Lecture : Jean 21. 1 à 14

« Enfant, n’avez-vous rien… ? Jetez le filet… »

D’une vie routinière, sans enthousiasme à une vie nouvelle, pleine d’inattendu, d’espérance et de joie. Tel pourrait être le titre de ce récit de l’évangile. L’expérience des disciples que Jean a choisi d’inscrire dans son évangile, apparaît comme une parabole de la vie. Elle pourrait être une parabole de notre vie. Une histoire qui souligne à quoi ressemble la vie sans le Christ ressuscité, et ce qu’elle peut être ou devenir avec Lui. Le contraste est frappant. Le récit de l’évangile nous met en présence de deux tableaux distincts, avec comme point de rupture, l’apparition du ressuscité. Ouvrons nos cœurs à l’Esprit Saint et laissons-nous interpeller par ce que le Seigneur veut nous dire ce matin à travers ce texte.

1°) « Je vais pêcher… nous allons avec toi… »

Quelques jours après la Pâques, alors qu’ils ont déjà vu par deux fois le ressuscité, les disciples semblent totalement désemparés. Malgré tout ce que Jésus leur a dit, malgré qu’il leur ait donné son Esprit, une mission précise de témoins, eux retournent à leurs anciennes occupations. L’ambiance semble plutôt morose ; une morosité communicative. Le : « Je vais pêcher… » Suivi du : « nous allons avec toi… » en témoigne. Il n’y en a pas un qui réagit autrement. La vie routinière reprend ses droits. On a l’impression que tout est oublié. Oublié Jésus, oublié la mission, oublié les promesses…

Ainsi va la vie pour nous aussi souvent. Une vie routinière, faite de succession de jours, pas toujours joyeuse, monotone parfois au gré du temps. Comme un retour de vacances… Ainsi va la vie parfois. Pour ceux qui n’ont jamais fait l’expérience de la foi, de la nouvelle naissance, du baptême qui en témoigne, la vie se limite et se limitera toujours à « je vais pêcher… je vais travailler… je vais… à mes occupations… ». Et pas grand-chose de plus.

Ainsi va la vie aussi parfois pour nous chrétiens, qui croyons fermement que le Christ est ressuscité, qu’il nous a sauvé, qu’il nous aime, qu’il nous a donné son Esprit, qu’il est avec nous, à nos côtés… Notre vie chrétienne ressemble aussi parfois à ce : « je vais pêcher… ». Avec nos frères et sœurs qui reprennent en chœur « nous allons avec toi… ». Il arrive parfois que dans l’église, nous inversons l’exhortation de l’épître aux hébreux : « Encourageons-nous… ! » (Héb. 10. 25), pas par un : « décourageons-nous ! ».

2°) « Eh, les enfants, n’avez-vous rien à manger… ? »

C’est ainsi que Jésus interpelle ses disciples ce jour-là. C’est ainsi qu’il nous interpelle chaque jour, comme ce matin. « Eh, les enfants, tout va bien ? Vous avez ce qu’il vous faut ? ». « Non » répondent les disciples. Rien de grave direz-vous, ce n’est peut-être pas la première fois qu’ils rentrent bredouilles ! Ils pourraient dire, et Jésus pourrait leur dire aussi : « Ce n’est pas grave, ça ira mieux demain ». C’est souvent ainsi que l’on s’en sort face à des questions gênantes, qui pointent nos échecs. Mais le problème, c’est que bien souvent, le « demain » nous prive de « l’aujourd’hui » que le Seigneur veut nous donner. Heureusement, Jésus n’en reste pas à la question ni au constat. Il veut bénir ses disciples comme il veut nous bénir, nous montrer sa bonté et sa puissance. Pour nous, « l’aujourd’hui » qu’il veut nous donner n’est peut-être pas quelques poissons. Ce peut être bien plus que cela : le salut, une vie nouvelle, une paix nouvelle, le pardon de toutes nos fautes. « L’aujourd’hui » de Dieu peut être la joie de sa présence dans nos vies. Une conscience nouvelle de son amour, une promesse : « Je t’aime d’un amour éternel… c’est pourquoi je te conserve ma bonté ». Ce peut être l’assurance dont on a besoin aujourd’hui : « Ne crains pas, je suis avec toi…ne promène pas des regards inquiets… je suis ton Dieu… ». « L’aujourd’hui » de Dieu peut être aussi une invitation : « Venez à moi vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos… ». Ou encore : « Repentez-vous et que chacun se fasse baptiser pour le pardon de vos péchés et vous recevrez le don du Saint Esprit » (Act. 2. 38). Mais aussi « Allez, faites des nations des disciples… » ; « Aimez-vous les uns les autres… pardonnez… encouragez-vous… servez le Seigneur… »

