Lectures : Jér. 20. 7 à 9 / Rom. 12. 1 et 2 / Matth. 16. 21 à 27

« Si quelqu’un veut venir après moi… »

Le message de l’Evangile n’est pas très populaire, encore moins populiste. Jésus n’a jamais essayé de tromper son monde, de lui faire miroiter monts et merveilles. Son discours a toujours été assez radical, mais aussi empreint d’amour, de promesses de vie, de bénédictions. Alors que la rentrée approche, pleine d’incertitudes, de questionnements, de peurs, le Seigneur nous invite à une profonde consécration : Le suivre, quoi qu’il en coûte ! Dans un monde perturbé, changeant, en pleine crise, le Seigneur nous lance ce défi ; le défi de le suivre quoi qu’il en coûte. Jésus n’oblige personne, son appel s’adresse à ceux qui veulent. Quel message recevoir ? Que veut dire pour moi, « renoncer à soi même, porter sa  croix » ? Comment traduire cet appel dans ma vie aujourd’hui ? Faut-il relativiser ce message ou y adhérer pleinement ?

1°)  « Tu m’as persuadé, Eternel… »

C’est un fait qui traverse toute la Bible, la vie du croyant est, comme toute vie dans ce monde, au prise avec des vents contraires. Que ce soit des difficultés personnelles, familiales, des problèmes de santé. Que ce soit des épreuves, des blessures, des injustices… Il en va ainsi de la vie de tout un chacun. Mais les textes de ce matin vont encore plus loin pour le croyant. Il semble que celui-ci soit appelé à vivre davantage d’épreuves et de souffrances que d’autres. Ce qui fut le cas des patriarches tels Abraham, Jacob, Moïse… Ce fut le cas également des prophètes, tel Jérémie qui se plaint ici de tout ce qu’il a dû supporter pour rester fidèle à la mission que Dieu lui avait confié. Il en est presque à regretter de s’être laissé « séduire » par l’appel de Dieu. « Seigneur, … avec moi… tu es arrivé à tes fin… Tu y es allé fort avec moi et tu as gagné…». En d’autres termes : « Tu m’as eu ! ». Ce fut le cas aussi des disciples de Jésus, des premiers chrétiens. C’est une constante dans l’Ecriture Sainte. C’est une constante dans l’histoire de l’Eglise, dans la vie de nombreux chrétien depuis. Et Jésus explique pourquoi il en est ainsi. Il en est ainsi parce qu’il existe des forces d’oppositions dans ce monde, animées par le malin. C’est le diable qui s’acharne depuis la nuit des temps à faire échouer le plan d’amour et de salut de Dieu pour l’humanité. Il s’acharne à vouloir neutraliser, discréditer le message de l’évangile. Il s’acharne contre l’Eglise, contre les chrétiens dans le monde entier. Cette opposition peut prendre différents visages selon les temps et les lieux. Elle peut même venir de l’intérieur parfois, comme ce fut le cas de Pierre. Alors qu’il pensait bien faire, Jésus le réprimande sévèrement : « Retire-toi de moi, Satan… ». Ce qui veut dire que suivre Jésus demande du courage, du discernement, de la vigilance, de vivre en communion intime avec Dieu, en communion avec l’église, les frères et sœurs. Suivre Jésus demande l’acceptation des épreuves de la vie, conséquentes à notre fidélité.

2°) « Renoncer à soi même, porter sa  croix »

Suivre Jésus, ce n’est pas seulement accepter les épreuves, c’est aussi s’engager à des renoncements. Renoncer à soi même, renoncer à vivre une vie que pour soi, selon ses désirs, ses envies. Renoncer, accepter de ne pas faire ce que je veux, mais ce que Dieu veut, dans mes projets, mes choix de vie, la gestion de mon temps, de mes biens… C’est tout le contraire de la pensée dominante actuelle, de cette tendance au repli sur soi, à l’épanouissement personnel, à la recherche de son bien personnel. Renoncer à soi même, ce n’est pas refuser de vivre, mais c’est refuser de ne vivre que pour soi. C’est vivre aussi pour Dieu, pour les autres. C’est être attentif aux autres, à leur vie, leurs joies, leurs besoins. C’est partager, vivre la communion fraternelle. Le Seigneur nous met en garde : chercher à ne vivre que pour soi, équivaut à vouloir sauvegarder sa vie, et qui veut sauvegarder sa vie, la perdra. Par contre celui qui s’engage à y renoncer, pour la consacrer à Dieu, au service de son église et des autres, la retrouvera. Car à la fin, « il rendra à chacun selon sa conduite ». Suivre Jésus, c’est aussi une condition au service : « Si quelqu’un me sert, qu’il me suive… » (Jean 12. 26). On ne peut dissocier les deux. On ne sert pas le Seigneur comme on veut, mais comme Il veut, comme il a lui-même été serviteur (avec amour, consécration, don de soi, humilité, persévérance, joie…). Renoncer à soi, ce peut être par exemple : de renoncer à ne prier que pour soi, que pour les siens et oublier les autres. Renoncer à soi, c’est vivre vraiment et pleinement une vie ouverte aux autres et plus particulièrement, ceux qui sont méprisés, seuls, mis de côté. C’est à cela que le Seigneur nous appelle. Cela peut aussi parfois être une croix à porter. Suivre Jésus, renoncer à soi ne sera pas toujours agréable, joyeux, valorisant. Vivre pour Dieu et pour les autres, peut être pénible parfois, comme une croix à porter. Comme la croix de nos épreuves.

3°) « A partir de ce moment… »

C’est à partir du moment où les disciples ont reconnu et cru qu’il était le Christ, que Jésus a commencé à leur parler plus ouvertement de sa mission, du sens de sa venue sur terre, de sa mort et de sa résurrection. C’est à partir du moment où l’on reconnait que Jésus est le Christ que tout s’éclaire. C’est à la lumière de la croix du Christ que l’on comprend que ce qui semble être des pertes, des renoncements, sont en fait des gains pour l’éternité. Comme la croix du Christ qui apparaît comme une « folie pour ceux qui périssent, mais pour nous qui sommes sauvés, elle est puissance de Dieu » (1 Cor. 1. 18). Suivre Jésus, c’est le suivre dans son humiliation, dans son sacrifice, dans le don de soi, et partager aussi son élévation, sa gloire, lorsqu’il reviendra. « Si nous sommes morts avec lui, nous vivrons aussi avec lui » (2 Tim. 2. 11). C’est en contemplant la croix que nous comprenons que les souffrances du temps présent, ne sauraient être comparées à la gloire à venir. (Rom. 8. 18). Sans oublier la promesse de Jésus : « Si quelqu’un me sert, qu’il me suive… si quelqu’un me sert, le Père l’honorera ». 

Conclusion

« Si quelqu’un veut venir après moi… »

C’est le défi que le Seigneur nous lance en cette rentrée qui s’annonce : le suivre quoi qu’il en coûte, quelles que soient les circonstances de nos vies comme celles de ce monde ; le défi d’une consécration totale, d’une vie qui l’honore, qui le sert, qui intègre les épreuves de la vie, qui ne recule pas face à elles ; le défi d’une vie décentrée de soi, pour s’ouvrir aux autres aussi ; le défi d’une vie pleine d’espérance, qui voit non seulement le monde d’aujourd’hui, mais aussi le monde d’après, l’éternité.

Sommes-nous prêts à relever ce défi ? « Si quelqu’un veut venir après moi… ». Veux-tu le suivre… ?

Pasteur Joël Mikaélian –  30/08/20

Si quelqu’un veut venir après moi - église évangélique arménienne Issy