Lecture : Jér. 31. 3 / Jean 15. 9 à 17

« Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis… »

Cette parole de Jésus était certes, une évidence pour les disciples. Ceux-ci avaient été effectivement appelés, choisis, par Jésus lui-même. Ils n’avaient eu aucune initiative dans ce choix, aucun mérite, si ce n’est celui de répondre positivement à son appel. Cette parole nous rappelle qu’il en est de même pour nous aussi aujourd’hui, même si cela peut nous paraître moins évident. Notre tendance est souvent de croire ou de penser que c’est nous qui avons fait le choix de suivre le Christ. Et nous oublions trop souvent que son choix précède le nôtre. Que tout vient de lui, que c’est lui qui nous a aimé le premier. Que l’amour de Dieu est plus grand que nous-même, qu’il ne dépend pas de nous, de nos petits calculs aux mérites, mais d’une volonté puissante de l’amour du Père. Son amour inonde le monde entier. Ne le réduisons pas à notre mesure. Le Seigneur nous rappelle ici que la vie chrétienne est un tout. Un ensemble de vérités liées les unes aux autres, dépendantes les unes des autres. En quelques phrases, il les place devant nous. Médions-les quelques instants.

 

1°) « Ce n’est pas vous qui m’avez choisi… »

En Jésus, Dieu a choisi d’aimer le monde entier, l’humanité entière. Il a choisi de nous aimer par pure grâce. Ce que Dieu disait au peuple d’Israël sous l’ancienne alliance, il le dit à tous aujourd’hui : « Je t’aime d’un amour éternel ; c’est pourquoi je te conserve ma bonté » (Jér. 31. 3). Son amour est la seule motivation de ce choix, rien d’autre. Cet amour l’a conduit à envoyer son Fils unique dans le monde pour mourir sur une croix. Pour sauver, expier les fautes, les péchés de tous. Il a fait cela sans que nous le lui ayons demandé ; sans attendre que nous ayons manifesté un quelconque regret. Il a fait cela, tout en sachant que tous n’accepteraient pas cet amour ; que certains y resteraient indifférents, d’autres s’en moqueraient, d’autres encore s’y opposeraient. Et nous, qu’elle réponse avons-nous donné à cet amour ? Quelle réponse donnons-nous chaque jour à cet amour ? Qu’elle idée nous faisons-nous de l’amour de Dieu ? A la mesure de notre mesure ? Laissons-nous aimer, inonder de l’immensité de cet amour. Cet amour qui surpasse tout ce qu’on peut imaginer. En prenant la Cène dans quelques instants, laissons-nous tout à nouveau aimer, inonder de son amour inconditionnel et immérité et soyons reconnaissants. Et si nous y avons été insensible jusqu’à ce jour, ouvrons nos cœurs ce matin.

2°) « C’est moi qui vous ai choisis… »

C’est Jésus qui l’affirme. Mais, choisis pour quoi ?  Choisis pour aller… porter du fruit… qui demeure… Le choix de Jésus est aussi un choix intentionnel. Pour ceux qui y répondent positivement, il ouvre sur une vie nouvelle. Ce que la bible appelle, la vie de l’Esprit. La vie de l’Esprit ou la vie dans l’Esprit ou selon l’Esprit, est une vie nouvelle, d’obéissance à la Parole de Dieu. L’Esprit nous pousse à l’obéissance pour le baptême, l’engagement dans la vie de l’église, dans l’œuvre de Dieu, dans le témoignage. Il met en nous ce désir profond de plaire à Dieu, d’entrer dans sa volonté, dans ses plans. L’Esprit nous pousse à adorer Dieu, à le louer, c’est-à-dire à vivre dans la reconnaissance et la gratitude. La véritable louange ne se limite pas aux quelques chants de louanges que nous chantons le dimanche matin. La véritable louange, c’est l’offrande de toute notre vie. C’est comme l’écrit Paul aux Romains : « Je vous exhorte… à vous offrir vous-même en sacrifice vivant, saint et agréable à Dieu : ce sera de votre part un culte raisonnable ». (Rom. 12. 2). Dieu mérite plus que quelques chants. C’est tout notre être, notre écoute de sa Parole, notre offrande, nos vies transformées, notre souci du prochain, notre amour les uns pour les autres… C’est tout cela qui est louange au Seigneur. Comme le Ps. 103 le dit : « Mon âme béni l’Eternel… que tout ce qui est en moi bénisse son Saint nom ». L’apôtre Paul nous indique clairement ce qu’est le fruit que nous devons porter. Le fruit de l’Esprit c’est : « l’amour, la paix, la joie, la bonté, la patience, la bienveillance, la foi, la douceur, la maîtrise de soi… » (Gal. 5. 22). « Si nous vivons par l’Esprit, marchons aussi sous l’impulsion de l’Esprit ». C’est pour cette vie que Dieu nous a choisis.

Où en sommes-nous dans notre vie chrétienne aujourd’hui ? Quelles sont les décisions que je devrais prendre ce matin ? Vers qui devrais-je aller pour m’excuser ? A qui devrais-je manifester mon affection fraternelle ? Qu’elle est ma part dans l’église, dans l’œuvre de Dieu ? Ma contribution matérielle comme spirituelle ? Laissons-nous inonder, inspirer par l’Esprit ce matin. Qu’il nous remplisse de joie, de cette joie de se savoir aimer de Dieu, sauvé par le Christ, habité par l’Esprit. Qu’il nous remplisse de cet amour les uns pour les autres. Que nos vies débordent du fruit de l’Esprit.

3°) « Si bien que tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous l’accordera ».

On l’oublie trop souvent, c’est dans ce cadre-là que Jésus a donné cette promesse. Dans le cadre d’une vie selon l’Esprit, une vie non plus tournée vers soi seulement, mais aussi tournée vers les autres. « Tout ce que vous demanderez en mon nom… ». C’est-à-dire tout ce qui entre dans ma volonté, cette volonté que je viens de vous révéler, tout ce qui contribue et contribuera à porter de ce fruit, le Père vous l’accordera. « En mon nom… ». N’est pas une formule magique pour obtenir ce que l’on demande. Elle indique que ce que nous demandons à Dieu, c’est en tant que disciple, envoyé du Christ que nous le demandons ; c’est le fruit de notre communion avec lui, de notre amitié avec lui. C’est ce qui lui est agréable, ce avec quoi il est d’accord. Demandons alors que notre vie le glorifie, qu’elle soit utile à l’avancement de son royaume, au salut de ceux qui nous entourent. Demandons la force de lui obéir, de lui consacrer nos vies, de vivre dans cette amitié avec le Christ. Demandons le salut de ceux qui se perdent, qui s’égarent. Que notre prière nous engage à faire notre part, c’est-à-dire à vivre de l’Esprit et selon l’Esprit.

« Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis… »

Quelle grâce ! Ne la refusons pas, ne la méprisons pas, ne la limitons pas à nos mesures et à nos standards. Vivons là dans sa pleine dimension, dans la reconnaissance et la joie de l’amitié que le Christ nous propose. Soyons de véritables amis du Christ et amis les uns des autres.

Pasteur Joël Mikaélian
06/05/18