Jér. 29. 10 à 14 / Jean 20. 19 à 31

« La paix soit avec vous… »

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el est le message que le Christ ressuscité a adressé à ses disciples à plusieurs reprises le soir de la résurrection et les jours suivants. Déjà quelques jours avant sa mort, il leur avait dit : « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix, je ne vous donne pas comme le monde donne. Que votre cœur ne s’alarme pas… » (Jean 14. 27). Au cœur de notre monde en perpétuelle guerre, au sein de nos conflits internes et externes, au cœur de nos craintes et de nos peurs, cette parole du Christ ressuscité vient nous rejoindre aujourd’hui. Elle nous invite à recevoir cette paix du Christ, une paix pas comme les autres. Une paix que le monde ne peut pas connaître. Nous vivons souvent en tension. Nous avons parfois des « mal-être » qui traversent nos vies ; et qui se manifestent par de la crainte, de l’inquiétude, des questionnements. Ces « mal-être » se traduisent parfois par des conflits, de l’insatisfaction, des frustrations que l’on tente de compenser comme l’on peut. Dieu nous connait, il connait la racine de tout ce mal qui nous perturbe souvent. Il sait notre besoin de paix. Il vient ce matin nous rejoindre au plus profond de nous-mêmes, comme au soir de sa résurrection et les jours suivants avec ses disciples, nous donner sa paix. Comment trouver, retrouver, vivre de cette paix ? Que faire de cette paix ?


1°) « Moi, je sais les projets que j’ai formés pour vous… Parole du Seigneur… »

C’est par la bouche du prophète Jérémie que Dieu adresse ces paroles aux premiers déportés de son peuple. Ceux-ci vivent alors dans la crainte, la peur, le découragement. Ils se trouvent en terre étrangère, esclaves, condamnés aux basses besognes, loin de leur terre natale. Dieu leur envoie ce premier message pour leur dire : « Construisez des maisons… recherchez le bien de la ville… Quand soixante-dix ans seront écoulés… je m’occuperai de vous… ». Quel message ! Comment accepter une telle parole ? Pourquoi attendre 70 ans ? Dieu ne peut-il pas agir plus vite ? N’y a-t-il pas ici une erreur de timing ? Non, pas du tout dit le Seigneur : « Moi, je sais les projets que j’ai formés pour vous… projets de paix… pour vous donner un avenir et de l’espérance ». Je sais ce que je fais, je sais pourquoi, je sais ce que vous vous ignorez. J’accomplirai cette parole en son temps.

Comment trouver la paix au sein de nos tempêtes, de nos questionnements sans risquer de tomber dans des illusions spirituelles ? C’est dans la Parole du Seigneur, dans ses promesses que nous pouvons trouver et retrouver la paix lorsqu’elle nous fait défaut. Mais nous devons considérer toute la Parole et pas seulement quelques promesses glanées çà et là. La paix de Dieu se trouve dans cette conviction profonde qu’il sait ce qu’il fait, qu’il sait les projets, qu’il sait ce que nous ne savons pas. Et que Dieu a son propre timing. « Les choses cachées sont à l’Eternel, disait Moïse à son peuple, et les choses révélées sont pour nous et nos fils, pour que soient mises en pratique les paroles de la loi » (Deut. 29. 28). La paix de Dieu se trouve dans cette conviction profonde que Dieu nous aime au-delà de tout et qu’il sait les projets qu’il a pour nous. Et que ces projets sont des projets de paix, qui donnent avenir et espérance ! Même si les délais peuvent paraître longs, soixante-dix ans… ! Certes, les délais sont parfois plus courts : vingt-cinq ans environ pour Abraham. Mais là encore, vingt-cinq ans pour ne voir que les prémices de la promesse : un seul fils en lieu et place d’une postérité comme les étoiles du ciel ! Heureusement pour nous, avec Jésus, les délais semblent plus courts. Mais c’est la foi qui permet de recevoir, d’accueillir cette paix profonde de Dieu. La foi dans l’incompréhensible sagesse de Dieu. La foi dans son amour, sa bonté, sa présence, son accompagnement. C’est là que l’on trouve et retrouve sans cesse, sa paix ! C’est ce qu’il veut pour nous ce matin.

