Lecture : Deut. 6. 2 à 6 / Marc 12. 28 à 34 / Héb. 7. 23 à 28

« Tu n’es pas loin du royaume de Dieu… »

Des religieux qui ne croient pas en la résurrection viennent poser une question piège à Jésus. Ils lui racontent une histoire sordide de sept frères qui décèdent tour à tour après avoir épousé la même femme. (C’était la tradition dans l’orient ancien. Les frères du défunt devaient épouser la veuve du défunt pour lui donner une postérité). Dans cette histoire qu’ils imaginent, les sept frères décèdent les uns après les autres après avoir épousé la veuve du premier sans lui laisser de descendance (Marc 12. 18 à 27). Question : « A la résurrection, duquel sera-t-elle la femme ? ». Et Jésus de répondre : « vous ne connaissez pas les Ecritures, ni la puissance de Dieu… ». Vous êtes loin du compte, loin de la réalité du royaume de Dieu. C’est alors qu’un scribe s’approche et pose une autre question : « Quel est le premier de tous les commandements ? ». Méditons quelques instants sur la réponse de Jésus. Et laissons-nous interpeler. Ne fermons pas la porte de nos cœurs, sous prétexte que nous connaissons la réponse. Quelle parole le Seigneur veut-il me dire ce matin par cette réponse ?

 

1°) « Ecoute… »

« Ecoute, … le Seigneur notre Dieu est un seul Seigneur… ». Pour répondre à la question, Jésus reprend deux textes de l’Ancien Testament. Il reprend celui du Deutéronome, le fameux : « Ecoute Israël… » donné à Moïse (Deut. 6. 4). Et il le complète par un second texte, du Lévitique (19.18), concernant l’amour pour le prochain.

Par ces deux paroles que Jésus rappelle, il résume les fondements de ce positionnement qui nous ouvre l’accès au royaume de Dieu et à l’éternité. Il nous rappelle, d’abord, qui est Dieu. Il est le seul Seigneur « un, unique ». C’est l’affirmation du monothéisme. Et il nous dit aussi qu’il est « notre ». C’est-à-dire qu’il est proche de nous, qu’il se laisse « approprier ». Dieu est d’accord pour être « notre » Seigneur. C’est-à-dire qu’il veut être en relation avec nous les humains, qu’il a créés. Ce commandement souligne qu’il est notre au sens collectif. Et qu’il l’est aussi au sens individuel, puisque le commandement passe après au singulier : « Tu aimeras… ». La foi en Dieu recouvre ces deux aspects, celui d’un engagement personnel et collectif, en église. Le Seigneur est « un » unique, et il est « nôtre », ou il souhaite être proche de nous, en relation avec nous.

Que faire pour lui ? Pour ce Dieu unique et proche ? Qu’attend-il de nous ? « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu… ». C’est-à-dire, tu aimeras Dieu, mais pas n’importe comment, pas comme tu veux, pas quand tu veux. Car ce Dieu si bon, si proche, est exigeant aussi, car l’amour véritable est exigeant. Dans un monde de plus en plus individualiste, où chacun revendique le droit de vivre comme il l’entend (et les chrétiens ne sont pas de reste !), le premier commandement vient nous ramener au fondement de notre relation avec Dieu ; au type de relation qu’il nous demande d’avoir. Tu aimeras totalement, non pas comme tu veux. De plus, le Nouveau Testament nous dit pourquoi l’aimer ainsi ? « Nous l’aimons parce qu’il nous a aimés le premier ». (1 Jean 4. 19). Le Seigneur t’a aimé le premier, il t’a aimé totalement, entièrement. Il t’a aimé déjà en te créant, en te donnant la vie, en te faisant venir à l’existence. Et bien plus encore, il t’a aimé en se donnant, en donnant sa vie en Jésus Christ sur la croix pour toi, pour que tu ais accès au royaume de Dieu. Dieu n’a pas tergiversé, il n’a pas négocié, il n’a pas conditionné son amour. Le scribe qui interrogeait Jésus, ne le savait pas encore, mais il n’était pas loin de le savoir, dit Jésus.

Pour nous qui le savons aujourd’hui, ce commandement revêt un sens nouveau, plus fort encore. Car nous savons, nous avons lu, nous avons entendu, nous avons connu, l’immensité de cet amour inconditionnel de Dieu. Cette parole nous interpelle aujourd’hui : « Sommes-nous indifférents, insensibles… ? » C’est notre liberté. Mais pour nous qui voulons accueillir cet amour, ou pour nous qui y avons répondu… Une autre question se pose, à savoir : « Quelle est la mesure de notre amour pour Dieu ? ». Notre amour se mesure-t-il en paroles seulement ? En quelques chants de louanges le dimanche matin ? En quelques offrandes ? En quelques émotions en prenant la Sainte Cène qui fait mémoire de son sacrifice ? La mesure juste, ne serait-elle pas plus, notre obéissance à sa parole, l’engagement de notre vie ? « Tu aimeras… de tout ton cœur, de toute ton âme, de toute ta pensée, de toute ta force… ». Parce qu’il t’a aimé le premier et a donné sa vie pour toi.

2°) « Et le second qui lui est semblable… »

En quoi le second commandement est semblable au premier ? Comment Jésus peut-il mettre sur le même plan, l’amour que Dieu demande pour lui, et celui qu’il demande pour le prochain ? Parce que le prochain, quel qu’il soit, est aussi créature de Dieu, aimé de Dieu. Même s’il se trouve être pécheur, plus pécheur que moi peut-être ; même s’il se trouve être désagréable, un ennemi… Car là encore, le commandement nouveau en Jésus, va plus loin que le commandement ancien. C’est Jésus qui le dira : « Vous avez appris qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Et moi je vous dis : Aimez vos ennemis… » (Matth 5. 43).

« Tu aimeras ton prochain… ». Compliqué parfois, souvent… Comment aimer ces prochains qui m’embêtent, qui me fatiguent… sans parler de ceux qui me font mal, ou qui m’ont fait du mal ! Seigneur, aide-moi à les aimer, peut-être pas comme toi tu les aimes, mais au moins comme j’arrive à m’aimer. Peut-être pas de tout mon cœur, de toute mon âme…, mais au moins, comme moi-même.

Le Seigneur nous connaît, il connaît nos limites aussi. Mais il nous demande quand même d’aimer ceux qui nous entourent. Aimer nos frères et sœurs en Christ, les bénir, leur vouloir du bien. Bénir Dieu de nous les avoir donnés. Mais aimer ceux qui nous font du mal, aimer aussi celui qui se perd pour l’éternité … Ce qui nous interroge sur notre témoignage, notre prière pour ceux qui se perdent ; pour nos amis, nos collègues de travail, nos voisins. C’est à nous à les porter au Seigneur. Pourquoi ?

3°) « Jésus peut sauver entièrement ceux qui s’approchent de Dieu…»

Le texte de l’épître aux Hébreux, nous rappelle que c’est Jésus qui sauve. C’est lui qui en a le pouvoir. A condition que l’on s’approche de lui ; que l’on approche de lui ceux qui se perdent. Par nos prières, notre témoignage, nos invitations. C’est là notre part, le reste, c’est le Seigneur qui s’en charge.

Conclusion : « Tu n’es pas loin du royaume de Dieu… »

Et nous, et toi ?

Renouvelons notre amour pour le Seigneur, les uns pour les autres et pour ceux qui se perdent.

Pasteur Joël Mikaélian
04/11/18