Lectures : Es 50. 4 à 7 / Phil 2. 6 à 11 / Matth 21. 1 à 11

« Voici que ton roi vient à toi, il est humble… »

Culte des Rameaux - Eglise-Issy-les-Moulineaux

S’il est une valeur assez rare chez les humains, c’est bien celle-ci : l’humilité. Surtout les jours de succès, de réussite, de popularité. D’ailleurs, ne disons-nous pas que nous sommes fiers d’être humbles ! À peine peut-être baissons-nous la tête à l’heure de l’échec, de l’épreuve, face aux murs de nos impossibles. Lorsque quelque chose de plus fort que nous nous submerge et nous plonge dans la confusion. Ces jours-ci, le Président de la république, comme le Premier ministre, ont parlé  à plusieurs  reprises d’humilité, face à la pandémie qui impacte la société entière et l’économie au niveau mondial. L’un et l’autre ont appelé à l’humilité, souligné à mainte reprise leur ignorance face à l’évolution de la maladie et à ses conséquences. Sommes-nous en train d’assister à la fin d’un monde, qui pourtant se targuait d’être nouveau ? Découvrirons-nous un nouveau monde au sortir de cette crise ? C’est peut-être à chacun d’en décider déjà à son propre niveau. Sans attendre un hypothétique changement de l’ordre mondial. C’est ce que je vous invite à faire ce matin, en ce jour des Rameaux. Ouvrons nos cœurs à l’Esprit Saint, aux paroles que nous venons de lire. Qu’est-ce-que l’humilité, comment la vivre, à quoi mène-t-elle ?

1°) « Le Seigneur m’a ouvert l’oreille… »

Comprendre ce qu’est l’humilité, c’est déjà ouvrir ses oreilles. Le texte d’Esaïe nous parle du Christ et nous indique en quoi consiste l’humilité selon Dieu. Être humble, ce n’est pas s’écraser, se laisser marcher dessus, subir les choses. Être humble ce n’est pas se dévaloriser, se sous-estimer, renoncer à ses convictions ou les taire. Ce n’est pas une forme de dépression, de pessimisme, de démission…

Certes, l’humilité est généralement un aveu de nos limites, une reconnaissance en quelque sorte de ces limites. Mais les textes bibliques nous parlent ce matin d’une humilité d’une autre nature. Ils nous invitent à réfléchir autrement à cela. Être humble, c’est écouter, être à l’écoute de Dieu d’abord, être disciple devant ce Dieu qui promet de faire surgir une parole matin après matin. Une parole qui indique une direction, une action de grâce, une prière, un service, une œuvre à accomplir. Être humble, c’est vivre dans une entière dépendance de Dieu, de sa grâce, de son amour, de sa fidélité. Du coup, être humble, c’est être debout avec Dieu, prêt à soulager ceux qui souffrent, ceux qui peinent… C’est être debout avec Dieu dans l’adversité, face aux outrages et aux crachats comme le Christ. C’est être fort en Dieu, confiant de ne jamais être abandonné, submergé au-delà de nos forces.

La véritable humilité puise ses forces, son inspiration dans la foi, la confiance en l’amour, la fidélité et la justice de Dieu. Elle n’est pas seulement un aveu de faiblesse, de nos limites, de notre ignorance, mais elle est aussi, écoute de Dieu, obéissance, confiance en Celui qui est au-dessus de tout et de tous. En Celui qui parle à ceux qui écoutent Dieu et qui lui obéissent. Sommes-nous humbles de cette humilité ?

2°) « Voici que ton roi vient à toi, il est humble… »

Le jour des Rameaux, Jésus demande des choses étranges à ses disciples. Pour accomplir la prophétie de Zacharie, il les envoie dans un village inconnu, trouver une ânesse avec un ânon, la détacher, la lui mener. Il leur dit : « Si on vous dit quelque chose, répondez : « Le Seigneur en a besoin… ». Chose encore plus étrange, tout se passe comme prévu. C’est dire la capacité de Jésus à connaître toutes choses. Et Jésus entre triomphalement à Jérusalem. Il y est accueilli comme le roi, le sauveur : « Hosanna… Béni soit au nom du Seigneur celui qui vient… ! » C’est une belle journée !

