Lecture : Es. 50. 5 à 9 / Marc 8. 27 à 35

« Et vous, qui dites-vous que je suis … ? »

La question de l’identité est au cœur de la vie. Une bonne connaissance de soi, l’acceptation et l’estime de soi, nous permettent d’échapper au jugement, à la pression souvent néfaste du regard des autres. Un regard qui nous conduit à ne plus être nous-même, mais ce que les autres voudraient que l’on soit. Dans son humanité, Jésus n’a pas échappé à cette question. A la différence que Lui savait très bien qui il était. Jean 13. 3 : «Jésus… savait… qu’il était venu de Dieu, et il s’en allait à Dieu… ». A la différence aussi qu’il n’est jamais tombé dans le piège de la popularité. Il n’a jamais essayé de plaire ou d’être ce que le monde ou ses disciples voulaient qu’il soit. Son identité était de Dieu et en Dieu. Et il a pu ainsi accomplir parfaitement sa mission. Qu’en est-il de nous ? Qui est Jésus pour nous ? Avons-nous une connaissance juste de Lui, de nous, du sens de notre vie ? Quelle est notre identité ? Vivons-nous en accord avec cette identité ? Nous le savons, tout décalage dans ce domaine conduit à des impasses, des frustrations et du mal-être. La question est cruciale. Il est important d’y réfléchir régulièrement. C’est que je vous invite à faire ce matin.

 

1°) « Qui suis-je au dire des hommes… ? »

Jésus connait parfaitement qui il est. Il n’est pas à la recherche de son identité mais il veut s’assurer que l’on ait bien compris qui il est. Il commence par une question générale : « Qui suis-je au dire des hommes… ? ». La réponse, pour les disciples, est facile dans le sens où elle ne les engage pas personnellement. Comme il est facile pour nous aussi de dire ou d’imaginer ce que d’autres pensent de Dieu ou de Jésus. Ceci est de l’ordre de la connaissance, de l’opinion générale. Et les disciples répondent sans problème. Mais quand la question se fait plus précise, plus personnelle, « Et vous, qui dites-vous que je suis … ? », les choses se compliquent. Pierre se précipite à la manière d’un écolier pour répondre : « Tu es le Christ ! » c’est-à-dire le Messie. « Bravo Pierre, tu es le meilleur ! » Serait-on tentés de dire ! Mais ce n’est pas tout à fait ce que dira Jésus. Même si les évangiles ne rapportent pas tous de la même manière la réaction de Jésus ! Les évangiles de Marc et de Luc s’accordent pour dire que Jésus commandera tout de suite sévèrement aux disciples de ne pas dire cela. Alors que l’évangile de Matthieu sera plus positif au départ, mais au final Jésus reprendra quand même Pierre. Pourquoi une telle sévérité et une telle réaction à cette belle confession de Pierre ? Parce que derrière chaque mot, il y a un sens et parfois un sens tout autre que celui auquel on pense. Dans l’esprit de Pierre et de beaucoup à cette époque, le mot « Messie » désignait un libérateur temporel, militaire, qui devait libérer Israël de l’occupation romaine, restaurer l’indépendance du pays et inaugurer une nouvelle ère de paix, de prospérité, de bonheur pour tous. Ce qui était en total décalage avec la mission de Jésus.

Ce qui explique que tout de suite après, Jésus soit contraint d’enseigner ses disciples et la foule au sujet de ses souffrances, de son rejet, de sa mort et de sa résurrection. Mais Pierre n’a toujours pas compris. Il persiste, il réprimande même Jésus ! Il veut que Jésus soit celui qu’il voudrait qu’il soit ! Il n’est pas d’accord avec Lui. Il veut que Jésus soit conforme à ses désirs, à ses projets, sa façon de voir sa mission. Comme il nous arrive à nous aussi de ne pas être d’accord avec Dieu. De vouloir que Dieu soit ce que l’on voudrait qu’il soit, qu’il fasse ce que l’on voudrait qu’il fasse ! Que de fois, le Seigneur est contraint de nous dire à nous aussi, comme à Pierre : « Tes vues ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. ». Les bonnes intentions humaines ne sont pas toujours celles de Dieu. « Vos pensées ne sont pas mes pensées, vos voies ne sont pas mes voies. Mais autant les cieux sont élevées de la terre, autant mes pensées sont élevées par rapport à vos pensées » (Es. 55. 8 et 9).

