Lecture : Es. 35. 3 et 4 / Héb. 12. 5 à 13 / Luc 13. 22 à 30

« Seigneur, n’y aura-t-il que peu de gens qui seront sauvés ? »

Question piège ou question courageuse ? Simple curiosité ou désir sincère de savoir ? Difficile à dire ! Question que l’on se pose peut-être ! Mais, avouons-le, le « sentimentalisme chrétien » actuel, cette vision partielle de l’Amour de Dieu, rejette trop souvent au second plan, la question, pourtant cruciale, du salut et de la perdition. Les chrétiens hésitent de plus en plus à parler de l’enfer. Les théologies « universalistes » du salut et la mentalité « existentialiste » de l’Eglise séduisent de plus en plus. Par leurs aspects positifs, sympathiques, rassurants, elles relèguent au second plan la question du salut. Et l’on oubli alors que si Dieu est Amour, il est aussi Saint, il est aussi Vérité et Justice. Que l’homme ne peut être justifié à son insu ; qu’il ne peut l’être sans accueillir personnellement la grâce de Dieu en Jésus. Quel message recevoir ce matin à travers la réponse de Jésus ?

1°) « Seigneur, n’y aura-t-il que peu de gens qui seront sauvés ? »

Du temps de Jésus, la question faisait débat parmi les juifs. Comme aujourd’hui, certains étaient plutôt maximalistes, d’autres plus restrictifs. Jésus, lui, se refuse à entrer dans ce débat. Il ne répond pas directement à la question. Pourquoi ? Tout d’abord, parce que cela ne nous concerne pas. Il n’appartient pas à l’homme de juger qui que ce soit dans ce domaine. Il ne nous appartient pas de savoir, encore moins à faire nous-même, une sorte de tri. La parabole du bon grain et de l’ivraie est là pour nous le rappeler (Matth. 13. 24 à 30 et 36 à 43). Nous ne pouvons pas juger sur ce point. Il concerne la vie intérieure, et il est clair que seul Dieu connaît les cœurs de chacun. « L’homme regarde ce qui frappe les yeux, Dieu regarde au cœur » (1 Sam. 16. 7). Gardons-nous alors de porter des jugements au sujet du salut ou de la perdition de qui que ce soit. Dieu seul en jugera. Ne courrons pas le risque de prendre sa place ! Ensuite, Jésus n’entre pas dans le débat car ce n’est certainement pas une bonne question. A partir de là, Jésus aurait très bien pu couper court et dire : « Cela ne vous appartient pas ! Cela ne vous concerne pas !». Mais ce n’est pas ce qu’il fait. Avec beaucoup de finesse, il invite son auditoire à réfléchir autrement à la question. Par sa réponse, Jésus soulève une autre question bien plus importante, celle du salut et de la perdition de ses interlocuteurs eux-mêmes !

2°) « Efforcez-vous d’entrer… »

Par sa réponse, Jésus encourage d’abord chacun à se poser la question à soi. C’est comme s’il disait : « Regarde-toi d’abord et pose-toi la question : Suis-je sauvé ? Ai-je l’assurance de la vie éternelle ? Et sur quel fondement ?». « Efforcez-vous d’entrer… ». Comment ? L’enseignement de Jésus a toujours été clair à ce sujet. « Repentez-vous et croyez à la bonne nouvelle… » (Marc 1. 16). L’Evangile nous donne des réponses claires à ce sujet. Il nous dit que c’est en Jésus Christ que Dieu est venu sauver l’humanité. C’est dans la foi en son sacrifice, que se trouve le salut. C’est sur la croix que repose le fondement du salut. Ce n’est pas par nos œuvres, notre spiritualité, notre piété, nos efforts de sainteté… « C’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi. Et cela ne vient pas de vous, c’est un don de Dieu ». (Eph. 2. 8) La réponse est claire. Le prophète Esaïe l’annonçait déjà : « Voici votre Dieu… il vient lui-même vous sauver ». C’est Dieu qui sauve, Dieu lui-même. Avons-nous cette assurance ? Si oui, Bénissons Dieu, réjouissons-nous de ce don. Soyons renouvelés dans notre reconnaissance, notre adoration, notre paix et notre joie intérieure. Soyons renouvelés également dans l’espérance véritable de cette vie, sa finalité, son sens profond et essentiel, à savoir, le royaume de Dieu. En revanche, si nous n’avons pas cette assurance d’être sauvé, que nous ferons partie de ceux qui entreront dans le royaume, ouvrons nos cœurs et recevons cette grâce par la foi. Croyons-y fermement…

