Lecture : Es 25. 6 à 9 / Luc 24. 1 à 12

« Pourquoi cherchez-vous le vivant parmi les morts ? »

Au lendemain de la Pâque juive, une aube nouvelle se lève pour l’humanité. Quelque chose d’unique vient de se passer dans l’histoire du monde et de l’humanité. Un mort est vivant pour toujours. Un homme enseveli dans un tombeau ressuscite pour l’éternité. La mort est, pour la première fois vaincue, une fois pour toute. Elle a perdu son pouvoir sur les humains. Certes elle fait toujours partie de notre condition humaine, mais pour ceux qui croient en Jésus, depuis ce jour, elle devient passage vers un autre monde, un nouveau monde où la mort ne sera plus. La semaine Sainte aura été marquée par l’incendie de la Cathédrale de Paris. Incendie qui a touché le monde entier. Incendie qui a été l’occasion de rappeler que l’église de Jésus Christ n’est pas un bâtiment, mais les croyants qui s’y rassemblent. Comme l’a rappelé l’archevêque de Paris, Mgr Aupetit, « l’essentiel ce n’est pas la pierre mais la foi. Une Cathédrale peut être un symbole de la foi, mais elle n’est pas la foi ». Un beau bâtiment peut inspirer une certaine présence de Dieu, mais Dieu peut se révéler autrement et en tous lieux. En ce jour de Pâques, méditons sur ce qui constitue le fondement de notre foi, la pierre angulaire de notre foi.

1°) « Pourquoi cherchez-vous le vivant parmi les morts ? »

Au matin de Pâques, Jésus n’est plus dans le tombeau. Le Christ ressuscité n’est pas là où on le cherchait. Ces femmes qui le cherchent pourtant, avec sincérité, avec amour, se trompent. Elles sont là avec leurs pensées, leurs idées, leur projet d’embaumer le corps de Jésus. Le Christ ressuscité n’est pas dans nos traditions humaines, dans nos actes religieux si honorables soient-ils. Il est vivant, il est là présent au milieu de nous ce matin au moyen de l’Esprit Saint. Il nous dit : « Voici je me tiens à la porte et je frappe, si quelqu’un entend ma voix, ouvre la porte, j’entrerai chez lui et je souperai avec lui et lui avec moi » (Apoc. 3. 20). Le Christ vivant frappe à la porte de nos cœurs, il veut nous sauver et communier avec nous. A chacun d’ouvrir, de s’ouvrir à cette grâce et d’en vivre chaque jour. « Il faut naître de nouveau… » disait Jésus à Nicodème qui désirait voir le royaume de Dieu. C’est en Jésus Christ mort pour nos péchés et vivant pour toujours que nous avons la vie.  L’apôtre Paul écrit : « Le salaire du péché c’est la mort, mais le don gratuit de Dieu c’est la vie éternelle ». (Rom 6. 23) Le péché mène à la mort. Mais la victoire du Christ sur la mort nous libère du péché et de la mort. Pâques n’est pas la plus grande fête chrétienne. Elle est le fondement même de la foi chrétienne. C’est par la résurrection que la croix devient porteuse de vie, que Dieu donne la vie éternelle à tous ceux qui croient. Sans elle, l’œuvre du Christ resterait inachevée. En ressuscitant Jésus a vaincu la mort et ouvert la voie de l’éternité à tous ceux qui croient en lui.

2°) « Il est ressuscité… »

Le message des anges n’est pas nouveau. Il est simplement rappel de ce que Jésus avait dit. Rappel de paroles oubliées. « Rappelez-vous comment il vous a parlé… ».  Combien il est important de lire et relire la Parole de Dieu, de faire mémoire de ces textes où Dieu nous parle. De nous rappeler le fondement de l’évangile, qu’il fallait que le Christ soit crucifié et qu’il ressuscite pour accomplir pleinement sa mission. L’ignorance ou l’oubli, nous enferment souvent dans les limites de nos raisonnements et de nos pensées rationnelles. Et nous sommes alors déconcertés face aux événements de la vie, comme ces femmes devant le tombeau vide du Christ. Nous sommes alors souvent désemparés devant les événements du monde. Devant la violence qui envahit la terre et qui s’étale sur nos écrans. Violence qui peut nous envahir même parfois devant telle ou telle injustice, comme la négation du Génocide des Arméniens ; Génocide que nous allons commémorer cette semaine. Oublier la résurrection du Christ, oublier que le Christ est vivant, c’est comme si l’on mettait de côté le fondement de la foi chrétienne. C’est être chrétien, sans le Christ, chrétien seul avec soi-même, un paradoxe. A l’image des disciples sur le chemin d’Emmaüs.

Lorsqu’il évoque la résurrection des morts, l’apôtre Paul ira jusqu’à dire : « Si Christ n’est pas ressuscité, votre foi est vaine, vous êtes encore dans vos péchés » (1 Cor. 15. 17). C’est dire qu’on peut avoir la foi et qu’elle peut être vaine, d’aucune utilité, si celle-ci n’est pas fondée sur la résurrection du Christ. Si le Christ n’est pas vivant en moi par l’Esprit Saint, ma foi est vaine. Ma tradition religieuse si belle soit elle est vide, morte. Ma bonne conscience aussi, ma religion propre aussi. C’est la résurrection qui permet aux croyants de vivre autrement. De vivre une communion par l’Esprit avec un Christ vivant. C’est elle qui accomplit cette merveilleuse promesse de Jésus : « Voici, je suis avec vous jusqu’à la fin du monde ». Il est vivant, je peux parler, dialoguer, cheminer avec lui. Je peux compter sur lui chaque jour. C’est un Christ vivant qui prie pour moi, qui veille sur moi. Un Christ vivant qui m’invite à le suivre, à vivre une foi vivante, quotidienne.

Qu’en est-il de notre foi ? Est-elle vaine ou utile ? Morte ou vivante ?

3°) « Le Seigneur de l’univers… fera disparaître la mort pour toujours. Le Seigneur Dieu essuiera les larmes sur tous les visages… »

Esaïe annonçait déjà bien avant, que le Messie viendrait pour sauver le monde en donnant sa vie. Il annonçait aussi sa résurrection bien avant qu’elle n’ait eu lieu. Ici, il annonce une autre résurrection, celle de tous les croyants. La résurrection de Jésus est le gage de notre résurrection selon ses paroles : « Celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra ; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais… » (Jean 11. 25 et 26). Un jour viendra où le Seigneur fera disparaître la mort pour toujours, il essuiera les larmes de tous les visages. C’est le fondement de l’espérance chrétienne, espérance qui transcende cette vie, espérance d’éternité, de vivre éternellement en sa présence dans cet autre monde qu’il a préparé pour tous ceux qui croient.

« La volonté de mon Père, c’est que quiconque voit le fils et croit en lui ait la vie éternelle ; et je le ressusciterai au dernier jour » (Jean 6. 40). Ne nous privons pas de cette merveilleuse promesse qui s’accomplira comme les autres.

Que cette espérance nous porte et nous remplisse de joie ; qu’elle nous pousse à le suivre, à lui obéir, à le servir le temps qu’il nous donne à vivre dans ce monde.

Conclusion

« Pourquoi cherchez-vous le vivant parmi les morts ? »

Ne soyons pas de celles et de ceux qui cherchent le vivant parmi les morts. Qui vivent comme si rien ne s’était passé le matin de Pâques. Réjouissons-nous aujourd’hui, bénissons Dieu, et vivons cette vie avec le ressuscité et avec l’assurance qu’il nous ressuscitera aussi un jour. « Jésus Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité »

Pasteur Joël Mikaélian 21/04/19