Jésus est le Christ, le Messie, mais pas celui que l’on voudrait. On ne peut l’obliger à être comme on aimerait qu’il soit.

2°) « Tu es le Christ. »

« Et vous, qui dites-vous que je suis … ? » Certes, aujourd’hui, il est possible que nous sachions tous répondre correctement à la question de Jésus. En mettant le sens correct derrière le mot. A savoir que Jésus est celui qui est venu dans le monde pour sauver le monde de la juste condamnation du péché et du mal. Qu’il est venu nous révéler l’amour du Père. Que son sacrifice sur la croix expie toutes nos fautes. Qu’il a été accusé, jugé, condamné à notre place. Que par la foi en lui, Dieu nous pardonne, nous libère, nous accueille comme ses enfants et devient notre Père. Que par la foi en lui, Dieu vient habiter en nous par l’Esprit Saint.

Mais est-il réellement cela pour moi ? Ai-je réellement expérimenté spirituellement ces paroles ? Il serait dommage d’en rester au domaine de la connaissance, sans foi, sans acceptation et appropriation de cette vérité. Si tel est le cas pour nous, il est toujours bon de traduire notre connaissance en expérience spirituelle personnelle ; et d’en témoigner par le baptême.

Quant à nous qui l’avons expérimentée, combien devons-nous être reconnaissant pour cette grâce ! Et surtout, réaliser que c’est là qu’est notre véritable identité, en Christ. En Jésus, nous avons reçu une identité nouvelle, celle d’enfant de Dieu ! En lui nous sommes aimés de Dieu, régénéré par sa Parole. Nous sommes précieux à ses yeux. C’est le regard d’amour que Dieu porte sur nous qui construit notre véritable identité, et non le regard des autres ! Si tu es en Christ, les gens peuvent penser ce qu’ils veulent de toi, qu’importe ! Leur jugement est secondaire, relatif et si souvent fluctuant ! En Christ, tu es aimé de Dieu, pardonné, libéré de toute condamnation, de tout jugement humain, destiné à la vie éternelle. Ne tombons pas sans cesse dans le piège de vouloir être ce que les autres voudraient que l’on soit ! En Christ, ma valeur ne dépend pas de mes apparences physiques, de mes compétences, de mes réussites ou de mes échecs, ni même de mes « performances spirituelles ». Ma valeur c’est le prix de sa vie! C’est ce regard de Dieu que je dois sans cesse porter sur moi-même, et me défaire du regard des autres. Ce qui ne veut pas dire qu’il me faut ignorer les autres et m’enfermer dans ma petite tour d’ivoire. Bien au contraire, c’est à partir de là que je peux alors m’ouvrir aux autres et les aimer vraiment, aimer même ceux qui me font du mal !

Il en va de même pour l’église. Sa valeur ne dépend pas de ses réussites, de sa croissance ou de ses échecs. Elle ne dépend pas de sa taille, de la qualité de ses membres… Elle dépend de l’amour du Christ qui a aimé l’église et qui a donné sa vie pour elle.

3°) « Si quelqu’un veut venir après moi… »

C’est par cette invitation que Jésus conclue. Car Le suivre Lui, Jésus, demeure une question fondamentale, vitale. Jésus parle de : « sauver sa vie, perdre sa vie… ». Et là encore, ses pensées sont à l’inverse des pensées humaines. Les mots n’ont pas le même sens. Sauver c’est perdre et perdre c’est sauver ! Penser sauver sa vie sans le Christ, c’est la perdre pour l’éternité. Penser perdre sa vie à cause du Christ, c’est la sauver pour l’éternité. A vous de choisir dit Jésus ! N’hésitons pas à le suivre et à lui rester fidèles fort de son amour pour nous. Même s’il y a des croix à porter, il nous aidera toujours à les porter.

Conclusion :

« Et vous, qui dites-vous que je suis … ? »

Avons-nous une juste connaissance du Christ ? De nous ?

Avons-nous reçu notre nouvelle identité en Christ ? Pourquoi ne pas la recevoir aujourd’hui par la foi en Lui ?

Vivons-nous en accord avec cette identité ? Ou bien vivons-nous selon nos désirs, nos idées, nos pensée, nos conceptions propres de Jésus, de la vie Chrétienne ? Que Dieu nous aide à vivre en conformité à notre identité d’enfant de Dieu. Et soyons reconnaissants pour cette grâce d’être ses enfants.

Pasteur Joël Mikaélian
16/09/18