Lecture : 1 Sam. 1. 20 à 22 / 1 Jean 3. 1 et 2 / Luc 2. 41 à 52

« Voyez de quel amour le Père nous a fait don… »

C’est aujourd’hui le dernier dimanche de l’année, le temps de faire une pause personnelle, familiale et communautaire aussi. Dans toute vie, il est des temps de prières, d’attentes, d’espérance, et des temps de reconnaissance, d’action de grâce, de confiance à renouveler. Les fins d’années se prêtent à de tels exercices. Ce sont des exercices salutaires, utiles, nécessaires aussi à notre équilibre et à notre croissance spirituelle. C’est ce que je vous invite à faire ce matin à travers l’expérience d’Anne, la mère du prophète Samuel, ainsi que celle de Marie, la mère de Jésus. L’une et l’autre ont dû apprendre le temps de la reconnaissance et du don, cette expérience spirituelle qui fait grandir devant Dieu. Passage de celle qui reçoit à celle qui donne, une expérience riche de sens.

 

1°) « Elle appela son nom Samuel… »

Le premier livre de Samuel nous fait entrer dans une histoire familiale compliquée. Celle d’un homme qui a deux femmes, dont l’une, Anne, est stérile alors que l’autre a des enfants. L’homme est désolé et ne sait plus comment consoler celle qui ne peut avoir d’enfant. Anne prie tout ce qu’elle peut des années durant. Elle va même jusqu’à faire la promesse de d’offrir à Dieu l’enfant qu’il lui donnerait. Finalement sa prière est entendue, elle aura un fils qu’elle appellera Samuel, « demandé à Dieu, ou Dieu a exaucé ». Vient alors le temps de la reconnaissance, le temps de dire merci en paroles et en actes. C’est ce qu’elle fera. Anne acceptera de consacrer son fils au service de Dieu, après l’avoir sevré. « J’ai prié pour cet enfant, et l’Eternel m’a accordé la demande que je lui ai faite. Et aussi, moi je l’ai prêté à l’Eternel ; pour tous les jours de sa vie ». A travers ce geste, Anne a grandi spirituellement, témoin sa magnifique prière du chapitre deux. Elle n’est plus celle qui demande à Dieu seulement, elle devient aussi celle qui donne à celui qui donne. Certes cela n’a pas dû être facile, on peut l’imaginer aisément : attendre un enfant des années durant pour s’en séparer quelques années après sa naissance. Mais c’est sans compter la bonté et la générosité de Dieu. Car la suite de l’histoire nous apprend que quelques années plus tard, Anne enfantera 3 fils et 2 filles. Un prêté pour cinq rendus ! C’est la générosité de Dieu.

En cette fin d’année, prenons, nous aussi, le temps de la reconnaissance, de l’adoration. Prenons le temps pour remercier Dieu pour l’année écoulée, et pour toutes les bonnes choses reçues de Dieu. Certes, il se peut que nous n’ayons pas reçu tout ce que nous avons demandé ; que Dieu n’ait pas répondu à toutes nos attentes. Il se peut même que l’année ait été éprouvante pour nous. Mais si nous sommes là ce matin, si nous sommes en vie, n’est-ce pas déjà un signe de sa grâce et de sa bonté ? Apprenons, nous aussi, à dire merci simplement. Et puis, réfléchissons sur nos vies, n’y a-t-il pas des promesses, des engagements pris vis-à-vis de Dieu et de l’église qui ont été oubliés ? Il n’est pas interdit de les réactualiser aujourd’hui, et de faire une mise à jour.

2°) « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? »

Marie, elle a du mal avec le don, elle tient à son fils Jésus. Certes, elle a entendu la voix de l’ange lui dire qui sera son fils. Elle a bien entendu que son fils ne sera pas toujours le sien, mais qu’un jour, il sera donné à tous et donnera sa vie pour tous. Elle sait que ce fils est aussi celui d’un autre, de Dieu lui-même. Mais elle a du mal à le vivre. Et c’est Jésus qui vient lui rafraîchir la mémoire. « Ne savez-vous pas qu’il me faut être aux affaires de mon Père ? ». Et l’évangile de préciser : « ils (Marie et Joseph), ne comprirent pas la parole qu’il leur disait ». Le chemin de Dieu est parfois complexe. Il est des renoncements douloureux pour que l’œuvre de Dieu s’accomplisse. Il est parfois des sacrifices à faire. Dieu ne demande certes pas la même chose à tous. Mais bien souvent, la vie chrétienne emprunte des voies de renoncements pour que Dieu fasse de belles choses. Pour Jésus, ce renoncement aura été de ne pas grandir et vivre comme tout le monde. Et de sacrifier sa vie pour nous sauver. Pour Marie et Joseph, il aura été d’accepter que leur fils Jésus, ne soit pas un enfant comme les autres. Accepter et croire que Jésus est le Fils de Dieu et le Sauveur du monde. Il leur faudra accepter aussi de le voir donner sa vie sur une croix. Il faudra du temps pour que Marie comprenne et croit, et qu’elle suive son fils comme ses disciples.

Et nous avons-nous compris qui est Jésus ? L’avons-nous accepté dans nos vies comme le Sauveur et le Seigneur ? Ou sommes-nous encore en train de nous étonner comme les docteurs de la loi au temple de Jérusalem, ou comme Marie ce jour où Jésus leur a parlé des affaires de son Père ?

3°) « Quiconque a cette espérance en lui se purifie, comme lui-même est pur »

Au soir de sa vie, l’apôtre Jean fait un retour sur sa vie, son expérience spirituelle avec Jésus. Il encourage les chrétiens qui vivent des temps d’épreuves pour leur dire : «Voyez de quel amour le Père nous a fait don, que nous soyons appelés enfants de Dieu… et nous le sommes… ». Quelle grâce, quel cadeau ! Mais ce n’est pas tout ! « Ce que nous serons n’a pas encore été manifesté… mais nous savons que nous lui serons semblables, car nous le verrons comme il est ». Et de rajouter : « Quiconque a cette espérance en lui se purifie, comme lui-même est pur ».

En cette fin d’année, l’apôtre Jean nous invite à la sanctification, à la pureté. A vivre en conformité à l’évangile. A ne pas nous contenter de « savoir », mais de « vivre » en fonction de ce que nous savons. A nous éloigner du mal sous toute ses formes ; des formes les plus grossières aux plus subtiles. A renoncer au mal, aux convoitises de la chair, aux mensonges, à l’hypocrisie, à l’orgueil, l’amertume, la rancœur, les rivalités, les médisances… Il se peut que nous sachions toutes ces choses, mais que nous ayons du mal à les vivre, à les mettre en pratique. Un peu comme Marie et Joseph qui savaient qui était Jésus, mais qui avaient du mal à l’accepter parfois.

« Voyez de quel amour le Père nous a fait don… »

En cette fin d’année, rendons grâce à Dieu pour l’espérance que nous avons en Jésus. Pour sa fidélité tout au long de l’année. Pour son amour ; pour sa présence à nos côtés ; et vivons pleinement ce que nous savons et croyons avec l’aide de l’Esprit Saint.

Pasteur Joël Mikaélian
30/12/18