Lecture : Ps. 53. 2 à 4 / Rom. 3. 10 à 18 / Marc 14. 22 à 25

« Il n’y a pas de juste, pas même un seul… »

La Bible rend un verdict sans appel sur la nature humaine. Un verdict qui peut choquer, nous déranger dans la mesure où il nous concerne personnellement. Nous appartenons tous à cette humanité, nous en sommes solidaires que nous le voulions ou pas. Une telle parole implique une condamnation universelle, et nous pouvons penser qu’elle est excessive. Nous pouvons vite être tentés de dire : « Tous, mais pas moi ! ». Ou à l’inverse, sombrer dans une sorte de culpabilité envahissante et destructrice. Entre ces deux écueils, quel chemin emprunter ? L’évangile nous invite à porter un regard lucide sur nous-même et sur l’humanité, tout en considérant l’immensité de la grâce et de l’amour de Dieu. Tout en nous encourageant à croire et à comprendre la valeur du sacrifice du Christ ; à ne jamais l’oublier. C’est ce que je vous invite à faire ce matin.

1°) « Il n’y a pas de juste, pas même un seul… »

Certes, l’homme n’est pas totalement incapable de bien. Il demeure, même pécheur, créature de Dieu, créature à l’image de Dieu. L’image est certes, altérée, abîmée, mais elle demeure « image de Dieu ». Témoin, toutes les belles choses que l’homme a inventées et réalisées au cours de l’histoire. Témoin, sa capacité au bien, au respect d’autrui, au respect de la vie… Le chrétien n’a pas le monopole du cœur, il n’a pas le monopole de toutes les bonnes valeurs de l’évangile, il n’a pas le monopole de l’amour. Ces valeurs font partie de ce que Dieu a inscrit dans le cœur, dans les gênes de l’être humain dès les origines. Elles ne devraient pas nous étonner. Elles ne sont en rien en contradiction avec le verdict sévère que les textes d’aujourd’hui nous rappellent. Car celui-ci ne concerne pas le bien ou le mal que l’homme est capable de faire. Il concerne le fait d’être juste devant Dieu et de chercher Dieu. C’est-à-dire qu’il est tout à fait possible d’être respectable et respectueux, sans pour autant être juste aux yeux de Dieu. Juste au sens d’être digne du royaume de Dieu et de la vie éternelle. Le penser, c’est être inconscient de ce qu’est la sainteté de Dieu, la perfection de son amour, de sa justice, de sa bonté. Nos « perfections », si belles et louables soient-elles, ne pourrons jamais satisfaire la justice et la sainteté de Dieu. Elles ne pourront jamais nous permettre d’accéder au royaume de Dieu. Elles ne pourront jamais satisfaire la perfection, la pureté du royaume de Dieu. Elles ne sont et ne seront toujours que le pâle reflet, une empreinte de l’image de Dieu, insuffisante pour lui. Que faire ?

2°) « Ceci est mon corps… mon sang…»

La bonne nouvelle de l’évangile, est que le sacrifice du Christ a satisfait la justice de Dieu une fois pour toutes et pour tous. Il permet à ceux qui croient d’être justifiés, rendus justes aux yeux de Dieu. Il permet d’accéder à la vie éternelle, au royaume parfait et éternel de Dieu. C’est lui seul qui peut nous rendre juste aux yeux de Dieu. Non pas en faisant de nous des anges, des gens parfaits, mais en nous rendant juste parce que le Christ a accepté d’être condamné à notre place. Le sacrifice du Christ expie nos fautes, il les couvre, et nous permet d’échapper à la juste condamnation de Dieu. Comme le dit le prophète Esaïe « Le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris ». L’Evangile dénonce le mal et le péché. Son verdict est sévère quant à sa juste condamnation. Mais il est aussi annonce du pardon, de la grâce, de l’amour de Dieu. Il est bonne nouvelle, de ce que Dieu nous aime et veut tous nous sauver. Il nous révèle que le Christ a volontairement pris notre place en donnant sa vie sur la croix. C’est la foi dans ce sacrifice qui nous rend juste aux yeux de Dieu. Qui nous libère de toute condamnation. « Il n’y a donc, maintenant, plus aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus Christ » (Rom. 8. 1)

C’est à chacun de s’approprier ce message. En se reconnaissant pécheur devant Dieu, en lui demandant pardon et en recevant ce pardon par la foi. C’est ce que Jésus a appelé « nouvelle naissance », conversion (Jean 3).

A chacun de se décider à suivre le Christ et ses enseignements, en demandant le baptême. A s’engager à vivre dans l’obéissance à l’Esprit Saint. A vivre une vie tournée vers Dieu et vers son prochain. Une vie intègre, honnête ; renoncer au mensonge, au mal, à l’immoralité, à l’orgueil, à la convoitise…

3°) « Jusqu’au jour où je le boirai, nouveau, dans le royaume de Dieu »

Jésus termine l’institution de la Cène par une parole d’espérance. Une parole qui nous rappelle que la finalité, le sens profond de son sacrifice, c’est d’ouvrir les portes de l’éternité à tous ceux qui croient en lui. Ainsi ce moment de tristesse où Jésus parle de sa mort, s’ouvre sur l’espérance de la vie éternelle, du royaume de Dieu. C’est la finalité de son œuvre, finalité du pardon, de la justification. Il conclut ce moment par une promesse, une assurance, à savoir qu’un jour il partagera à nouveau la coupe avec ses disciples dans le royaume de Dieu.

A chacun de s’approprier cette promesse, cette espérance par la foi. Cette vie n’est pas une fin en soi. Elle peut être belle, comme elle peut être douloureuse parfois. Elle peut être réussite ou pas. Mais elle n’a pas de finalité en elle-même. Elle est passage vers l’éternité auprès de Dieu pour tous ceux qui auront cru. Réjouissons-nous de ce qui nous attend, de ce qui est à venir. En Christ, grâce à son sacrifice, nous sommes en route, en chemin vers le royaume de Dieu. Royaume parfait, où le mal n’aura plus de place, ni la haine, ni la guerre, ni la maladie, ni la mort… ! Marchons avec foi, enthousiasme, vers ce royaume. Plaçons le Christ au centre de nos vies et de nos préoccupations. Faisons de lui, de son église, notre priorité. Prenons soin de notre vie intérieure, c’est elle qui demeurera pour l’éternité.

« Il n’y a pas de juste, pas même un seul… »

Mais il y a beaucoup d’hommes et de femmes justifiés en Jésus. Que le Christ a rendu et rend justes, par son sacrifice, par ce qu’il a accepté d’être condamné à leur place.

« Il n’y a pas de juste, pas même un seul… » Mais il y a beaucoup d’hommes et de femmes justifiés en Jésus.

Que nous soyons de ceux-là. Et que nous soyons dignes de ce que le Christ a fait pour nous.

Pasteur Joël Mikaélian
03/06/18