Lecture : Es. 49. 1 à 6 / Matth. 5. 14 à 16

« Que votre lumière luise… »

Nous sommes souvent troublés face à l’avenir, la destinée. Chrétien ou pas, l’avenir nous questionne, le sens de cette vie nous questionne. Cela d’autant plus que, en tant que chrétien, nous savons que notre vie, notre destinée, notre présent et notre avenir sont entre les mains de Dieu. Le Ps 139 comme le texte d’Esaïe suggère même que Dieu ait déjà décidé de notre destin avant même notre naissance. On le sait, la question de la prédestination ne fait pas l’unanimité chez les chrétiens. Le débat est loin d’être clôs, et peut-être ne le sera-t-il jamais avant la fin, tant cette question est complexe. Toujours est-il que cette pensée peut être apaisante et troublante. Apaisante lorsque tout va bien, troublante lorsque les épreuves sont là. Ces derniers temps, les médias ont beaucoup parlé du stress des futurs étudiants en rapport avec le fameux système « parcour’sup ». Un véritable cauchemar pour tous, parents y compris paraît-il. Et la Bible de nous dire et de nous répéter que Dieu nous précède, qu’il a déjà tout prévu. Il nous guide, il anticipe… Mais quand même, on s’inquiète un peu et c’est bien humain. Et parfois même on s’inquiète plus qu’un peu ! Ce matin, je ne vais pas vous révéler votre avenir, votre parcours, ce n’est pas dans mes compétences. Mais la parole de Dieu nous révèle tout de même une part importante de notre destinée que je vous invite à méditer.

 

1°) « Je t’ai destiné à être lumière des nations… »

Cette parole a été adressée au peuple d’Israël quelques siècles avant la naissance de Jésus. Alors que le peuple était en captivité à Babylone et qu’il n’avait plus d’avenir. Tout était détruit à Jérusalem, les élites avaient été soit massacrées, soit déportées. Et c’est pourtant là que Dieu rappelle à son peuple qu’il a toujours un avenir, une destinée bien précise. C’est là que le peuple entre en dialogue avec Dieu. Le texte d’Esaïe nous met en présence d’un dialogue singulier. Il s’agit d’un dialogue intérieur, où le peuple se souvient que Dieu l’a appelé, dès avant sa naissance à être son serviteur ; que c’est par lui que Dieu serait glorifié. Le peuple parle et fait parler Dieu en se souvenant de ses paroles. Dans ce dialogue avec Dieu et avec lui-même, il fait aussi état de ses découragements, de ses échecs : « Et moi j’ai dis : c’est en vain que j’ai travaillé, c’est pour du vide, pour du vent que j’ai épuisé mon énergie… ». Mais dans sa quête intérieure, il se rend compte lui-même que ce n’était pas en vain. Que sa récompense était auprès du Seigneur. Il ne la voyait pas jusque là. Et ce retour sur soi continue, en réalisant et en entendant à nouveau la voix de Dieu qui lui confie une mission, une destinée plus grande encore. « C’est trop peu … que tu relèves… et ramènes le reste d’Israël… Je t’ai destiné à être la lumière des nations ». C’est avec plein de foi que le prophète Esaïe transmet ce message à un peuple pratiquement anéanti. Dieu est fidèle à son appel. Certes, il peut y avoir des incidents de parcours, des accidents de parcours, des drames dans l’histoire et dans nos histoires. Mais cela n’enlève rien à la fidélité de Dieu. Il suffit de se replacer devant lui, de rentrer en soi-même comme ce texte d’Esaïe nous y invite et d’entendre la voix de Dieu qui nous dit que rien n’a changé pour lui. N’hésitons pas nous aussi à entrer dans ce dialogue intérieur pour découvrir, redécouvrir la fidélité de Dieu et notre destinée.

2°) « Vous êtes la lumière du monde… »

Jésus n’a pas hésité à adresser cette parole à ses disciples. Paroles qu’il nous adresse à nous aujourd’hui, à l’église, nouveau peuple de Dieu. Bien que Jésus ait dit : « Pendant que je suis dans le monde, Je suis la lumière du monde… ». Il a lancé cet appel à ses disciples. Appel qu’il nous lance à nous aussi ce matin : « Que votre lumière luise… ». Pour cela, il nous faut être d’abord éclairés par l’évangile. Eclairés sur notre péché, le confesser, se repentir, et recevoir le pardon et la vie par Jésus Christ, grâce à sa mort sur la croix. En Christ, celui qui croit reçoit une double destinée. Une destinée éternelle, la vie éternelle ; une destinée temporelle, être lumière du monde. C’est celle de tout chrétien. Elle est une grâce, une marque de confiance de la part de Dieu. Elle est aussi une responsabilité. Responsabilité individuelle et collective, d’église. Mettre en œuvre les dons, les capacités que Dieu nous a données, pour l’église et pour tout le monde. C’est ce que le Seigneur veut nous rappeler ce matin, comme il l’a fait pour Israël alors en captivité. Il nous invite, nous aussi, à nous souvenir de l’appel qu’il nous a adressé il y a peut-être longtemps, ou récemment. A rentrer en nous-mêmes pour entendre sa voix nous dire : « Vous êtes la lumière du monde… que votre lumière brille aux yeux des hommes, pour qu’en voyant vos bonnes actions, ils rendent gloire à votre Père qui est aux cieux ». C’est à cela que je t’ai destiné, qu’il nous a destinés chacun. A manifester son amour, sa lumière, sa sainteté, sa paix, sa joie, son pardon, sa compassion, sa bonté… par notre vie et nos œuvres. A continuer à le faire même si l’on se dit parfois comme le peuple d’Israël : « C’est en vain que je me suis fatigué… ». Même si nous n’avons pas toujours eu la reconnaissance attendue, la bénédiction attendue. Continuer nous souvenant comme Israël que : « En fait, mon droit m’attendait auprès de mon Dieu, ma récompense auprès de mon Dieu ». Rentrons en nous-mêmes ce matin, ayons ce dialogue intérieur, qui va jusqu’à réaliser que rien n’est vain dans le Seigneur. Souvenons-nous de toutes les promesses qui terminent les lettres de l’Apocalypse : « A celui qui vaincra… je donnerai la couronne de vie… un nouveau nom… je n’effacerai point son nom du livre de vie… ». Nous avons un capital, un héritage qui nous attendent.

3°) « Mon Dieu sera ma force… »

Comment rester fidèle à notre appel, à notre vocation à être la lumière du monde ? Le peuple qui se questionne, qui s’interroge et se souvient de son appel, se souvient aussi que Dieu est sa force. Souvenons-nous, nous aussi, ce matin que le Seigneur nous a dit : « Sans moi, vous ne pouvez rien faire… ». « Vous recevrez une puissance, le Saint Esprit venant sur vous, et vous serez mes témoins… ». Mon Dieu est ma force, mon Dieu sera ma force, pour que je puisse accomplir toutes les bonnes actions que je dois accomplir.

« Que votre lumière luise… »

C’est notre destinée en Jésus Christ. Destinée à la conversion, au baptême, à la vie éternelle ; destinée à briller de l’amour, de la paix, de la joie, de la compassion, de la douceur de Dieu. Quelle belle destinée !

Que notre lumière luise dans nos maisons, à l’école, au travail.

Que notre lumière collective, d’église, brille dans la ville, la région, le monde.

Quelle apporte à tous, amour, paix, bienveillance, sainteté, justice, confiance, espérance par la force du Saint Esprit.

Pasteur Joël Mikaélian
24/06/18