2°) « La paix soit avec vous… »

L’évangile nous montre que le Christ ressuscité a été contraint d’apaiser les troubles, les peurs et les doutes de ses disciples à plusieurs reprises. Comment vont-ils passer de la crainte à la paix, de la tristesse à la joie ? Leur vie va changer lorsqu’ils auront réellement pris conscience que Jésus est vivant, qu’il a vaincu la mort. Mais là aussi, les choses prendront un certain temps. Et plus tard, avec l’Esprit Saint leur foi grandira et ils seront prêts à donner leur vie pour le Seigneur. Mais, déjà quelques jours après la résurrection, quelque chose se passe, chaque fois que Jésus vient au milieu d’eux. Quelque chose de divin, comme un réveil spirituel. Comme lorsque, quelques jours après, Jésus viendra les rejoindre au bord du lac pour leur dire : « Enfants, n’avez-vous rien à manger ? ». C’est alors que « le disciple que Jésus aimait criera à Pierre : « C’est le Seigneur ! ». Voilà ce qui peut se passer et ce qui se passe chaque fois que je réalise que Jésus est vivant ! De la crainte à la paix véritable, de la tristesse à la joie profonde, il y a le Christ, ressuscité ! Il est là tous les jours avec nous selon sa promesse. C’est à chacun d’ouvrir son cœur à sa présence ; à l’Esprit Saint qui nous pousse à la conversion, au baptême, à l’engagement dans la vie de l’Eglise. C’est là que l’on trouve la paix, sa paix, dans la ferme assurance qu’il est vivant, qu’il nous aime et qu’il a de beaux projets pour ceux qui le suivent.

3°) « Bienheureux ceux qui, sans avoir vu, ont cru » :

Mais l’évangile nous montre aussi que dans cette belle expérience, il y a parfois malheureusement des absents. Ce sera le cas de Thomas. Pauvre Thomas, il a tout raté ! Et non seulement il ne regrette pas son absence à la réunion de prières, mais il persiste dans ses doutes ! Il les affirme avec force. Heureusement pour lui, il a droit à une séance de rattrapage ! Thomas nous permet de connaître l’immensité de la patience et de l’amour du Seigneur. Avec nous aussi, le Seigneur n’hésite pas à revenir à la charge, pour nous attirer à lui, nous amener à croire en lui. Il nous donne aussi des séances de rattrapage. C’est peut-être un rattrapage pour toi ce matin. Ne le rate pas, viens à lui. Afin de faire partie toi aussi de ces « bienheureux » qui croient sans avoir vu ! Des « bienheureux » qui ne gardent pas ce bonheur pour eux-mêmes, mais qui vont le porter à d’autres. Qui vont annoncer à d’autres qu’en Jésus, ils peuvent être délivrés de leurs péchés, délivrés de la condamnation, de la mort et hériter la vie éternelle. « Comme le Père m’a envoyé, à mon tour je vous envoie… ». N’hésitons pas à aller vers les autres, à être porteur de cette paix et de cette joie du Christ ressuscité.

Conclusion :

« La paix soit avec vous… »

C’est ce que nous dit le ressuscité ce matin. Recevons cette parole dans nos cœurs. Recevons la promesse qu’il connaît les projets de bonheur qu’il a préparés pour ceux qui lui font confiance. Qu’il sait ce qu’il fait, qu’il a son timing et que parfois il faut savoir attendre, dans l’obéissance à sa Parole. Il est notre paix. Il nous a réconciliés avec Dieu et veut nous réconcilier avec nous-même et les uns avec les autres. Soyons des porteurs de cette paix de Christ, paix intérieure, profonde, fruit de sa présence vivante en nous. Paix intérieure fruit de l’Esprit Saint ; de notre confiance en sa sagesse et son amour.

Pasteur Joël Mikaélian
08/04/18