Mais, pourquoi une telle mise en scène ? Quel en est le sens ?

Tout d’abord, il s’agit bien sûr pour Jésus d’accompli la prophétie de Zacharie. C’est une façon d’attester qui il est, de confirmer à la fois la parole prophétique et la validité de son ministère, de sa mission sur terre. Le jour des Rameaux, Jésus accompli un plan préparé depuis des siècles dans les moindres détails. Dieu sait ce que nous ignorons. Il est hors du temps. Quel contraste avec nous qui avons de la peine à prévoir le lendemain !

Mais pourquoi un tel mode opératoire ? Quel message ? En faisant cela, Jésus se démarque radicalement des systèmes humains. Sa royauté, son pouvoir sont tout autre. Fondés sur l’amour, la grâce, la miséricorde, la compassion et surtout, sur l’humilité. Jésus se présente volontairement comme un roi qui dénote. Son pouvoir à lui, est différent des pouvoirs de ce monde. Il est un pouvoir d’amour, de compassion envers les plus faibles, d’humilité. Par son exemple, Jésus indique ici un principe fondamental du royaume de Dieu, à savoir : « Celui qui s’abaisse, sera élevé, celui qui s’élève sera abaissé ». C’est ce que le texte de Philippiens dit sur Jésus : « lui qui de condition divine n’a pas considéré comme une proie à saisir d’être l’égal de Dieu. Mais il s’est dépouillé, prenant la forme de serviteur, devenant semblable aux hommes… il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, à la mort sur une croix… ». C’est ce roi qui vient vers toi, en ce jour des Rameaux. C’est ce roi qui t’invite à entrer dans son royaume, par la foi, la conversion, la nouvelle naissance, le baptême. À toi de décider si tu n’as pas encore pris de telles décisions dans ta vie. Dieu est un Dieu d’amour, de compassion, de pardon. Un Dieu qui donne liberté à chacun et non un tyran !

Quant à nous qui avons fait cette démarche personnelle, le texte de Philippiens nous dit : « Comportez-vous ainsi entre vous, comme on le fait en Jésus Christ… ». Vivons-nous cette humilité dans nos relations avec les autres ?

Quel est le fruit de cette humilité ? Le texte poursuit, pour le Christ : « C’est pourquoi Dieu l’a souverainement élevé et lui a conféré le Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux et sur la terre, et que toutes langues confessent que le Seigneur, c’est Jésus Christ, à la gloire de Dieu le Père » (Phil. 2. 5 à 11)

Pour nous, ce sera : « Celui qui s’abaisse, sera élevé… l’humilité précède la gloire ». À chacun de faire le choix.

3°) « Quand Jésus entra dans Jérusalem, toute la ville fut en émoi… »

Devant ce tableau étonnant, un roi humble au beau milieu de l’enthousiasme populaire, la foule s’interroge : « Qui est-ce ? » Qui est cet homme ? Pourquoi reste-t-il silencieux ? S’il est roi, pourquoi ne pavoise-t-il pas à l’image des souverains de ce monde ?

Et nous, comment réagissons-nous face à cet événement aujourd’hui ? Sommes-nous indifférents ou émus, émerveillés face à ce Christ, ce roi qui vient vers nous ? Qui est venu dans ce monde pour nous sauver, nous donner accès à l’éternité par sa mort sur la croix ?

En quoi le suivons-nous, vivons-nous de son humilité ?

Apprenons de cette humilité véritable, profonde, qui n’est ni « aveu de faiblesse », pas plus que « fausse humilité » de l’orgueil caché, mais qui est écoute et obéissance à Dieu, foi et confiance en son amour, générosité envers le prochain. « Si nous persévérons, nous règnerons aussi avec lui… » (2 Tim. 2. 12)

Que Dieu nous accompagne sur ce chemin.

05/04/2020 Pasteur Joël Mikaélian