Lecture : Es. 7. 10 à 14 / 9. 1 à 6 / 42. 1 à 7 / Jean 1. 9 à 18

Noël… « Le pouvoir de devenir enfants de Dieu… »

Il est des pouvoirs éphémères, d’autres qui n’ont pas de fin. Nous sommes environ au sixième siècle avant Jésus Christ. Le Moyen Orient est en crise, la situation géopolitique est compliquée. Les Assyriens viennent d’annexer plusieurs royaumes, dont celui d’Israël, lâché par les Egyptiens. Un homme du nom d’Esaïe, qui signifie « le Seigneur sauve », reçoit des paroles de Dieu qu’il transmet et qu’il écrits, sentant bien qu’elles ne concernent pas seulement son temps, mais aussi des temps plus éloignés.

« Et l’Eternel parla encore à Achaz, en disant : Demande un signe à l’Eternel ton Dieu ; demande-le dans les lieux bas, ou du haut des cieux. Mais Achaz dit : Je ne demanderai rien, et je ne tenterai point l’Eternel. Esaïe dit : Ecoutez, maison de David ! Est-ce trop peu pour vous de fatiguer les hommes, que vous fatiguiez aussi mon Dieu ? C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici, la vierge concevra, et elle enfantera un fils, et elle appellera son nom Emmanuel ! ». (Es.7. 10 à 14)

 

Dans les ténèbres de la souffrance, de l’inquiétude, de l’instabilité du monde d’alors, Esaïe reçoit la promesse d’un enfant ; un enfant dont le nom suggère que bientôt, Dieu se fera plus proche des humains. De sa propre volonté, il sera l’« Emmanuel, Dieu avec nous ». Esaïe reçoit que sa naissance sera surprenante, elle sera « signe » de Dieu, c’est-à-dire « miracle » qui étonnera le monde.

« Le peuple qui marchait dans les ténèbres voit une grande lumière ; sur ceux qui habitaient le pays de l’ombre de la mort une lumière resplendit. Tu rends le peuple nombreux, tu lui accordes de grandes joies ; il se réjouit devant toi, comme on se réjouit à la moisson, comme on pousse des cris d’allégresse au partage du butin. Car le joug qui pesait sur lui, le bâton qui frappait son dos, la verge de celui qui l’opprimait, tu les brises, comme à la journée de Madian… Car un enfant nous est né, un fils nous est donné, et la domination reposera sur son épaule ; on l’appellera Admirable, Conseiller, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la paix… » (Es. 9. 1 à 6)

Quelques années plus tard, Esaïe reçoit d’autres paroles plus précises encore au sujet de l’enfant.

« Voici mon serviteur, que je soutiendrai, mon élu, en qui mon âme prend plaisir. J’ai mis mon esprit sur lui ; il annoncera la justice aux nations. Il ne criera point, il n’élèvera point la voix, et ne la fera point entendre dans les rues. Il ne brisera point le roseau cassé, et il n’éteindra point la mèche qui brûle encore ; il annoncera la justice selon la vérité. Il ne se découragera point et ne se relâchera point, jusqu’à ce qu’il ait établi la justice sur la terre, et que les îles espèrent en sa loi. Ainsi parle Dieu, l’Éternel, qui a créé les cieux et qui les a déployés, qui a étendu la terre et ses productions, qui a donné la respiration à ceux qui la peuplent, et le souffle à ceux qui y marchent. Moi, l’Éternel, je t’ai appelé pour le salut, et je te prendrai par la main, je te garderai, et je t’établirai pour traiter alliance avec le peuple, pour être la lumière des nations, pour ouvrir les yeux des aveugles, pour faire sortir de prison le captif, et de leur cachot ceux qui habitent dans les ténèbres ». (Es. 42. 1 à 7)

L’enfant sera serviteur, marqué par l’humilité, la discrétion et surtout, la compassion envers les plus fragiles. Il parlera de justice selon la vérité. Il sera courageux, persévérant, rien ne l’arrêtera. Il ira jusqu’au bout de sa mission de salut de l’humanité. Esaïe parle clairement d’un sauveur, lumière des nations, qui guérit et libère des ténèbres. Bien qu’il ne sache pas précisément de qui il s’agit, il transmet le message, comme un fidèle porte-parole de Dieu.

Les années passent, Esaïe n’est plus. Des siècles passent, et puis un beau jour, le signe se produit, le miracle. L’enfant annoncé va naître. Un ange est envoyé vers une vierge d’Israël. Quelque chose de surnaturel se prépare. Dieu se fait proche de l’humanité. Il devient humain, enfant même. Comme annoncé par Esaïe, il naît dans l’indifférence générale. Pas de médias ! Il naît à Bethlehem, comme un autre prophète l’avait dit. Sa naissance passera inaperçue, mais très vite, elle deviendra source de joie et d’espérance pour beaucoup, et source d’inquiétude pour d’autres. On ne saura pas grand-chose de son enfance. Mais étant adulte il manifestera pleinement l’amour de Dieu, sa compassion, sa force sa puissance, sa sagesse. Il se révèlera être, comme l’avait écrit Esaïe : l’« Emmanuel, Admirable, Conseiller, Dieu puissant, Père éternel, Prince de la paix, un «homme Dieu » unique. Bien plus encore, il ira jusqu’au bout de sa mission, jusqu’au don de sa vie sur une croix, pour sauver ce monde, pour un autre monde. Son sacrifice suscitera beaucoup d’incompréhension chez les siens, comme chez ses détracteurs. Incompréhension qui s’est transmise jusqu’à nos jours. Et voilà qu’après sa mort, il revient à la vie pour toujours.

L’apôtre Jean, dans le magnifique prologue de son Evangile, fait résonner ces paroles prophétiques, et les éclaire de la naissance de Jésus. Par une parole puissante il nous redit ce matin à propos de cette Lumière d’Esaïe, cet Enfant et ce Serviteur : « Elle était dans le monde, et le monde a été fait par elle, et le monde ne l’a point connue… Mais à tous ceux qui l’ont reçue, à ceux qui croient en son nom, elle a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, lesquels sont nés, non du sang, ni de la volonté de la chair, ni de la volonté de l’homme, mais de Dieu ». (Jean 1. 9 à 18)

En Jésus Christ, tout homme peut naître de Dieu, renaître spirituellement par la foi en lui. C’est la fabuleuse nouvelle de Noël, de ce Dieu qui se fait homme pour sauver l’humanité de la mort et lui ouvrir les portes de l’éternité. Les lumières de nos villes sont bien ternes face au sens véritable de Noël, à ce qui s’est passé ce jour que nous fêtons chaque année. C’est un tournant de l’histoire de l’humanité que nous fêtons. Que ce tournant soit aussi tournant de notre histoire. Que nul ne se prive de la grâce de ce pouvoir qui nous est donné en Jésus ; Pouvoir de devenir et d’être enfant de Dieu pour l’éternité, par la foi en Jésus, l’enfant de Noël. C’est seulement là que Noël prend tout son sens et demeure source de joie, de paix, d’espérance et d’amour.

Bon Noël à chacun !

Pasteur Joël Mikaélian
23/12/18