Par sa réponse, Jésus appelle aussi à la vigilance, à un examen sincère de sa vie. Avec l’image de la porte étroite, celle du maître de maison qui refuse d’ouvrir à certains, il va jusqu’à dire qu’il y aura des surprises au dernier jour ! Certains diront : « Seigneur, ouvre-nous… et il répondra : Vous, je ne sais d’où vous êtes ». Jésus n’hésite pas à parler de pleurs pour les uns et de joie pour d’autres. Certes, il ne s’agit pas ici de semer le doute sur le salut, mais d’éveiller une saine attention. Il s’agit de ne pas banaliser la grâce, de ne pas se faire d’illusion, surtout si nous menons une vie en total décalage par rapport aux exigences de l’Evangile. La porte est étroite dit Jésus.

La réponse de Jésus nous encourage ensuite à nous soucier du salut des autres, de ceux qui nous entourent. A leur poser la question non pas avec un esprit de jugement, en vue de dire si un tel est sauvé, ou un autre ne l’est pas. On l’a dit, cela ne nous appartient pas. Mais avec le désir que tous reçoivent et accueillent la grâce du salut en Jésus et l’assurance de la vie éternelle. La réalité du jugement de Dieu, du salut et de la perdition, de l’enfer, nous oblige ! Elle nous oblige à faire entendre l’évangile clairement ! A proclamer : « il n’y a de salut en aucun autre ; car il n’y a sous le ciel aucun autre nom qui ait été donné parmi les hommes, par lequel nous devions être sauvés » (Act. 4. 12). Seul son sacrifice peut satisfaire la justice de Dieu, sa sainteté ; apaiser sa colère et annuler la condamnation qui pèse sur chaque être humain. C’est le cœur du message que Dieu a confié à l’église, qu’il nous a confié : « Allez faites de toutes les nations des disciples… enseignez-leurs à garder tout ce que je vous ai prescrit… ». C’est ce message qu’il nous faut sans cesse proclamer, sans nous laisser décourager par l’indifférence, le rejet, le refus, les moqueries, les théologies « universalistes » du salut et la mentalité « existentialiste » du monde et parfois de l’Eglise. A nous de dire et à Dieu de juger. A Dieu de juger même ceux qui n’auront jamais entendu l’Evangile. Ne doutons pas qu’il le fera avec justice et justesse.

3°) « Fortifiez les mains fatigués… les genoux affaiblis… »

Le texte de l’épître aux Hébreux nous encourage à ne jamais baisser les bras dans notre mission de témoins. Il nous invite à ne jamais nous laisser décourager aussi par les difficultés et les épreuves de la vie. Il nous invite à les considérer autrement. Elles font et feront toujours partie de cette vie. A nous de les vivres autrement, sous son regard, avec son aide et son soutien, nous laissant aussi éduquer, purifié, renouvelés. Avec l’assurance qu’elles déboucheront sur d’étonnantes bénédictions. Sachons qu’elles ont et auront toujours un sens, dans le cadre du plan de Dieu et de l’éternité. A tire d’exemple nous pouvons méditer l’expérience de l’apôtre Paul, alors qu’il est prisonnier et qu’il est conduit à Rome pour comparaître devant César ! (Act. 27 et 28). C’est un récit qui pourrait s’intituler : « Une tempête et un naufrage salutaire ! ».

« Seigneur, n’y aura-t-il que peu de gens qui seront sauvés ? »

La question est sérieuse ! Non pas celle posée à Jésus ! Mais bien celle que Jésus pose par sa réponse. Accordons-y toute notre attention. Et soyons en les témoins fidèles quelles que soient les circonstances de nos vies.

Pasteur Joël Mikaélian

25/08/19