Lecture : Es. 66. 12 à 14 / Luc 10. 1 à 11

« Votre cœur se réjouira… »

Telle est la promesse que le Seigneur adresse à son peuple par la bouche du prophète Esaïe. Promesse qu’il nous adresse à nous aussi ce matin. Certains se réjouissent de leurs réussites, d’autres des vacances, d’autres encore pour d’innombrables raisons. Ce qui est bien et fait partie de la vie. Heureusement que la vie n’est pas faite que de pleurs ! Mais la joie dont il est question ici est d’un autre registre. Elle concerne l’œuvre de Dieu, elle est le fruit de ce que Dieu fait dans nos vies et autour de nous. C’est une joie spirituelle accessible à tous et pour tous. Car Dieu est un Dieu d’amour et de liberté qui ne fait pas de favoritisme. Il veut que tous parviennent à la joie du salut, à l’espérance de la vie éternelle. Et pour ce faire, il a aussi besoin de nous. C’est-à-dire qu’il nous appelle à être à la fois bénéficiaires et acteurs dans son œuvre. Méditons à partir de ce texte de l’envoie des 70 disciples en mission. Quel message pour nous, quelle invitation, quel défi en ce début de vacances scolaire ?

1°) « Allez ! Voici que je vous envoie… »

Il est clair que depuis toujours, Dieu a fait un choix extraordinaire pour sauver le monde. Il a envoyé son Fils unique, Jésus, sur terre. Il l’a envoyé pour qu’il donne sa vie, qu’il sacrifie sa vie pour le salut de l’humanité. Pour qu’il prenne sur lui notre juste condamnation à mort. Qu’il meure à notre place afin que nous ayons la vie et la vie éternelle. Dieu a fait ce choix et invite chacun à accepter cette grâce et à le remercier pour cela.

Puis Dieu a fait un autre choix extraordinaire. Celui de confier l’annonce, la transmission de cette bonne nouvelle, à ceux qui l’ont accepté. Le chrétien est tout autant bénéficiaire de l’amour de Dieu, que témoin de cet amour. Il est responsable de l’incarner et de l’annoncer au plus grand nombre. La mission ne sera certes pas facile, l’image des agneaux au milieu des loups en témoigne.

La semaine prochaine, certains parmi nous partirons en mission à La Fontanelle, à La Source, à l’UCJA, d’autres ensuite en Arménie et dans nos camps en Août. Mais où que nous soyons, nous sommes tous appelés à être témoins de l’évangile. Dieu nous donne la vie, l’Esprit Saint nous accorde des dons, des capacités, des charismes afin que nous soyons des participants à son œuvre. Que ce soit sur notre lieu de travail, notre voisinage, notre famille. Nous tous qui avons accepté Christ, nous sommes tous des « envoyés » à des degrés différents certes, mais « envoyés » tout de même. (La mission des 70 est différente de celle des 12 apôtres, qui eux ont été appelés à tout laisser pour suivre Jésus).

2°) « Le règne de Dieu est arrivé… »

Le message à transmettre est le même pour tous. Il concerne le Royaume de Dieu. Nous avons un beau message d’amour à incarner et à transmettre. Incarner veut dire vivre en cohérence avec le message. C’est-à-dire aimer, pardonner, obéir aux paroles de l’évangile. C’est-à-dire, servir, se rendre disponible pour aider, encourager, soutenir ceux qui sont éprouvés. Renoncer au mal, à la médisance, à la haine, à la vengeance. Incarner veut dire rechercher le bien de l’autre, être bienveillant. Renoncer au péché sous toutes ses formes.

Le message à incarner et à transmettre comporte aussi un aspect d’urgence, un aspect dramatique, car il concerne la vie éternelle comme la mort éternelle. Jésus l’a dit et répété, l’enfer existe, ce n’est pas une vue de l’esprit, ce n’est pas un concept dont la seule raison d’être serait de nous faire peur ; de nous contraindre à croire ! Non, c’est une réalité dramatique, scandaleuse certes, qui nous heurte, mais qui existe malheureusement ! Ce qui faisait dire à l’apôtre Paul qui comparait les chrétiens à des ambassadeurs du Christ : « nous vous en supplions, au nom de Christ, soyez réconciliés avec Dieu… » (2 Cor.5. 20). C’est un message d’urgence, d’importance capitale que nous devons transmettre. Une question de vie ou de mort ! Un message de paix et de salut. Et s’il en est parmi nous ce matin qui n’ont pas encore accepté ce message d’amour et de grâce, l’invitation est pour eux : « nous vous en supplions, au nom de Christ, soyez réconciliés avec Dieu… ».

3°) « Mais… où l’on ne vous accueillera pas… »

Et si ça ne marche pas, si l’on n’accueille pas ce témoignage, ce message, que faire ? Insister, se décourager, se culpabiliser, s’arrêter ? Non, dit Jésus : « Sortez sur les places et dites… ». Dites que le Règne de Dieu est arrivé et allez vers d’autres. Dans son ordre de mission, sa feuille de route, Jésus envisage tout à fait le rejet, l’indifférence. Ce n’est pas quelque chose qui le surprend ou le déstabilise. Il devrait en être de même pour nous. Notre mission de témoin n’a pas « obligation de résultat » ou de rentabilité. On n’est pas là dans le monde des affaires. Certes, cela ne nous dispense pas de réflexions, de remises en question, de recherche de progrès, de mieux faire, … Mais in fine, le rejet reste une probabilité à inscrire dans notre témoignage. Celui-ci ne devrait pas nous décourager, nous paralyser au point de ne plus être témoin à d’autres ! Tant de gens ont besoin d’entendre, de voir, de comprendre cette Bonne Nouvelle ! Ne nous lassons jamais de cette belle mission que le Seigneur nous a confiée.

4°) « La moisson est grande… »

Lorsque Jésus adresse ces paroles à ses disciples, il souligne le décalage entre les besoins et les moyens : « La moisson est grande, mais il y a peu d’ouvrier. Priez le maître de la moisson… ». Jésus souligne le besoin de la prière, la nécessité de la prière dans toute mission de témoignage. Généralement on cite ce verset de l’Ecriture pour encourager les vocations pastorales ou missionnaires. Mais ces paroles dépassent largement ce cadre-là. Elles s’adressent à tout chrétien. Il ne s’agit pas de prier pour que le Seigneur suscite des vocations pastorales et missionnaires seulement. Mais pour que le Seigneur suscite de véritables témoins. Qui vont témoigner dans leurs familles, leur voisinage, leurs amis, leurs lieux de travail, d’études, de loisirs même… Il ne s’agit pas de prier pour les autres seulement, mais pour nous aussi ! Priez pour que davantage de chrétiens se sentent concernés par l’immensité de la moisson et se mettent au travail ! « Sans moi, vous ne pouvez rien faire… » a dit Jésus.

« Votre cœur se réjouira… »

Que le Seigneur nous accorde cette joie. Joie du salut, joie de sa présence, joie de son amour, de sa bonté, de sa bienveillance. Joie de voir son œuvre se réaliser et d’y participer.

Soyons-en les témoins partout où nous serons en ce temps de vacances, ici ou ailleurs. Témoins avec cette espérance que « Ceux qui sèment avec larmes moissonneront avec chants d’allégresse ».

Prions pour des ouvriers, des ministères mais aussi de simples témoins pour cette grande moisson.

Pasteur Joël Mikaélian 07/07/19