Lectures : Jér 20. 10 à 13 / Rom. 5. 15 / Matth. 10. 26 à 33

« Ne craignez pas… craignez… »

D’après ces propos de Jésus, il semble qu’il y ait des craintes que nous ne devrions pas avoir, et d’autres que nous devrions avoir. Comment les discerner ? La question du discernement demeure pour tout un chacun une question cruciale. Car c’est de là que dépendent les choix que nous faisons et leurs conséquences. La veille de son audition par la commission d’enquête sur le COVID19, le Pr J F Delfraissy (Président du conseil scientifique), confiait au journal « Le Monde », qu’en regardant Paris s’éteindre, le soir du confinement il s’est dit : « Mon Dieu, est-ce qu’on ne s’est pas trompé ? » Et d’ajouter qu’il n’avait pas dormi pendant trois ou quatre nuits, après avoir recommandé à l’exécutif de confiner le pays. Dans un livre paru cette semaine, un autre Professeur, le Pr Christian Péronne, pose la question sur le sujet : « Y a-t-il une erreur qu’ils n’ont pas commise ? ». Qui a tort, qui a raison, le saura-t-on un jour ? La commission d’enquête arrivera-t-elle à faire la lumière ? Pas si sûr, tant les choses sont complexes et les intérêts divergents. Certes, nous n’avons pas tous ce genre de responsabilités. Mais n’avons-nous pas tous, une responsabilité plus grande encore ? À savoir, celle de nos vies, de notre éternité ? Certes oui ! Comment discerner, faire les bons choix ? Comment la Parole de Dieu peut-elle nous éclairer dans ce domaine ?

1°) « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps… »

On pourrait dire que c’est un premier principe, une première orientation que Jésus nous donne ici. Ne pas craindre les hommes dans les choix que nous avons à faire. Ne pas faire des choix par crainte des hommes ou des circonstances. Ce qui fut, par exemple, l’expérience du prophète Jérémie. De son temps, ce prophète fut amené à prendre des positions difficiles, pour rester fidèle à ce que Dieu lui avait révélé. Il préconisait la soumission à l’empire Babylonien, alors que d’autres recommandaient la résistance et l’alliance avec l’Égypte. Face aux menaces, Jérémie est resté fidèle et confiant : « Le Seigneur est avec moi… mes persécuteurs… n’arriveront pas à leur fins… Seigneur de l’univers, c’est à toi que je remets ma cause… ». Certes, cela l’a totalement isolé. On l’a accusé d’être un « traitre de la nation » et on l’a emprisonné. De plus, Jérémie n’a pas eu gain de cause de son vivant. Mais ses opposants non plus, puisque la résistance a été catastrophique pour le peuple. Mais Jérémie est resté fidèle à Dieu, c’est ce qui compte. Le Seigneur lui a rendu justice, en partie, et il le fera certainement de façon totale dans son royaume. C’est là où tous verront que son discernement était juste.

« Ne craignez pas ceux qui tuent le corps… »

Il en va de même dans nos vies, dans nos choix. Ceux-ci ne doivent pas être influencés par nos craintes et nos peurs des hommes, au détriment de la fidélité à Dieu. Ce qui importe d’abord, c’est ce que Dieu pense. C’est la pensée du Seigneur que je dois sans cesse rechercher. Rechercher ce qui l’honore, ce qui est conforme à sa Parole, au devoir d’amour, de compassion, de miséricorde. Ce qui est et serait utile à son œuvre et non à mon intérêt ou l’intérêt de tel ou tel. Qu’importe aussi si nous n’avons pas toujours gain de cause dans ce monde. La vérité sera révélée un jour, dans le royaume. Tout sera révélé un jour dit Jésus. Apprenons à nous en remettre à Dieu. Ne craignons pas également ce monde, les situations de crises que nous traversons. Ne craignons pas les incertitudes de l’avenir, ne craignons pas la mort même dit Jésus. « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, mais ne peuvent tuer l’âme ». Que nos choix ne soient pas orientés par nos craintes et nos peurs par rapport à ce que peuvent penser les uns ou les autres, par rapport aux risques qui peuvent parfois accompagner nos choix. On le sait, « la peur est mauvaise conseillère ».

