Prov. 18. 12 / Luc 14. 1 à 4

« Car tout homme qui s’élève sera abaissé et celui qui s’abaisse sera élevé »

Etonnante cette parole de l’évangile ! Elle est à l’inverse de la logique humaine, à l’inverse de la pratique, des concepts qui ont toujours régi les relations humaines. Etonnante aussi cette parole, car avouons-le, les choses ne se passent pas toujours ainsi dans notre monde, dans la réalité de nos vies. Certains s’élèvent toujours plus, sans être jamais abaissés ; d’autres s’abaissent toujours, sans être élevé ! La parabole dite des « invités », ne fonctionne pas toujours. Ce qui encourage les orgueilleux dans leur orgueil, et décourage ou révolte les humbles dans leur humilité. Il serait bon que chacun puisse méditer cette parole. En commençant par ceux que l’on nomme « les grands de ce monde », dont l’orgueil et l’égo mène l’humanité à se perte ; et génère d’innombrables souffrances chez les « petits ». On peut penser au sort des minorités, de certains peuples, victimes des intérêts des grandes puissances, comme l’Arménie, l’Ukraine… Mais quel message recevoir ce matin ? Que veut dire s’élever, s’abaisser ? Comment comprendre cela et le vivre ? Faudrait-il sans cesse s’écraser en espérant être élevé ? Qu’est-ce que l’humilité ? C’est sur ce thème que je vous invite à méditer.

1°) « Ils choisissaient les premières places… »

C’est ce que Jésus remarque, ce jour où il se trouve avec des invités, dans la maison d’un chef des pharisiens. Il y a là probablement des notables, des riches, des gens bien. Ce qui explique l’exhortation de Jésus qui fait suite à cette parabole. Ici, Jésus remarque que tout ce beau monde se bouscule pour être aux premières places. Un peu comme dans ces rencontres officielles, où chacun essaie de se mettre devant pour être vu. Cette parole de l’évangile questionne notre relation à nous-même et aux autres ; deux questions liées entre-elles. Comment nous voyons-nous ? Comment Dieu nous voit ? Quelle est notre identité ? C’est la base de notre relation aux autres. Notre identité est souvent ce qui conduit et construit notre relation aux autres. Qui sommes-nous ? La Bonne Nouvelle de l’Evangile c’est qu’en Jésus, nous sommes devenus des enfants de Dieu, des disciples du Christ, de nouvelles créatures, aimés de Dieu. Nous sommes des êtres de grandes valeurs aux yeux de Dieu. Le Christ a donné sa vie pour nous, il nous a donné son Esprit, il habite en nous… En Jésus nous sommes des êtres extraordinaires, par pure grâce ! C’est-à-dire qu’il n’y a pas de quoi s’enorgueillir, pas de quoi pavoiser. Nous devons plutôt être reconnaissant à Dieu, avoir le cœur rempli de gratitude envers Dieu. Nous devrions dire à la suite de l’apôtre Paul : « Par la grâce de Dieu je suis ce que je suis, et sa grâce envers moi n’a pas été vaine… » (1 Cor. 15. 10). C’est cela l’humilité dont il est question, c’est ce que veut dire s’abaisser, être humble selon l’Evangile. Être humble véritablement, ce n’est pas se sous-estimer, s’écraser, s’enfermer dans une sorte de découragement, mais c’est être conscient de la grâce de Dieu et de notre valeur aux yeux de Dieu. C’est vivre dans la reconnaissance et la gratitude de ce que je suis en Jésus par pure grâce. Et d’apprendre toujours de Lui : « Il s’est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix » (Phil. 2. 8). Et c’est à partir de là que je peux construire une relation juste avec les autres. Sans chercher à me surestimer ou à me sous-estimer.

2°) « L’orgueil précède la chute… »

Le livre des proverbes souligne à plusieurs reprises les dangers, les conséquences fâcheuses de l’orgueil. L’épître de Jacques, ainsi que celle de Pierre nous dit aussi que « Dieu résiste aux orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles »(Jacq. 4. 6 / 1 Pie. 5. 5). A l’opposé de l’humilité, l’orgueil est probablement le péché par excellence. C’est lui qui a fait chuter le malin qui voulait être au-dessus de Dieu. C’est lui qui a entrainé la chute de l’humanité, « vous serez comme des dieux… » disait le serpent à la femme dans le jardin d’Eden. (Gen. 3. 5). L’histoire de l’humanité nous donne plusieurs exemples de chutes de monarques, de dictateurs qui s’imaginaient être des dieux (Nebucadnetsar, Hérode, et tant d’autres). Il arrive toujours un temps où Dieu intervient et met un terme à la folie des hommes, à leur orgueil. L’orgueil est bien à l’opposé de l’humilité. Il est souvent refus de sa condition humaine devant Dieu, refus des limites de l’humain, refus de la grâce de Dieu. Il mène toujours à des impasses et à des lendemains douloureux. A nous d’être vigilant et de ne pas nous engager sur cette voie, à la quitter chaque fois qu’il nous arrive de l’emprunter.

3°) « Quand tu donnes un festin, invite des pauvres… »

Dans la suite de la parabole, Jésus donne un conseil à son hôte. Celui de s’ouvrir aux autres, notamment aux pauvres, aux malheureux, aux malades, aux personnes fragiles. Une façon concrète de vivre l’humilité, de considérer ceux que le monde de l’orgueil ne considère pas. Jésus n’est pas contre les rencontres amicales ou familiales, elles ont aussi leur place. Mais celles-ci ne doivent pas nous faire oublier notre devoir d’aimer notre prochain, d’ouvrir nos yeux sur la misère qui nous entoure. Car tout être humain a de la valeur aux yeux de Dieu, est aimé de Dieu. C’est la Bonne Nouvelle de l’Evangile. « Car Dieu a tant aimé le monde… » (Jean 3. 16). Tout être humain est aimé de Dieu et doit l’être aussi pour ceux qui sont ses enfants. Si l’orgueil nous pousse à l’exclusion de ceux qui sont différents de nous, socialement moins favorisés que nous, à nous mettre au-dessus des autres, l’humilité nous invite à nous mettre au niveau de chacun et à accueillir l’autre. C’est ainsi que Dieu agit envers nous. C’est ainsi que Jésus lui-même s’est sans cesse tourné vers ceux qui étaient délaissés. L’Evangile ne fait pas de différence, l’amour et la grâce de Dieu ne font pas de différence. Le salut en Jésus est pour tous ceux qui veulent bien l’accepter, qu’ils soient riches ou pauvres, bien portant ou malade. C’est à chacun d’accepter l’invitation au salut, d’obéir et de vivre selon l’Evangile. C’est ce que Jésus dira avec la parabole des invités qui suit. Tous sont invités au salut, au royaume de Dieu, seul ceux qui acceptent l’invitation y entreront.

Conclusion :

« Car tout homme qui s’élève sera abaissé et celui qui s’abaisse sera élevé »

Que Dieu nous accorde la grâce de vivre dans l’humilité véritable, dans la joie et la reconnaissance de ce que nous sommes en Jésus ; des enfants aimés de Dieu et sauvés par pure grâce. Apprenons à nous voir comme Dieu nous voit. Et soyons conscients de notre identité en Jésus.

Que Dieu nous garde de toute forme d’orgueil et de mépris ou d’indifférence par rapport aux autres, notamment aux pauvres.

Que nous soyons témoins de cette humilité dans ce monde rempli d’orgueil.

Pasteur Joël Mikaélian

28/08/2022