« Tout va bien ? » N’hésitons pas à répondre honnêtement au Seigneur, à dire, à exprimer la situation dans laquelle nous sommes. Dire nos routines, nos lassitudes, nos fatigues, nos craintes, nos déceptions, nos attentes, nos espoirs, … ne nous contentons pas de dire « non, mais ça ira peut-être mieux demain ». Que demain ne nous prive pas de « l’aujourd’hui » que Dieu veut nous donner.

3°) « Jetez le filet… ils le jetèrent… »

C’est l’obéissance au Seigneur qui déclenche tout. C’est par l’obéissance que la puissance de Dieu opère des miracles, transforme des vies, des situations. Ce récit de l’évangile en témoigne. Jésus ne demande pas l’impossible à ses disciples. Il leur demande simplement de faire ce qu’ils savent faire, ce qu’ils peuvent faire. L’impossible, c’est lui qui le fait.

Il en va ainsi dans nos vies aussi. L’obéissance à Dieu déclenche des choses inattendues dans la vie de ceux qui croient. « Jeter le filet… », c’est peut-être pour nous ce matin, croire, ouvrir son cœur au Seigneur, faire l’expérience de la nouvelle naissance ; c’est peut-être demander le baptême ; s’engager dans l’église, participer davantage, … C’est peut-être croire, s’approprier les promesses de Dieu, faire acte de foi qu’il est vivant, qu’il nous aime, qu’il prend soin de nous et qu’il le fera toujours car il est fidèle… C’est peut-être pardonner à celui ou celle qui m’a blessé, se réconcilier, encourager, aider, soutenir, prier… « Jette ton filet aujourd’hui… » et regarde ce qui peut se passer.

« C’est le Seigneur ! » Que nous puissions tous le crier ce matin, le réaliser, être remplis de joie, d’enthousiasme, d’espérance… Passer de la tristesse à la joie, de la routine à la vie, de la déception au contentement, de la tiédeur au bouillonnement, de l’inquiétude à la confiance. Passer de nos impossibles aux possibles que Dieu peut faire. De nos vies sans le ressuscité, à une vie avec le ressuscité ! Vivre la joie de sa présence, là ce matin, ici… « Jette ton filet… »

Et puis, ce n’est pas tout, il n’y a pas qu’une pêche miraculeuse dans ce récit. Il n’y a pas que quelques poissons, même si le nombre est impressionnant ! Il y a le Seigneur vivant… et une « cerise sur le gâteau », une invitation « Venez déjeuner… ». Le repas est prêt ! C’est ce que le Seigneur nous dira un jour, au dernier jour et pour toujours « Venez, tout est déjà prêt ».

Conclusion :

« Enfant, n’avez-vous rien… ? Jetez le filet… »

Prenons le risque de la sincérité, de l’aveu, le courage de l’obéissance au Seigneur, et attendons-nous à de belles choses de sa part. Ayons foi en ses promesses, en sa bonté, en son amour aujourd’hui, demain et toujours.

Pasteur Joël Mikaélian

05/05/2019