nos fautes devient opérante par la repentance et la foi. Et toutes les promesses également. A nous de croire et d’obéir.

2°) « On ne te dira plus : « l’Abandonnée »… »

C’est le fruit de la grâce en Jésus. Celui ou celle qui l’a accueilli avec foi, obtient un nouveau statut social un nouveau nom : « On ne te dira plus… la désolée… ».Mais : « on t’appellera « Celle en qui je prends plaisir ». « En Jésus, tu ne seras plus jamais seul. Tu ne te sentiras plus jamais abandonné, même si tout semble te le dire parfois. Il te suffit de lever les yeux, de faire mémoire des promesses liées à ton état d’enfant de Dieu, pour chasser tout sentiment d’abandon ». En Christ, nous ne sommes plus jamais seuls. Il est toujours à nos côté. Il a toujours une solution pour ses enfants. Il y a toujours une porte qu’il ouvre pour nous sortir d’affaire, à l’image de l’eau changé en vin. Mais, avouons-le, ses interventions sont parfois surprenantes ! Elles paraissent même scandaleuses ici ! Le Seigneur nous inciterait-il à boire ! Heureusement que les épîtres de Paul sont là pour calmer les ardeurs et nous inciter à la modération ! Au sujet de l’eau changée en vin, Saint Augustin faisait remarquer que le Seigneur accomplissait toujours ce miracle aujourd’hui. Chaque année, à travers la vigne et les viticulteurs, il transforme l’eau de la pluie en vin ! Le Seigneur n’est jamais dépassé par les situations problématiques.

3°)« ton Dieu sera enthousiasmé pour toi… »

Les textes de ce matin nous invitent aussi à sortir du cadre de nos besoins quotidiens pour porter nos regards sur Dieu. Sur ce que lui-même ressent ou peut ressentir à travers notre foi et notre obéissance. « Car le Seigneur mettra son plaisir en toi… » ! En Jésus, Dieu prend plaisir en toi. Certes, ces images ne sont que des reflets de la réalité de Dieu. Mais elles nous indiquent dans un langage accessible, humain, ce que Dieu ressent à l’égard de ses enfants. Elles nous révèlent son amour inconditionnel, sa joie, son enthousiasme de nous voir vivre dans la foi et l’obéissance. Dieu est content de moi lorsque je vis avec lui. Il est content lorsque je reviens à lui si je me suis éloigné. Il est content lorsque j’accueille la grâce de son salut en Jésus par la foi. C’est Jésus qui l’a dit : « Il y a plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent que pour 99 justes qui n’ont pas besoin de repentance ».

Mais au-delà de tout, Dieu se réjouit de ce qu’un jour viendra une grande fête, de grandes noces dans son royaume. De ce qu’un jour il réunira tous ses enfants, son église, son épouse, pour toujours. C’est là que nous le verrons avec tous les enfants de Dieu de tous les siècles et du monde entier ! Abraham, Moïse…

Conclusion :

« … ton Dieu sera enthousiasmé pour toi… »

Certes, Dieu peut être affligé, attristé de la situation du monde, attristé de nos vies chrétiennes tièdes, de nos engagements non tenues…, de nos doutes, de nos vies chaotiques parfois…,  Mais il peut aussi se réjouir de nous, il peut faire de nous sa joie, il veut … ! Et il le fera un jour dans son royaume avec tous ceux qui auront cru en lui.

Mais… aujourd’hui, Dieu est-il enthousiasmé pour toi ? Est-il content de toi ? Viens n’hésite pas… (Conversion, repentance, baptême, consécration, service…) Vit avec foi et obéissance, comme Esaïe, comme les serviteurs aux noces de Cana…

Alors Dieu sera enthousiasmé pour toi, et toi aussi pour lui.

Pasteur Joël Mikaélian

20/01/19