2°) « Craignez bien plutôt celui qui peut faire périr l’âme… »

A l’inverse, par ces paroles Jésus nous invite à craindre Dieu, celui qui a le pouvoir sur la totalité de nos vies, notre corps et notre âme aussi. Craindre Dieu, ce n’est pas avoir peur de lui, c’est avoir un profond respect pour lui, le reconnaître comme notre créateur, celui qui nous donne le souffle de vie. Craindre Dieu, c’est honorer sa Parole, en tenir compte dans nos choix de vie. Craindre Dieu, c’est respecter aussi son œuvre, son Église ; respecter les frères et sœurs, toutes ses créatures et sa création. Craindre Dieu, c’est accepter aussi la grâce du salut en Jésus. Accepter ce qu’il a fait pour sauver l’humanité. Accepter le sacrifice du Christ, comme seul moyen de salut par la foi seule. « Comme par la faute d’un seul ce fut pour tous les hommes la condamnation, ainsi par l’œuvre de justice d’un seul, c’est pour tous les hommes la justification qui donne la vie » (Rom. 5. 18).

Craindre Dieu, c’est aussi s’engager pour lui dans ce monde. C’est être sel et lumière ; c’est ne pas avoir honte de lui. « Quiconque se déclarera pour moi devant les hommes, je me déclarerai moi aussi pour lui devant mon Père qui est aux cieux ; mai quiconque me reniera devant les hommes, je le renierai moi aussi devant mon Père qui est aux cieux » (Matth. 10. 32 et 33). On peut penser ici au baptême adulte, comme à notre témoignage quotidien.

Chaque être humain est responsable de ce qu’il aura fait de sa vie. Et au dernier jour, il sera seul tenu pour responsable face à cette terrible réalité du jugement. Un jugement que Jésus nous présente sans appel, qui rend inutile toute forme de regrets. Ce jour-là ce sera trop tard.

3°) « Vous valez mieux… »

« Parce que je le vaux bien ». Paraît-il que c’est l’un des slogans le plus connu au monde. Il fut créé pour justifier le prix élevé d’un produit de cosmétique pour les dames. Mais pour Dieu, en Jésus, nous valons beaucoup plus que n’importe quel prix. C’est aussi pour cela que Jésus nous a dit de ne pas craindre si nous lui appartenons. Notre vie a une valeur inestimable pour Dieu. C’est pourquoi il en prend soin. Il veille sur nous, sur nos pas. C’est parce que nous avons de la valeur que Jésus a donné sa vie ; qu’il nous a donné l’Esprit Saint pour nous conduire dans nos choix. « Je t’instruirai et je te montrerai la voix que tu dois suivre. Je te conseillerai, j’aurai le regard sur toi ». (Ps 32. 8). Ne crains pas, car tu as du prix à mes yeux (Es. 43. 4). Le Seigneur l’a promis. Il vaut la peine de lui confier entièrement nos vies et d’obéir à sa voix, ses conseils, et suivre ses voies. Ne gâchons pas notre vie, ne gaspillons pas notre vie. « Vous valez mieux… ».

Conclusion

« Ne craignez pas… craignez… »

Que Dieu nous accorde le discernement d’en haut afin que nous sachions distinguer le bon du mauvais ; le vrai du faux ; ce qui est bien de ce qu’il ne l’est pas. Obéissons à sa Parole, et avançons avec confiance. Craignons-le afin qu’au dernier jour, nous n’ayons pas la mauvaise surprise de découvrir que nous nous sommes trompés.

Quand à toutes nos autres craintes, remettons-les au Seigneur dans la prière et attendons-nous à lui.

Faisons nôtre cette prière du psalmiste : « Sonde moi ô Dieu et connais mon cœur, regarde si je suis sur une mauvaise voie, et conduis-moi sur la voie de l’éternité » (Ps 139. 23)

Pasteur Joël Mikaélian 21/06/2020

Ne craignez pas… craignez…